PRINCIPAUX RÉSULTATS
- Capacités du secteur de la pêche | Un projet dans le secteur de la pêche artisanale, soutenu par le CIR et mis en œuvre conjointement avec l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a permis de renforcer les capacités et d'améliorer les perspectives économiques pour les femmes en Guinée-Bissau surtout dans la région de Cacheu et Quinara, grâce à des partenariats public‑privé, à un meilleur équipement et à une formation fondée sur un apprentissage par la pratique.
- Intégration des connaissances sur le commerce | Au cours de l'engagement du CIR dans le pays, le personnel de l'UNMO, qui est intégré au Ministère du commerce et de l’industrie, a acquis de solides connaissances techniques et professionnelles sur plusieurs aspects du commerce international et sur la mise en œuvre des accords internationaux.
- Amélioration des cadres commerciaux | Le cadre législatif et réglementaire de la Guinée‑Bissau conçu pour favoriser le commerce international s'est amélioré après l'examen et l'actualisation des lois régissant le commerce, notamment avec d'autres pays.
- Planification fondée sur des consultations | Établis à la suite de vastes consultations, l'étude diagnostique sur l'intégration du commerce (ÉDIC) et le Plan national de développement 2015‑2021 reflétaient les besoins des secteurs public et privé et de la société civile.
La Guinée-Bissau est un pays côtier d'Afrique de l'Ouest qui compte environ 2,2 millions d'habitants (2024). Elle est bordée par le Sénégal au Nord et par la Guinée au Sud et à l'Est. Les principaux moteurs de l'économie sont la pêche, le tourisme et l'agriculture, avec un fort niveau de dépendance vis-à-vis du secteur de la noix de cajou. À elle seule, la noix de cajou est cultivée par environ 69% des agriculteurs pratiquant une agriculture de subsistance, et 5% des terres du pays sont consacrées à sa culture. La noix de cajou représente plus de 90% des revenus du pays à l'exportation, et 10% des recettes fiscales de l'État. La Guinée-Bissau importe la plupart de ses produits alimentaires essentiels, tels que le riz, la farine blé et le sucre qui est un aliment de base dans le pays.
Le CIR apporte son soutien à la Guinée-Bissau depuis 2010, avec pour objectif la réalisation de quatre étapes essentielles: 1) mise en place de politiques publiques stimulant le commerce et le développement économique et garantissant l'intégration du commerce dans les stratégies nationales de développement et de réduction de la pauvreté; 2) amélioration de la coordination des activités des partenaires de développement; 3) renforcement de l'aide pour le commerce; et 4) renforcement des capacités de production et d'exportation du pays.
Identifier les obstacles au développement économique et intégrer les priorités commerciales
Le CIR s'est employé à aider la Guinée-Bissau à mieux comprendre ses difficultés commerciales, pour lui permettre de dynamiser ses capacités de production et de mieux s'intégrer à l'économie mondiale. Le soutien du CIR a aidé le pays à entreprendre une ÉDIC, dont l'objectif ultime était d'établir les fondements d'une croissance accélérée en améliorant l'intégration de l'économie dans les marchés régionaux et mondiaux. L'ÉDIC de 2010 mettait en évidence la nécessité d'améliorer l'environnement économique du pays, par exemple en simplifiant les procédures commerciales et en veillant au bon fonctionnement du secteur financier. Le but de ces efforts est de contribuer à stimuler les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) et d'améliorer la visibilité des possibilités d'investissement.
L'ÉDIC a mis en évidence la nécessité de renforcer l'infrastructure relative au commerce, y compris les routes et les ports. Le dragage du port de Bissau a été défini comme une priorité, alors que l'accumulation de limon risquait de forcer le pays à dépendre des ports des pays voisins. Des investissements ont aussi été jugés nécessaires pour contribuer à améliorer les capacités énergétiques, soutenir le tourisme et dynamiser la recherche dans le domaine de l'agriculture afin de soutenir les secteurs de la noix de cajou, du riz, des fruits, des légumes et des tubercules. L'ÉDIC recommandait aussi d'améliorer les données sur le secteur de la pêche, afin que les données nationales fournissent une représentation plus exacte.
Les conclusions de l'ÉDIC ont été activement diffusées grâce à une série d'événements au niveau national. Un message particulièrement important était celui selon lequel "bien qu'il reste beaucoup à faire, la Guinée-Bissau a[vait] le potentiel nécessaire pour devenir une destination attractive pour l'activité commerciale, nationale ou internationale, en particulier grâce à ses ressources naturelles". Alors que la Guinée-Bissau doit encore mettre en œuvre toutes les recommandations de l'ÉDIC, l'étude, en mettant en évidence les principaux obstacles et en proposant une voie vers le développement économique et l'atténuation de la pauvreté, a constitué un outil précieux pour le développement.
Avec le soutien de l'UNMO de la Guinée-Bissau, le commerce est intégré dans les stratégies nationales de développement à mesure que celles-ci sont élaborées. Par exemple, le Plan stratégique et opérationnel 2015-2020 du gouvernement, intitulé "Terra Ranka" ("nouveau départ"), a fortement mis l'accent sur le commerce en tant que voie de croissance. Le plan – qui a été élaboré en consultation avec les acteurs des secteurs public et privé et de la société civile – était axé sur le développement des secteurs de la noix de cajou, du riz, de la pêche artisanale, des fruits, des légumes et des tubercules et leur intégration aux chaînes de valeur régionales.
Cette intégration n'était cependant pas toujours aisée. "Nous avons eu des difficultés à intégrer le commerce aux stratégies nationales de développement et de réduction de la pauvreté", a déclaré Lassana Fati, le point focal de l'UNMO du CIR en Guinée-Bissau, "mais grâce à une campagne de communication et de sensibilisation visant les autorités, le commerce est à présent bel et bien intégré dans la stratégie nationale". Cette intégration réussie est maintenant apparente dans la Stratégie commerciale actualisée du pays du 2017-2021.
Le commerce est à présent intégré dans le développement des infrastructures et des télécommunications, ainsi que dans l'élaboration des procédures douanières. Il occupe aussi une place centrale dans les stratégies de la Guinée-Bissau pour les secteurs de la pêche et du tourisme, ainsi que dans le Programme national d'investissement agricole et d'expansion et de diversification des exportations.
Dans l'ensemble, les projets mis en œuvre avec le soutien du CIR sont conformes aux priorités de l'ÉDIC de 2010 et de l'ÉDIC actualisée de 2016. Les représentants des pouvoirs publics consultés pendant l'évaluation des activités du CIR en Guinée-Bissau menée en 2021 ont souligné le rôle essentiel de ces études, qui mettent en évidence le caractère unique du soutien apporté par le CIR aux pays les moins avancés (PMA).
Renforcement des capacités locales et des institutions
L'instabilité de l'environnement politique de la Guinée-Bissau a été source de difficultés pour ce qui était de mettre en œuvre efficacement et rapidement les activités liées aux projets du CIR. Néanmoins, la création de l'UNMO au sein du Ministère du commerce et de l'industrie, la mise en place d'un Comité directeur national et la nomination d'un point focal du CIR et d'un Facilitateur des donateurs sont des signes manifestes de la volonté du gouvernement de s'approprier les activités soutenues par le CIR et, à terme, de la durabilité de celles-ci. Les compétences et l'expérience de personnels essentiels ont profité aux capacités de l'UNMO de la Guinée-Bissau. Par exemple, l'ancien coordonnateur de l'UNMO a exercé les fonctions de Ministre du commerce, et le point focal du CIR et expert en politique commerciale de l'UNMO est actuellement Directeur général du commerce extérieur. En outre, le responsable financier de l'UNMO exerce les fonctions de Directeur de l'administration et des finances au Ministère du commerce et de l'industrie.
Les capacités de gestion des pouvoirs publics et leurs capacités opérationnelles ont aussi été renforcées grâce à la formation de plus de 150 fonctionnaires du pays à différentes compétences liées au commerce. La formation était axée sur l'intégration des lignes directrices relatives au commerce et la mise en œuvre des recommandations de l'ÉDIC. En outre, le CIR a soutenu l'amélioration des conditions de l'activité des entreprises. En 2011, les compétences essentielles acquises par les fonctionnaires ont permis de supprimer des blocages au niveau du fonctionnement de l'administration. Ainsi, il est désormais possible pour une nouvelle entreprise d'être opérationnel en 48 heures grâce à la création du Centre de Formalisation de l’Entreprises (CFE).
Les fonctionnaires ont aussi participé à des visites croisées qui ont permis aux partenaires du CIR dans les PMA d'apprendre les uns des autres et de créer des liens solides. Par exemple, afin de renforcer les synergies du secteur de la mangue dans les pays de la CEDEAO, l'UNMO a travaillé avec le Sénégal à la mise en œuvre de mesures de facilitation des échanges et créé l'Agence de promotion des exportations de la Guinée-Bissau. L'UNMO a également participé à la création de l'Alliance régionale de la mangue de l'Afrique de l'Ouest avec d'autres pays de la région, notamment le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Mali et le Sénégal.
Renforcement des chaînes de valeur dans le secteur de la pêche artisanale
Le secteur de la pêche est l'un des principaux moteurs du développement économique de la Guinée‑Bissau. Avec plus de 8 000 kilomètres carrés d'océan, le pays dispose d'abondantes ressources halieutiques. Les efforts visant à diversifier les exportations pour sortir de la dépendance excessive à l'égard du secteur de la noix de cajou ont abouti à un soutien accru du CIR à la pêche artisanale. Cette démarche a en particulier mis en lumière les coopératives de femmes. Le CIR a aidé les communautés à acquérir de meilleures installations de stockage des produits de la pêche et à améliorer leurs techniques de transformation afin de réduire les pertes, dans le cadre d'un effort visant à promouvoir la viabilité économique du secteur.
En 2021, le CIR s'est associé à l'ONUDI pour aider le pays à mettre en œuvre le projet relatif à la pêche artisanale. Le projet visait à renforcer la compétitivité de la chaîne de valeur nationale de la pêche artisanale, et ainsi améliorer la situation socioéconomique des opérateurs de la pêche. Des visites de diagnostic dans les régions de Cacheu, Canchungo, et Buba ont permis de recenser les besoins des communautés de pêcheurs dans ces zones. À la suite de ces visites, le CIR a soutenu une initiative visant à développer des modèles de partenariats publics-privés adaptés aux conditions locales en vue de créer et moderniser les infrastructures de réfrigération essentielles à la conservation et à la commercialisation du poisson. De plus, des comités de gestion locaux ont été créés pour soutenir 3 coopératives, qui comprenaient 36 membres au total. Ceux-ci ont reçu des formations sur les techniques améliorées de pêche et de séchage, ainsi que sur les compétences commerciales.
Grâce à la mise en œuvre d'une approche fondée sur l'apprentissage par la pratique, le projet relatif à la pêche a permis de créer de nouveaux types de pirogues équipées de conteneurs de stockage fabriqués dans un matériau isotherme. Ainsi, les coopératives produisent davantage et le séchage du poisson est effectué de façon plus efficace, ce qui a abouti à une augmentation des revenus. Pour garantir que de la glace soit disponible à des prix abordables, deux installations de fabrication de glace ont été mises en place dans le cadre du projet, à Cacheu et à Canchungo. Les 2 installations sont gérées par des comités locaux et desservent plus de 300 pêcheurs, qui sont en majorité des femmes et des jeunes de la région.
Régulation des prix dans le secteur de la noix de cajou
Conformément aux recommandations de l'ÉDIC, le CIR a aidé à renforcer les capacités du Ministère du commerce et de l'industrie. Cette démarche a abouti à la fourniture d'un soutien effectif par l'UNMO aux petits producteurs, dans le but d'accroître la productivité tout au long de la chaîne de valeur de la noix de cajou. Le 31 mars 2023, le gouvernement de la Guinée-Bissau (par l'intermédiaire du Ministère du commerce et de l'industrie) a officiellement lancé la campagne de commercialisation et d'exportation de la noix de cajou, avec des prévisions d'exportation de presque 230 000 tonnes. Selon Lassana Fati, les améliorations dans la récolte et le traitement des noix, l'entretien des arbres et la logistique commerciale ont contribué à réduire les pertes et à augmenter les revenus des cultivateurs et des producteurs.
Avec le soutien de fonctionnaires et de l'UNMO pour la fixation des prix et la négociation de contrats d'exportation, les cultivateurs et les producteurs tirent un revenu plus élevé de leur production.
La campagne de commercialisation et exportation de cajou de 2024 a permis la Guinée-Bissau d’exporter 166.000 tonnes, le prix de la noix de cajou fixé au producteur à 300 Fcfa par kg est passé à 700 FCFA ou 800 dans certaines localités, dépassant les résultats positifs des deux dernières années.
Mobilisation des ressources pour les priorités commerciales
Si le gouvernement de la Guinée-Bissau a accompli des progrès notables dans la réponse à certaines des difficultés mises en évidence dans l'ÉDIC, beaucoup reste à faire, et les difficultés liées au commerce sont toujours présentes. Le manque de ressources est l'un des principaux obstacles au progrès. Cependant, grâce au soutien fourni (par exemple les formations dispensées par le CIR), le Ministère du commerce et de l'industrie dispose à présent de personnel pourvu des compétences nécessaires pour mobiliser des ressources auprès d'autres partenaires de développement en vue de financer certains de ses domaines d'action prioritaires en matière de commerce.
La transformation nécessaire pour que la Guinée-Bissau s'intègre véritablement aux systèmes commerciaux régionaux et mondiaux ne se produira pas du jour au lendemain. L'appropriation par les pouvoirs publics de plusieurs activités soutenues par le CIR et leur participation à ces activités ont cependant déjà permis d'aider à récolter certains des avantages liés à la participation au commerce international. D'importants progrès sont déjà réalisés en ce qui concerne la croissance des exportations, qui est stimulée par les mécanismes de coordination commerciale récemment mis en œuvre, par la création de l'Agence de promotion des exportations de la Guinée-Bissau (par l'intermédiaire du Ministère du commerce et de l'industrie) et par le soutien apporté aux MPME.
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