PRINCIPAUX RÉSULTATS
- Le Ministère du commerce mobilise activement diverses contributions gouvernementales pour le commerce. Le Mali figure d'ailleurs parmi les pays les moins avancés (PMA) où les contributions publiques au Cadre intégré renforcé (CIR) sont les plus importantes.
- Le soutien du CIR pour les capacités de production au Mali a contribué à financer trois secteurs: mangue, gomme arabique et karité. Cette démarche a été particulièrement fructueuse pour les filières de la gomme arabique et du karité car, avant la collaboration du CIR avec le gouvernement malien, il n'y avait pas d'associations nationales dans ces filières. Le CIR a fourni une assistance technique pour l'établissement d'une association interprofessionnelle nationale concernant tous les niveaux de la chaîne de valeur du karité, et a contribué à pérenniser ses activités.
Le Mali, vaste pays africain avec des terres arides représentant 60% de la superficie et une population de près de 25 millions d'habitants, est confronté notamment à la désertification, à un manque de sécurité, à l'instabilité politique et à l'insécurité alimentaire. Néanmoins, le pays s'est emparé des possibilités offertes pour relever certains de ces défis en investissant dans le potentiel commercial des produits agricoles cultivés, récoltés et transformés par certaines de ses communautés les plus pauvres.
Le Mali a établi un partenariat au titre de l'Aide pour le commerce avec le prédécesseur du CIR, le Cadre intégré, en 2003. Il a commencé à élaborer une feuille de route pour un commerce favorable aux populations pauvres, qui a abouti à un cadre, l'Étude diagnostique sur l'intégration du commerce (ÉDIC), mise à jour en 2015, et à l'établissement de l'Unité nationale de mise en œuvre (UNMO) en 2007.
Dans le cadre de ce partenariat, le Mali est parvenu à de nombreuses réalisations, y compris l'intégration du commerce favorable aux populations pauvres dans plusieurs politiques et stratégies. Il a renforcé les capacités des petits exploitants dans plusieurs secteurs prioritaires, en particulier la production de gomme arabique, de karité et de mangues, et est désormais mieux à même de mobiliser un financement auprès d'autres acteurs. Le volume de ses propres contributions financières témoigne de son appropriation et son engagement vis-à-vis d'un commerce durable au service du développement.
S'appuyer sur les engagements au titre de l'Aide pour le commerce
L'appropriation par le gouvernement malien du programme du CIR se distingue parmi les meilleurs exemples de cofinancement. Le Ministère du commerce a fait preuve d'une capacité remarquable à mobiliser des contributions publiques pour le commerce, positionnant le Mali comme premier pays en termes de contributions gouvernementales au CIR, avec jusqu'à présent plus de 11 millions d'USD en financement de contrepartie pour un soutien total du CIR de 7,2 millions d'USD.
Ce niveau élevé d'engagement témoigne de la volonté du Mali d'intégrer pleinement le commerce dans son programme national de développement. Depuis la création du CIR, le gouvernement malien a toujours été la principale entité de mise en œuvre pour toutes les phases des projets, la seule exception étant la mise à jour de l'ÉDIC, qui a été conduite par ONU commerce et développement (CNUCED).
Valoriser le commerce pour des changements systémiques
Grâce au soutien du programme du CIR, le commerce occupe désormais une place plus importante dans les stratégies et politiques nationales de développement du pays. Par exemple, son rôle a été renforcé dans le Cadre stratégique pour la reprise économique et le développement durable (CREDD 2019-2023). Le commerce a aussi été introduit en tant que composante spécifique dans huit stratégies nationales distinctes: la Stratégie de lutte contre la pauvreté (2012-2016), la Stratégie nationale de développement (2016-2018), ainsi que des stratégies concernant l'agriculture, l'environnement, le développement industriel, le développement des entreprises, le transport et la qualité, et la sécurité sanitaire des produits alimentaires. Cette démarche garantira à l'avenir l'intégration du commerce dans tous les secteurs.
Par ailleurs, toutes les missions diplomatiques du Mali incluent désormais un volet commercial dans leur communication lors des différents foires et forums.
Selon Dansiné Coulibaly, Coordonnateur de l'UNMO:
Accroître les revenus des agriculteurs, autonomiser les femmes, valoriser l'environnement
Le soutien du CIR était axé sur le renforcement des efforts déployés par le Mali pour développer les secteurs du karité, de la gomme arabique et de la mangue, ouvrant ainsi de nouvelles possibilités pour le développement économique et l'autonomisation des communautés.
Le projet concernant la gomme arabique a rencontré un succès remarquable s'agissant d'accroître les revenus des producteurs, des collecteurs et des exportateurs dans six régions du Mali. Utilisée principalement dans l'industrie alimentaire comme stabilisateur, ainsi que pour l'imprimerie, les peintures ou encore les cosmétiques, la gomme arabique provenant des acacias assure des revenus à plus de 350 000 producteurs, dont la plupart sont des femmes et des jeunes. Avec un budget global de 6,68 millions d'USD, dont 3,62 millions d'USD de financement du CIR, le projet s'est traduit par une augmentation notable des exportations, qui sont passées d'environ 5 000 tonnes métriques en 2016 à près de 12 000 tonnes métriques en 2020. Un autre résultat frappant a été l'augmentation du prix de la gomme arabique de haute qualité: avant le projet, le prix par kilogramme était d'environ 300 FCFA, et à la fin il avait atteint 1 000 FCFA, soit plus du triple. Cette envolée, associée aux activités de sensibilisation dans le cadre du projet, a suscité un véritable enthousiasme pour la production de gomme arabique dans les communautés locales.
Outre la revalorisation des acacias dont est extraite la gomme arabique, le projet comportait une formation à la collecte et à la commercialisation, l'achat d'équipements et la facilitation de la participation des exportateurs maliens aux foires commerciales internationales. Il comportait aussi la mise en place d'un fonds de garantie d'une valeur de 424 millions de FCFA (environ 678 000 USD) pour faciliter les prêts aux différents intervenants du secteur. Il existe aujourd'hui plus de 180 Sociétés Coopératives (SCOOP) et plus de 30 Unions de SCOOP qui défendent les intérêts des producteurs, collecteurs et exportateurs pour le développement de la filière gomme arabique.
Ce projet respectueux de l'environnement et du climat a reçu 40 000 USD supplémentaires du gouvernement. Non seulement la plantation d'acacias accroît les revenus, mais elle contribue aussi à l'Initiative "Grande muraille verte" de l'Union africaine, qui vise à arrêter l'avancée du désert au Sahel: il s'agit de restaurer 100 millions d'hectares de terres dégradées, de séquestrer 250 millions de tonnes de carbone et de créer 10 millions d'emplois verts d'ici à 2030. Le Mali, dans le cadre du projet gomme arabique, a illustré une meilleure gestion des forêts tout au long du projet, y compris la réhabilitation de deux pépinières couvrant 10 000 hectares. Des activités d'information et de formation concernant la protection de la gomme arabique ont permis de sensibiliser les pasteurs nomades qui se livraient à des coupes abusives d'acacias pour nourrir leur bétail.
M. Coulibaly met en lumière un impact social inattendu:
Les résultats sont tout aussi impressionnants dans les secteurs du karité et de la mangue.
Les exportations de beurre de karité transformé, principalement produit par des entreprises dirigées par des femmes, sont passées de 310 tonnes en 2020 à un peu plus de 3 800 tonnes en 2022. Le karité est cultivé non seulement pour le beurre, qui est extrait de la noix et largement utilisé dans des produits alimentaires et cosmétiques, mais également pour la chair des fruits, à forte valeur nutritionnelle, utilisée pour la consommation humaine et comme précieux fourrage pour le bétail. En outre, les arbres à karité sont essentiels pour la lutte contre la désertification, ce qui leur confère un rôle environnemental majeur.
Outre le projet soutenu par le CIR, le Mali bénéficie d'un projet régional mené par l'Alliance mondiale du karité (GSA) en partenariat avec le CIR et l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Ce projet concerne aussi le Bénin, le Burkina Faso et le Togo. Ces quatre pays d'Afrique de l'Ouest représentent ensemble 61% des exportations mondiales de karité.
Les exportations de mangue sont passées de 10 000 tonnes en 2020 à un peu plus de 27 000 tonnes en 2021, et ce malgré les difficultés liées à la pandémie de COVID-19. Le soutien à cette filière a été axé sur la formation, la mise en place d'un système de gestion de la qualité, le traitement des vergers, la certification et le développement des marchés.
S'organiser pour mieux réussir
Compte tenu de la forte demande internationale de karité, le gouvernement malien a utilisé en priorité le financement du CIR pour le développement et le soutien d'une association nationale des acteurs de la filière (producteurs, transformateurs et commerçants/exportateurs), visant à fournir un appui à tous les niveaux de la chaîne de valeur. L'objectif est d'accroître les revenus dans ce secteur principalement féminin, d'informer et de soutenir les activités de formation.
L'association nationale a été créée début 2023 à l'occasion d'un rassemblement des représentants de producteurs de six régions, ainsi que du Ministère de la promotion des femmes, des enfants et de la famille, dans le cadre du projet d'autonomisation économique des femmes dans la filière karité soutenu par la Banque africaine de développement, du Programme pour la compétitivité de l'Afrique de l'Ouest (PACAO-Mali), du secteur privé, d'organisations non gouvernementales (ONG) et d'autres parties prenantes. Avant la collaboration du CIR avec le gouvernement malien, il n'y avait pas d'association nationale dans le secteur du karité.
Des recherches indiquent que les femmes qui travaillent collectivement peuvent obtenir des produits de meilleure qualité et sont plus productives, qu'elles tirent plus de revenus de la vente de leurs produits et qu'elles ont plus facilement accès au financement et une meilleure maîtrise de son utilisation. Les associations sont aussi importantes pour faire reconnaître davantage les femmes en tant qu'acteurs économiques.
Montrer la voie de la durabilité et des changements systémiques
Le Mali offre une leçon de durabilité et de changements systémiques aux autres PMA sur la voie d'un commerce favorable aux populations pauvres. Ses efforts pour cibler des communautés parmi les plus démunies pour la production destinée à l'exportation portent leurs fruits. Les résultats sont inclusifs, globaux, et bénéfiques non seulement pour un large éventail de parties prenantes - petits agriculteurs, transformateurs et exportateurs - mais aussi pour la protection d'un environnement fragile et l'organisation collective des productrices et des entrepreneuses.
Le bilan est d'autant plus positif si l'on considère que le gouvernement a augmenté sa capacité de mobiliser un soutien auprès d'autres partenaires de financement et d'ONG afin d'élargir et de soutenir ses ambitions.
_ _ _
Alors que la deuxième phase du Cadre intégré renforcé (CIR) touche à sa fin en 2024, l'objectif est de produire un catalogue de récits d'impact mettant en lumière les efforts du partenariat du CIR dans les pays les moins avancés (PMA) et les PMA récemment reclassés où il s'est activement investi. Le présent récit d'impact constitue l'un des récits du catalogue. Il a bénéficié de la contribution et des commentaires essentiels de la part des Unités nationales de mise en œuvre du CIR (UNMO) basées dans les pays et de l'ensemble de l'équipe du CIR.
L'objectif premier de chaque récit d'impact, ainsi que de l'ensemble du catalogue, est d'adopter une approche journalistique en relatant l'implication du CIR dans les PMA au cours de la Phase Une et Deux. Le but est de fournir des informations pertinentes et de documenter les résultats et les impacts, ainsi que certains enseignements tirés du travail du partenariat du CIR dans les PMA. Ces récits ne fournissent pas une vue d'ensemble de tous les aspects de l'implication du partenariat du CIR, tels que les calendriers précis ou l'étendue exacte de la participation (c'est-à-dire les contributions financières). Ils constituent plutôt un moyen d'information parmi d'autres sur le travail du partenariat du CIR. Les lecteurs intéressés sont encouragés à compléter ces récits d'impact en consultant d'autres sources, notamment les Rapports annuels du CIR, les articles des Nouvelles de l'Aide pour le commerce, les canaux de réseaux sociaux du CIR et, le cas échéant, les UNMO dans les PMA ainsi que le Secrétariat exécutif du CIR.
Il est essentiel de reconnaître que les informations fournies ne sont ni exhaustives (par exemple, elles sont basées sur les dernières données disponibles au moment de la rédaction en 2023) ni de nature évaluative.
Enfin, bien que chaque récit d'impact adhère à une structure similaire, la diversité des pays, des contextes et des implications du CIR signifie que chaque histoire est unique.
If you would like to reuse any material published here, please let us know by sending an email to EIF Communications: eifcommunications@wto.org.