L'Initiative Aide pour le commerce de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) vise à connecter les pays en développement au système commercial mondial d'une manière durable. Pour les pays les plus pauvres du monde – dans lesquels le commerce est essentiel au développement économique –, cette initiative peut contribuer très efficacement à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU.
L'Examen global de l'Aide pour le commerce, qui a lieu tous les deux ans, se tient cette semaine, du 3 au 5 juillet, à l'OMC sous le thème "Soutenir la diversification et l'autonomisation économiques". L'Aide pour le commerce représente environ 30% de l'aide publique au développement en faveur des pays en développement (soit 40 milliards de dollars par an). En 2017, les engagements en faveur des pays les moins avancés (PMA) ont atteint 18,8 milliards de dollars, soit trois fois plus qu'en 2005.
Bien que des progrès aient été faits, 35 des 47 PMA n'affichent pour l'instant aucune des valeurs de seuil à atteindre pour sortir de la catégorie des PMA. Ces valeurs sont fondées sur trois critères nationaux: le revenu par habitant, l'indice du capital humain et l'indice de vulnérabilité économique.
La part des PMA dans le commerce mondial est inférieure à 1% et plus de la moitié de cette part est répartie entre trois pays sortant de la catégorie des PMA, à savoir l'Angola, le Bangladesh et le Myanmar. En outre, les exportations de ces pays sont concentrées sur un ensemble restreint de produits à faible valeur ajoutée, composé à 60% de produits primaires – issus notamment de l'agriculture, de la pêche et des industries extractives. Ce manque de diversification peut accroître la vulnérabilité aux chocs extérieurs et compromettre les perspectives de développement à long terme.
Conformément à la vision plus large énoncée dans le Programme de développement durable à l'horizon 2030, la communauté internationale s'est engagée à "accroître nettement les exportations des pays en développement, en particulier en vue de doubler la part des pays les moins avancés dans les exportations mondiales d'ici à 2020". Cet objectif ne sera certes pas atteint, mais l'Aide pour le commerce reste un outil important pour l'intégration durable des PMA dans l'économie mondiale.
On trouvera ci après cinq questions transversales à examiner, tirées des principales conclusions d'une série d'articles sur l'Aide pour le commerce et les PMA élaborée par le Cadre intégré renforcé en vue de l'Examen global de cette année.
1. La coopération internationale en matière de commerce et d'investissement est importante pour les populations pauvres du monde
La coopération internationale reste essentielle pour garantir un système commercial prévisible et fondé sur des règles dans le cadre duquel les pays pauvres peuvent exploiter les possibilités commerciales, créer des emplois et réduire la pauvreté. Les tensions commerciales croissantes qui existent actuellement entre les grands pays créent de l'incertitude, compromettent le système multilatéral et risquent de détériorer les perspectives de développement des économies vulnérables.
2. Les nouveaux modèles économiques soulèvent des questions importantes pour les pays ayant un retard de développement
L'expansion des chaînes de valeur mondiales n'est qu'une forme d'interdépendance économique qui a des implications pour les PMA. L'importance croissante des actifs incorporels fondés sur le savoir et l'essor inexorable d'une économie numérique alimentée par les données offrent des possibilités de convergence, mais posent aussi des défis considérables pour les pays pauvres et leurs populations.
Quels types de stratégies les pays ayant un retard de développement devraient ils envisager pour stimuler la diversification économique – en cherchant à exploiter de nouvelles possibilités dans le secteur manufacturier ou celui des services, par exemple – et maximiser les gains potentiels découlant de l'intégration?
Comment les avantages des données et de l'intelligence artificielle peuvent ils être exploités de manière équitable pour répondre aux besoins de la transformation numérique en faveur du développement des PMA? Il s'agit-là de certaines des questions qui auront une place importante dans les futurs programmes d'Aide pour le commerce.
3. Les compétences et l'éducation sont encore plus importantes pour une participation réussie à l'économie mondiale
En 2017, plus de 60% des engagements au titre de l'Aide pour le commerce en faveur des PMA (soit 11,7 milliards de dollars) étaient destinés au soutien à l'infrastructure économique (routes, ports, télécommunications et énergie).
Les compétences et, plus généralement, l'éducation contribuent aussi à renforcer la résilience des économies et à faire en sorte que les entreprises nationales et la main d'œuvre locale puissent tirer parti de la participation à l'économie mondiale.
Alors que la population totale des PMA devrait augmenter de près de 40% entre 2015 et 2030, les stratégies de développement des compétences dans des secteurs marchands tels que l'agriculture seront essentielles pour stimuler la compétitivité et élaborer des politiques commerciales axées sur l'exportation.
4. Le potentiel d'inclusion du commerce dans les PMA peut être renforcé
L'éducation peut aider à surmonter les obstacles qui limitent les capacités individuelles et l'accès aux possibilités. On peut toutefois faire davantage pour aider les communautés qui en ont le plus besoin, à savoir les populations des PMA fragiles et touchés par des conflits.
Un moyen possible de remédier à des inégalités souvent profondément ancrées consiste à renforcer le soutien axé sur l'égalité hommes-femmes afin de contribuer à l'autonomisation économique des femmes qui vivent dans la pauvreté. La part de l'Aide pour le commerce en faveur des PMA destinée aux femmes dans le soutien total est passée de 17% à 40%, l'un des défis consistant à établir des systèmes de suivi et d'évaluation, avec des données et des indicateurs qui permettent d'évaluer de manière adéquate l'impact à long terme sur les femmes et le développement de ces programmes.
5. L'impact du commerce sur l'environnement dans les PMA peut être amélioré
Les PMA sont extrêmement vulnérables aux effets du changement climatique et de la dégradation de l'environnement – qui menacent les progrès accomplis ces dernières décennies en matière de réduction de la pauvreté. Dans l'ensemble, le commerce a des effets contradictoires sur l'environnement, et les pays pauvres ne font pas exception.
L'Aide pour le commerce peut être un moyen de mettre en œuvre des stratégies de développement durable reposant sur des principes environnementaux solides. Cela inclut l'adoption de normes sectorielles en matière de durabilité, la promotion d'une infrastructure résiliente au climat, la fourniture de services écosystémiques par le reboisement, l'encouragement de pratiques agricoles durables et la transition vers des énergies propres et abordables. La discussion sur les subventions à la pêche est un exemple montrant que l'Aide pour le commerce peut aider les PMA à reconcevoir leurs programmes de subventions et à mettre en œuvre un futur accord multilatéral destiné à contribuer à la durabilité des océans.
Dans le cadre d'un effort concerté de la communauté internationale et en coopération avec les gouvernements nationaux, la société civile et le secteur privé, l'examen de ces cinq questions mettrait l'Aide pour le commerce au service d'une économie mondiale durable qui permettrait aux pays les plus pauvres et à leurs populations de prospérer.
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Initialement publié le 4 juillet 2019 dans le cadre du Programme du Forum économique mondial.
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