Le pays se lance dans une nouvelle stratégie touristique dans le cadre de l'édification de son secteur commercial |
Quand on pense aux hauts lieux du tourisme, le Burundi n'est pas le premier qui vient à l'esprit. Mais, cela ne veut pas dire qu'il ne pourrait pas y arriver.
Aujourd'hui, le tourisme est un sujet délicat, bien sûr, avec la pandémie qui a provoqué l'arrêt du secteur, et la perte d'emplois et de revenus pour des millions de personnes à travers le monde. Mais pour le Burundi, le tourisme a contribué au PIB à hauteur de 3,5% seulement en 2019, et le secteur reste largement sous‑développé si l'on considère ses paysages naturels généreux et la richesse de sa faune et de sa flore.
"On observe une mauvaise qualité des infrastructures de base, une qualification insuffisante des professionnels de la chaîne touristique, un manque d'incitations à l'investissement dans le secteur, une méconnaissance par les partenaires des avantages du tourisme et une faible structuration du secteur", a déclaré Leopold Bizindavyi, responsable du suivi et de l'évaluation du Cadre intégré renforcé (CIR) au Burundi.
Il a ajouté: "Il y a un manque de vision permettant de voir le tourisme comme un moteur de développement pour l'avenir du pays."
C'est avec ce potentiel à l'esprit que le pays tente de développer une stratégie touristique en même temps qu'il procède à une analyse plus générale du commerce du pays appelée "Étude diagnostique sur l'intégration du commerce" (EDIC). Cette recherche et cette analyse sont produites dans le cadre du classement du pays dans la catégorie des pays les moins avancés (PMA), ce qui lui permet de bénéficier d'une aide commerciale ciblée de la part du CIR, qui soutient ces études.
"L'importance de l'analyse est fondamentale. Le CIR soutient les études commerciales comme l'EDIC et d'autres évaluations sectorielles pour aider à orienter l'action et à créer des solutions", a déclaré M. Donelan.
L'après‑conflit
Depuis un demi‑siècle environ, le Burundi a acquis son indépendance après la colonisation et a connu des épisodes de conflits ethniques et politiques. L'économie du pays a donc été mise à mal, 80% de la population rurale, majoritairement pauvre, dépendant du secteur agricole.
"Avant le conflit de 2015, le pays commençait lentement à se remettre sur pied et à connaître une croissance plus positive de son PIB, ainsi qu'un retour des touristes. Il était en transition vers un scénario de développement post‑conflit, et son niveau de tourisme avait atteint environ 300 000 visiteurs par an", a déclaré Peter Donelan, coordonnateur du CIR pour le Burundi.
Depuis 2015, le pays enclavé se reconstruit et les touristes reviennent lentement.
"Le tourisme ne représente que 1,26% des exportations du Burundi selon la Banque mondiale. Mais le pourcentage correspondant est de 31% pour le Rwanda et de 26% pour la Tanzanie. Il y a donc un énorme potentiel d'expansion, et un énorme potentiel aussi pour attirer les investissements", a déclaré M. Donelan.
L'Office national du tourisme du pays a constaté une reprise de l'activité dans les hôtels qui avaient souffert depuis 2015, ainsi qu'un afflux de gens d'affaires. Il a établi une liste d'objectifs pour le développement du tourisme jusqu'en 2027, qui prévoit notamment de se concentrer sur le tourisme d'affaires, culturel et sportif, et qui vise les hôtels, restaurants, voyagistes et guides.
Adaptation
"Le Burundi a des avantages comparatifs. Nous avons des paysages variés. Nous avons le lac Tanganyika où l'on peut pratiquer des sports nautiques, la pêche, la plongée sous‑marine et le tourisme de croisière qui permet de voir les rivages de la République démocratique du Congo, de la Tanzanie et de la Zambie. Ensuite, il y a la randonnée, les sites culturels historiques, les chutes de Karera", a déclaré M. Bizindavyi.
Avec la stratégie touristique à venir, on espère que des investissements supplémentaires viendront répondre aux différents besoins du pays pour ce qui est d'attirer les vacanciers et de mettre en valeur les sites. Mais un bon plan nécessite aussi des capacités de mise en œuvre.
"Beaucoup d'efforts sont nécessaires pour sensibiliser les investisseurs nationaux et internationaux. Par conséquent, il est nécessaire de disposer de ressources humaines, matérielles et financières suffisantes pour les études de faisabilité visant à identifier et à protéger les sites. Il y a d'autres domaines où une formation est nécessaire", a déclaré Jean Claude Clovis Bahati, qui travaille dans la planification et la gestion des sites touristiques à l'Office national du tourisme.
Le besoin de ressources est crucial pour un pays comme le Burundi pour stimuler ce type de développement.
"Il est prévu d'utiliser cette stratégie touristique afin de pouvoir présenter des propositions de mini‑projets aux donateurs pour développer les infrastructures, par exemple sur le lac Tanganyika. On pense par exemple à la Banque mondiale, à l'Union européenne, à la Belgique", a déclaré M. Bizindavyi.
Une fois la stratégie et l'EDIC achevées, une série d'interventions fondées sur des éléments probants sera disponible, ce qui est utile pour les donateurs qui cherchent à apporter un soutien ciblé.
"Nous essayons de convaincre certains donateurs de s'impliquer, car ils reconnaissent l'importance du tourisme pour les recettes en devises ainsi que pour stimuler les investissements", a déclaré M. Donelan.
Il a noté qu'une option pour le gouvernement était d'envisager de créer des liens et une coopération avec les pays voisins ayant des secteurs touristiques bien établis comme la Tanzanie et le Rwanda. Le travail avec les pays voisins s'inscrit dans le cadre de la coopération régionale prévue par la stratégie de développement du tourisme de la Communauté de l'Afrique de l'Est.
Avec des sites célèbres comme Serengeti, Zanzibar et les plateaux du sud à proximité, le Burundi est bien placé. Il s'agit maintenant de trouver le bon moment.
"L'objectif serait de développer le patrimoine culturel et naturel du pays et d'exploiter la position stratégique du Burundi au cœur de l'Afrique. Il y a de nombreux sites touristiques et nous avons l'avantage d'avoir des prix compétitifs", a déclaré M. Bizindavyi.
Header image: A processing facility in Adama, outside Addis Ababa, Ethiopia. ©Fernando Castro/EIF
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