25 juin 2019

Renforcer la prise en considération de la parité hommes femmes dans l'Aide pour le commerce en faveur des pays les moins avancés

by Marianne Musumeci Kaori Miyamoto / in Nouvelles
  • L'Aide pour le commerce peut soutenir l'autonomisation économique des femmes, qui est essentielle au développement durable.

  • L'Aide pour le commerce tenant compte de la parité hommes‑femmes dans les pays les moins avancés (PMA) est en augmentation et est proportionnellement élevée dans l'agriculture mais faible dans l'infrastructure.

  • Il existe de nombreux exemples concluants d'interventions liées à l'Aide pour le commerce tenant compte de la parité hommes‑femmes dans les PMA, mais les systèmes de suivi et d'évaluation dotés d'indicateurs adéquats pour évaluer leur impact sont encore insuffisants.

L'autonomisation économique des femmes a été reconnue comme l'un des principaux moteurs du développement durable. Lorsque les femmes ont plus de contrôle sur les ressources du ménage, cela se traduit par un investissement accru dans la santé et l'éducation de la famille. En outre, cela entraîne des niveaux de croissance plus élevés et plus durables, ce qui est extrêmement important pour les pays les moins avancés (PMA). Dans ce contexte, deux objectifs de développement durable concernent l'autonomisation économique des femmes – l'objectif 5 sur l'égalité des sexes et l'objectif 8 sur le travail décent et la croissance économique.

Dans le même temps, les femmes continuent de se heurter à des obstacles en matière d'emploi et ont souvent moins facilement accès que les hommes à la terre, aux finances, aux machines et aux technologies, ce qui contribue aux écarts de revenu et de productivité entre les hommes et les femmes. En outre, si les femmes peuvent potentiellement bénéficier d'un renforcement du commerce, une attention particulière doit être accordée aux effets négatifs de la libéralisation du commerce. Par exemple, la production de vêtements destinés à l'exportation a créé des emplois et des revenus pour les femmes dans les pays à faible revenu, mais la concurrence internationale féroce a également favorisé la création d'emplois de piètre qualité.

L'Aide pour le commerce peut contribuer à améliorer les possibilités offertes aux femmes de participer aux activités d'exportation et d'importation – notamment par le biais des micro, petites et moyennes entreprises – et contribuer ainsi à leur autonomisation économique. Cet appui tenant compte de la parité hommes‑femmes peut également favoriser l'élimination des obstacles au commerce et contribuer à empêcher que les femmes ne subissent un impact négatif lorsqu'elles sont employées dans des activités d'exportation – mauvaises conditions de travail et bas salaires, par exemple – par l'établissement de normes et la formation.

L'Aide pour le commerce tenant compte de la parité hommes‑femmes est en augmentation mais reste globalement faible

L'Aide pour le commerce tenant compte de la parité hommes‑femmes engagée par les donateurs bilatéraux en faveur des PMA est passée de 921 millions de dollars EU en 2006‑2007 à 3,7 milliards de dollars EU en 2016‑2017, soit une augmentation de 17% à 40% de l'aide totale pour le commerce. Ces montants et parts relatives sont très différents selon les secteurs. En 2016‑2017, le secteur où le montant de l'Aide pour le commerce tenant compte de la parité hommes‑femmes a été le plus élevé était l'agriculture, avec 1,7 milliard de dollars EU, suivi du transport, avec 1 milliard de dollars EU, et de l'énergie, avec 441 millions de dollars EU.

Aide pour le commerce en faveur des PMA destinée aux femmes, 2006‑2017

Source: Système de notification des pays créanciers du CAD de l'OCDE: Activités d'aide (consulté le 25 janvier 2019)

Note: Les données se réfèrent à l'aide publique au développement et aux autres flux officiels; seuls les membres du Comité d'aide au développement sont concernés pour des raisons liées à la disponibilité des données.

 

Si l'on examine la part de l'aide destinée aux femmes dans le total des engagements au titre de l'Aide pour le commerce dans différents secteurs des PMA, l'agriculture venait aussi en tête en 2016‑2017, avec 71%, suivie des politiques commerciales avec 48%. Par contre, la part de l'aide tenant compte de la parité hommes‑femmesdans les secteurs des infrastructures n'était que de 33% dans les transports, 20% dans l'énergie et 5% dans les communications.

En termes de pays bénéficiaires, la majorité des PMA dont la part de l'Aide pour le commerce tenant compte de la parité hommes‑femmes était la plus élevée en 2016‑2017 étaient situés en Afrique – variant considérablement entre 88% au Yémen et 41% au Rwanda. Étant donné que 60% de l'Aide pour le commerce totale destinée aux PMA ne tient pas compte de la parité hommes‑femmes, il y a encore beaucoup à faire.

 

PMA dont la part de l'Aide pour le commerce tenant compte de la parité hommes‑femmes est la plus élevée, 2016‑2017

Pays

Part de l'Aide pour le commerce tenant compte de la parité hommes‑femmes (%)

 1) Yémen

88

 2) Érythrée

70

 3) Haïti

60

 4) Îles Salomon

60

 5) Tuvalu

55

 6) Somalie

55

 7) Soudan du Sud

52

 8) Sao Tomé‑et‑Principe

49

 9) Népal

48

10) Rwanda

41

Source: Système de notification des pays créanciers du CAD de l'OCDE: Activités d'aide (consulté le 25 janvier 2019).

Bonnes pratiques pour promouvoir l'autonomisation économique des femmes dans les PMA

Il existe de nombreux exemples de donateurs qui intègrent une perspective de genre dans l'Aide pour le commerce. De nombreux projets prévoient la formation des femmes, soit en tant que responsables de l'élaboration des politiques soit en tant que bénéficiaires de projets pour le renforcement des activités génératrices de revenus. Il existe souvent des objectifs ou des quotas pour garantir qu'une proportion suffisante de stagiaires ou de travailleurs issus de la main‑d'œuvre nationale sont des femmes. D'autres formes d'appui comprennent des études et l'élaboration de projets visant à intégrer une perspective de genre dans des domaines particuliers d'intervention ou d'activité.

Le Canada, par exemple, appuie le Burkina Faso dans le domaine de l'électrification rurale, notamment par la promotion de l'énergie solaire, ainsi que le développement d'entreprises connexes pour les femmes. L'installation de panneaux photovoltaïques permettra d'augmenter la production, la transformation et le stockage des oignons, poulets et poissons, qui sont des activités économiques importantes dans la région. Le projet devrait profiter à 40 000 personnes, en particulier des femmes, grâce à la participation de groupes de femmes.

Un autre exemple est l'assistance fournie par la Banque mondiale à la République démocratique populaire lao pour faciliter le commerce en contribuant à simplifier la réglementation commerciale et à améliorer la compétitivité des entreprises. Plus précisément, le projet a appuyé la prestation de services consultatifs gratuits aux entreprises, y compris des entreprises dirigées par des femmes, et l'introduction d'ordinateurs dans les bureaux des provinces pour faciliter la présentation des documents et leur enregistrement. Les résultats doivent être mesurés par l'augmentation du nombre de licences d'exploitation dans les secteurs d'intérêt pour les femmes et la diminution du nombre de procédures pour les entreprises qui ont été créées par des femmes.

Un autre exemple qui mérite d'être souligné est un projet conjoint de l'USAID et de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) en Afghanistan axé spécifiquement sur les femmes travaillant dans la chaîne de valeur avicole. Le projet vise à augmenter leurs revenus par le biais d'une formation technique intensive sur l'élevage des volailles et la vaccination, ainsi que par des intrants durables tels que les aliments pour animaux et les médicaments, et par la mise en place d'un réseau de commercialisation pour les femmes, qui relie les aviculteurs des villages aux marchés urbains. Après 2 ans, le projet avait formé plus de 21 000 femmes à la gestion avicole et organisé 850 groupes de producteurs, ce qui a permis à plus de 15 000 productrices d'augmenter leur revenu familial .

Perspectives d'avenir

Bien qu'il existe de nombreux exemples positifs d'interventions comme celles décrites ci‑dessus, les donateurs manquent encore souvent de systèmes de suivi et d'évaluation dotés d'indicateurs adéquats pour évaluer l'impact. De tels systèmes de suivi axés sur les résultats aideraient à déterminer ce qui fonctionne – et ce qui ne fonctionne pas – pour obtenir des résultats durables à long terme en ce qui concerne l'autonomisation économique des femmes. Les donateurs bénéficieraient également d'une communication plus large des impacts et des résultats pour leur permettre de reproduire les bonnes pratiques et d'améliorer la programmation dans le but de renforcer la prise en considération de la parité hommes‑femmes dans l'Aide pour le commerce.

 

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* Marianne Musumeci est conseillère de recherche et spécialiste des politiques à l'OCDE. Kaori Miyamoto est analyste principale des politiques à l'OCDE.

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Cette série a été financée par le gouvernement australien par l'intermédiaire du Département des affaires étrangères et du commerce. Les opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles du gouvernement australien.

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