29 novembre 2024

La diversification et la coordination des échanges au cœur du processus de développement du commerce de la Tanzanie

by Kudzai Makombe Peter Donelan / in Récit d'expérience

PRINCIPAUX RÉSULTATS

  • Le partenariat du Cadre intégré renforcé (CIR) avec la République‑Unie de Tanzanie a permis d'œuvrer à la diversification des échanges par des politiques et des stratégies favorables, des dispositions institutionnelles pour l'Aide pour le commerce ainsi que des investissements et une plus grande valeur ajoutée dans des secteurs tels que l'apiculture, la culture d'algues, la production d'anchois et l'horticulture. Dans la chaîne de valeur des algues, la productivité moyenne par acre unitaire a presque doublé en raison de l'utilisation de méthodes et équipements nouveaux pour la récolte en haute mer.
  • Les structures nationales de coordination pour le commerce, y compris le Comité directeur national (CDN) et l'Unité nationale de mise en œuvre (UNMO), établies par l'intermédiaire du CIR, dans le cadre d'un partenariat d'Aide pour le commerce avec le Ministère de l'investissement, de l'industrie et du commerce, ont été utilisées par les partenaires de développement pour coordonner divers projets, notamment le "Responsible Tourism for Tanzania project" (projet de tourisme responsable pour la Tanzanie) financé par la Suisse à hauteur de 5,5 millions d'USD.
  • L'UNMO a joué un rôle essentiel dans l'intégration du commerce dans le deuxième Plan de développement quinquennal (Plan II), l'actuel Plan III et dans le Projet Vision pour le développement de Zanzibar.
  • La stratégie de mise en œuvre de la Tanzanie concernant la Zone de libre‑échange continentale africaine (ZLECAf), élaborée avec le soutien du CIR, a créé un cadre efficace pour renforcer l'intégration régionale.

Combler l'écart entre l'agriculture et le tourisme pour des emplois plus nombreux et de meilleure qualité

La République‑Unie de Tanzanie, comptant 64 millions d'habitants, englobe la Tanzanie continentale et l'archipel semi‑autonome de Zanzibar situé dans l'océan Indien. Le pays est membre de la Communauté de l'Afrique de l'Est et fait partie de la région des Grands Lacs.

En 2010, le gouvernement a élaboré un Plan prospectif à long terme, qui a ensuite été divisé en trois plans de développement à moyen terme (cinq ans chacun). Le processus de planification progressive visait à réorienter les efforts en vue d'atteindre les objectifs de développement social et économique du Projet Vision pour le développement national à l'horizon 2025 adopté en 1999. Des efforts visant à réduire la pauvreté, à améliorer les moyens de subsistance et à promouvoir la bonne gouvernance et la responsabilité ont été inclus dans tous les plans de développement quinquennaux.

L'économie tanzanienne repose sur l'agriculture (essentiellement une agriculture de subsistance), qui emploie environ 66% de la population active. Les principales cultures commerciales destinées à l'exportation sont le tabac, les noix de cajou, le café, le thé, les clous de girofle, le coton et le sisal. Le secteur de la noix de cajou assure des moyens de subsistance de 75% de plus de 700 000 ménages; il est suivi par celui du café. La plupart des travailleurs du secteur agricole sont des femmes, et le secteur est au cœur des objectifs de croissance et de réduction de la pauvreté du gouvernement.

Le Projet Vision pour le développement à l'horizon 2020 du gouvernement révolutionnaire de Zanzibar et sa Stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté (Projet MKUZA III) mettent tous deux en avant qu'une expansion du secteur du tourisme et l'accroissement de la productivité et de la valeur de l'agriculture sont importants. L'île de Zanzibar accorde la priorité à l'utilisation durable de ses ressources marines pour que les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) bénéficient des possibilités offertes par l'économie bleue, qui emploie plus de 23 000 personnes.

Unité nationale de mise en œuvre: une structure institutionnelle qui change la donne

En 2013, le CIR a soutenu la création d'une UNMO au sein du Ministère de l'investissement, de l'industrie et du commerce sur le continent. Une filiale locale de l'UNMO a été mise en place à Zanzibar. Le rôle de l'UNMO a été de soutenir la coordination et la mise en œuvre des projets d'Aide pour le commerce financés par les partenaires de développement du pays, qui portaient sur des domaines tels que l'aide aux petites entreprises pour pratiquer le commerce et créer les types d'emplois qui améliorent la vie, et stimulent le développement économique durable et inclusif dans diverses chaînes de valeur horticoles et dans les secteurs du tourisme.

Le renforcement des capacités du Ministère de l'investissement, de l'industrie et du commerce par l'intermédiaire de l'UNMO a permis d'harmoniser avec succès les systèmes de recouvrement des recettes et de communication de données afin d'améliorer l'administration du commerce. Cela a également contribué à l'intégration du commerce dans les secteurs de l'agro‑industrie, du tourisme et des industries extractives; à l'intégration de l'agro‑industrie dans le tourisme; et au renforcement du Bureau des normes de Zanzibar. L'UNMO a aussi joué un rôle essentiel dans l'intégration du commerce dans le deuxième Plan de développement quinquennal (Plan II), l'actuel Plan III et le projet Vision pour le développement de Zanzibar. En outre, elle a soutenu l'élaboration de la politique et de la stratégie nationales en matière de propriété intellectuelle.

Se préparer pour le commerce continental et commerce électronique

En janvier 2022, la Tanzanie a déposé l'instrument de ratification de la Zone de libre‑échange continentale africaine (ZLECAf). Pour renforcer les capacités de la Tanzanie en matière de commerce dans le cadre de la ZLECAf, le CIR a contribué à l'élaboration d'une stratégie sur la mise en œuvre des possibilités d'accès aux marchés, mettant l'accent sur les produits, les services et les marchés prioritaires.

Le CIR a également favorisé l'élaboration d'une stratégie de commerce électronique pour aider le pays à être à jour pour ce qui est des tendances mondiales. Cette stratégie comprend le développement d'une plate‑forme numérique qui permet un commerce efficace et donne un accès aux marchés internationaux. La stratégie a été éclairée par une évaluation rapide de l'état de préparation au commerce électronique, qui a été complétée par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) en 2020. Cette évaluation montrait que le pays pouvait devenir un chef de file du commerce en ligne en Afrique de l'Est, en particulier dans le domaine des services de financement mobile et des paiements numériques.

Aperçu du potentiel horticole de la Tanzanie

L'UNMO a aussi joué un rôle central dans la coordination et la mise en œuvre d' éléments du projet financé par le Secrétariat d'État à l'économie (SECO) de la Suisse à hauteur de 5,5 millions d'USD pour 2013‑2019 – ce projet visait à intégrer les chaînes d'approvisionnement et de valeur horticoles dans le secteur du tourisme, en mettant l'accent sur les femmes et les jeunes. L'ancrage du projet dans l'UNMO a permis de faciliter les liens entre les ministères, les organismes et le secteur privé, et a renforcé l'appropriation du projet par le gouvernement. En outre, cela a renforcé les partenariats avec les cinq organismes de mise en œuvre: la CNUCED en tant qu'organisme chef de file, l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), le Centre du commerce international, l'Organisation internationale du travail et le Bureau des Nations Unis pour les services d'appui aux projets.

Le projet a aidé les petits agriculteurs locaux à cultiver davantage de produits horticoles de qualité tels que les tomates, les concombres et les poivrons, et à avoir un accès au marché de l'industrie touristique du pays. Les producteurs et les transformateurs ont été mis en contact avec les hôtels, les supermarchés, le "Tanzanian Chefs Association" (Association des chefs de cuisine de Tanzanie), le "National College of Tourism" (École nationale du tourisme) et d'autres acteurs clés du secteur du tourisme. Les acteurs de l'industrie de la restauration du tourisme ont été formés aux moyens d'utiliser les produits cultivés localement. Pendant la phase la plus active du projet, les transformateurs de produits horticoles ont fourni leurs produits à 41 hôtels et 35 supermarchés, réalisant des ventes s'élevant à 60 millions de TZS (24 000 USD) par mois.

Un examen de la durabilité du projet a permis de conclure que celui‑ci avait eu une incidence positive dans le secteur horticole de la Tanzanie, et qu'il avait contribué à renforcer la capacité commerciale, en particulier pour les petits producteurs et les jeunes, en les aidant à se développer, à améliorer la qualité et la quantité de leur production tout en leur donnant accès au marché.

S'appuyer sur les réussites

Le succès du partenariat dans le cadre du projet du SECO a donné lieu à un projet de suivi financé par le CIR et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), destiné à accroître les revenus issus de l'exploitation de l'huile de palme, du miel, des algues, des anchois et de l'horticulture. Le projet de 2,1 millions d'USD a débuté en 2021 et était cofinancé par le gouvernement de la Tanzanie et le PNUD, en tant que principal partenaire de mise en œuvre. Il s'est aussi appuyé aussi sur les enseignements d'un projet précédent du PNUD qui visait à renforcer la productivité et l'accès aux marchés pour les femmes et les jeunes. Le projet cherchait à améliorer la productivité, la valeur ajoutée et la compétitivité des MPME tanzaniennes sur les marchés nationaux, régionaux et internationaux. S'exprimant au sujet des chaînes de valeur du projet, Godfrey Nyamrunda, Chef adjoint du Bureau du PNUD à Zanzibar, a dit que ces chaînes de valeur "avaient été choisies parce que davantage de femmes que d'hommes y travaillaient. Plus de 95% des producteurs bénéficiaires sont des femmes et des jeunes."

Afin d'assurer la durabilité après son achèvement, le projet a renforcé les capacités des autorités gouvernementales locales pour former et encadrer des MPME en vue du développement des entreprises, grâce à un soutien supplémentaire sous la forme d'équipements et d'infrastructures. La formation a été dispensée par Empretec‑formateurs certifiés, un programme de la CNUCED en faveur du développement des entreprises. Le soutien en matière de renforcement des capacités des ministères et organismes chargés du commerce comprenait aussi une formation sur la gestion des cycles des projets.

Renforcement de la compétitivité des secteurs prometteurs pour l'emploi

Les volets relatifs à l'horticulture, à la production d'huile de palme et à l'apiculture du projet financé par le CIR et le PNUD se trouvent dans les régions de Singida, de Kigoma, de Simiyu et de Mara de la Tanzanie continentale. Ici, les partenaires du projet ont soutenu les femmes et les jeunes grâce à une formation sur la planification de l'utilisation des terres et la gestion des exploitations agricoles comme moyen d'accroître durablement la productivité.

Dans les régions de Simiyu et Mara, le soutien a été accordé aux membres de la "Tanzania Horticulture Association" (TAHA) (Association tanzanienne de l'horticulture), qui avait aussi participé au projet précédent financé par le SECO. Douze groupes représentant au total 720 agriculteurs, dont 368 hommes et 352 femmes pratiquant des activités horticoles ont bénéficié du projet. Ces agriculteurs ont suivi des cours de formation sur des sujets tels que la dynamique de groupe, l'esprit d'entreprise et les bonnes pratiques agricoles. Ils ont aussi accédé à des systèmes d'irrigation et à des pompes améliorés dans les chaînes de valeur de la tomate et du piment oiseau. Les récoltes sont destinées à alimenter le marché des hôtels touristiques du Serengeti (des exportations indirectes en quelque sorte) et aux exportations régionales à destination de l'Ouganda et du Kenya. La TAHA s'emploie activement à recenser de nouveaux marchés pour les bénéficiaires.

À Singida, deux usines pour la transformation du miel ont été construites, et des ruches modernes ont été achetées, ainsi que des tenues de travail pour la récolte et du matériel connexe. La formation a porté sur la production, la transformation et l'emballage, 40 jeunes hommes et 15 femmes y ont pris part.

Dans la région de Kigoma, le CIR a soutenu la participation des groupes d'agriculteurs à un atelier sur la chaîne de valeur de l'huile de palme et à une foire commerciale. Cet appui a notamment pris la forme de la construction d'abris pour les séchoirs solaires et à gaz, de systèmes d'irrigation, d'abris de transformation courante pour l'huile de palme, d'autres installations d'entreposage et des équipements de transformation.

Le principal marché d'exportation du miel est le Moyen‑Orient. La demande d'huile de palme et des produits horticoles provient principalement du secteur du tourisme et des supermarchés locaux, et s'inscrit dans le prolongement du projet financé par le SECO et de l'implication de la TAHA. Des échanges entre le "College of Tourisme" basé à Arusha et la TAHA se déroulent en parallèle des activités de renforcement des capacités. Faisant allusion à certaines des réalisations, M. Nyamrunda du PNUD a déclaré ce qui suit:

La formation dispensée aux agriculteurs a renforcé leur capacité de tirer parti des possibilités offertes par le secteur du tourisme. Avant, les grands hôtels importaient même des tomates. Nous ne pouvons pas vraiment les blâmer, à ce stade, les agriculteurs n'avaient pas connaissance des normes requises.

Tirer le meilleur parti de l'économie bleue

L'accent mis par Zanzibar sur l'économie bleue comprend la chaîne de valeur des algues soutenue par le CIR sur l'île de Pemba et la chaîne de valeur de l'anchois à Unguja (l'île la plus grande et la plus peuplée de l'archipel de Zanzibar). Le principal marché d'exportation des algues est l'Europe, et celui des anchois est la République démocratique du Congo.

Les algues séchées sont généralement demandées pour servir d'épaississants dans des produits alimentaires tels que la crème glacée et les cosmétiques. Elles sont de plus en plus utilisées dans les aliments pour animaux, les biocarburants et les produits pharmaceutiques durables. Le gouvernement a engagé près de 15 milliards de TZS (6 millions d'USD) pour l'achat de bateaux et d'intrants pour la pêche, de bateaux destinés à la culture d'algues et d'équipements de transformation, ainsi que pour l'appui à l'élevage de crabes de vase et de concombres de mer, et pour l'élaboration de programmes de formation et de communication.

Le gouvernement a également investi dans l'établissement de la Zanzibar Seaweed Company en vue de la production et de la semi‑transformation de la carraghénane, un additif extrait des algues rouges et utilisé pour épaissir, émulsifier et conserver des produits alimentaires et des boissons. L'UNMO de Zanzibar élabore aussi une politique pour assurer la durabilité des chaînes de valeur des algues et des anchois.

Les formations dans le cadre du projet soutenu par le CIR ont porté sur les meilleures pratiques concernant la culture d'algues en haute mer, le traitement des poissons, la préservation et la transformation des anchois. Les formations ont également exploré des possibilités offertes par les algues et les produits à base d'anchois, tels que le savon aux algues, ainsi que la planification et le développement des entreprises.

Le projet a soutenu l'achat de bateaux, d'équipements pour la nage, de crochets de suspension pour la culture d'algues et de matériel d'emballage, tandis que l'ONUDI a fourni des machines pour la transformation du savon, de la confiture, de poudre, de fleurs et de la crème pour le corps à base d'algues. De 2021 à 2022, la production d'anchois a doublé pour atteindre 10 tonnes, et le projet a créé 399 nouveaux emplois, dont 309 sont occupés par des femmes. Selon Said Seif Mzee, Secrétaire principal adjoint du Ministère du commerce et du développement industriel (Zanzibar):

Le projet avait fourni des bateaux aux communautés, leur avait dispensé des formations et les avait dotés de méthodes de culture améliorées. La production d'algues est ainsi passée de 11 830 tonnes en 2020 à plus de 16 000 tonnes en 2023, et les prix ont augmenté de près de 43% en raison de l'amélioration de la qualité. Le gouvernement de Zanzibar finissait de construire une grande usine de transformation d'algues, qui serait l'une des plus grandes d'Afrique, capable de transformer jusqu'à 30 000 tonnes d'algues mouillées.

En route pour la prospérité

Le partenariat du CIR avec le gouvernement de la République‑Unie de Tanzanie a contribué à la réalisation des objectifs de développement social et économique du Projet Vision pour le développement national à l'horizon 2025 et des plans de développement quinquennaux du Plan prospectif à long terme.

En faisant fond sur les initiatives gouvernementales existantes, les efforts déployés par les partenaires internationaux et les capacités croissantes du gouvernement local et des MPME, le partenariat a renforcé la durabilité des efforts commerciaux dans le pays.

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