Publié à l'origine par l'Agenda du Forum économique mondial.
- Les Comores sont devenues le 165ème membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) l'année dernière, après que la nation insulaire a approuvé le Protocole d'adhésion le 26 février 2024.
- Outre sa position stratégique dans l'océan Indien et son accès à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), l'adhésion des Comores à l'OMC les aide déjà à faire progresser leur économie.
- La nation insulaire a cinq domaines de développement clés: le tourisme, l'économie bleue, les services financiers et logistiques, l'agriculture et les industries de niche telles que les cosmétiques naturels et les produits de la mer.
L'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) offre aux pays les moins avancés (PMA) une occasion unique de promouvoir leur propre croissance économique.
Le Cambodge en est une parfaite illustration. L'amélioration de l'accès au marché et la stabilité politique qui ont suivi l'adhésion du Cambodge à l'OMC en 2004 ont envoyé des signaux positifs aux investisseurs étrangers, permettant aux flux d'investissements directs étrangers dans le pays de passer de 130 millions d'USD en 2004 à 3,58 milliards d'USD en 2022. De même, ses exportations de marchandises ont augmenté de manière significative, passant de 2,8 milliards d'USD en 2004 à 22,47 milliards d'USD en 2022.
Malgré les différences de structure économique, de géographie et de taille de la population, les Comores - un archipel de trois îles au large de l'Afrique de l'Est - peuvent s'inspirer des progrès remarquables réalisés par le Cambodge. Cette nation insulaire de l'océan Indien est devenue le 165ème Membre de l'OMC en août 2024, après 17 ans de négociations.
La vision des Comores pour leur avenir en tant que Membre de l'OMC s'articule autour de cinq piliers clés décrits dans le Plan émergent des Comores à l'horizon 2030:
1. Une agriculture modernisée
Le pays est le premier producteur d'ylang-ylang, le septième producteur de vanille et le cinquième producteur de clous de girofle au monde. Ces trois produits représentaient 47 % des exportations de marchandises du pays en 2021. Pour aider les îles à tirer parti de ces atouts, le Cadre intégré renforcé (CIR) de l'Organisation mondiale du commerce, a soutenu la capacité de production et la création de valeur ajoutée dans ces secteurs. Cela s'est traduit par une augmentation des exportations de tous les produits de base, bien que la COVID-19 ait entraîné une certaine baisse des exportations.
En s'appuyant sur les accords de l'OMC, tels que l'Accord sur l'application des mesures sanitaires et phytosanitaires et l'Accord sur la facilitation des échanges, les Comores peuvent attirer des investissements pour développer l'infrastructure de la chaîne d'approvisionnement pour ces produits de base, y compris les réseaux d'entreposage frigorifique et de transport. Cela permettra de stimuler la production, de créer des emplois ruraux, d'augmenter les revenus et d'améliorer l'accès aux marchés internationaux. Des pratiques modernisées peuvent positionner les Comores comme un acteur compétitif dans le commerce mondial, favorisant la résilience économique et la sécurité alimentaire.
2. Créer un secteur touristique plus attractif
Les paysages époustouflants et le riche patrimoine culturel des Comores offrent un important potentiel touristique inexploité. L'adhésion à l'OMC et la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pourraient contribuer à réduire les coûts d'importation, à normaliser les services et à attirer les investissements étrangers. C'est pourquoi le CIR a soutenu le développement de l'écotourisme sur deux îles des Comores, Ngazidja et Mohéli, en partenariat avec l'Initiative d'aide au commerce pour les États arabes, qui est financée par la Société internationale islamique de financement du commerce.
Cette initiative aide les jeunes à gagner un revenu grâce au recyclage, à la culture de plantes médicinales et à la gestion des déchets, tout en préservant l'écologie des îles. La promotion de l'artisanat du patrimoine culturel par le biais de réseaux commerciaux pourrait également créer des opportunités économiques tout en préservant les traditions. Un modèle soutenu par le CIR en Ouganda similaire a permis de diversifier les exportations touristiques et d'augmenter les revenus des producteurs.
3. Construire l'économie bleue
L'économie bleue est au cœur des aspirations de développement des Comores. Les îles disposent de vastes ressources marines, notamment dans les domaines de la pêche, de l'aquaculture, des ports et du transport maritimes, du tourisme, des énergies renouvelables et des biotechnologies marines. Lorsque l'accord de lsur les subventions à la pêche entrera 'OMC en vigueur, les Comores pourront renforcer leur position sur les marchés mondiaux du poisson et des fruits de mer en améliorant l'accès au marché et en se conformant aux normes internationales de durabilité.
En outre, en exploitant le potentiel du secteur de l'écotourisme et en mettant en œuvre efficacement le projet "Regenerative Seascapes for People, Climate and Nature", les Comores pourraient parvenir à une résilience économique à long terme, à la préservation de l'environnement et à un ancrage plus fort dans l'économie bleue.
4. Renforcer les services financiers et logistiques
Les Comores sont stratégiquement situées sur la route maritime entre l'Afrique et l'Asie, ce qui en fait un centre logistique naturel dans l'océan Indien. En attirant les investissements étrangers dans les infrastructures financières et en encourageant les systèmes de paiement numérique, la banque mobile et les services bancaires inclusifs pour les femmes et les micro-, petites et moyennes entreprises, les îles pourraient renforcer leur secteur logistique. Cela contribuerait à moderniser leurs ports et à renforcer les réseaux mondiaux de transport maritime.
L'adhésion à l'OMC offre aux Comores la possibilité de participer à des programmes d'assistance technique liés au commerce afin d'améliorer l'efficacité des douanes et de réduire les coûts commerciaux. Cela permettrait aux îles de devenir un centre compétitif dans la région. Le soutien continu de la facilité TFA de l'OMC est déjà un pas dans la bonne direction.
5. Développer des niches industrielles
L'adhésion à l'OMC ouvre la voie à un meilleur accès au marché pour toutes sortes d'industries. Pour les Comores, c'est l'occasion de diversifier leur marché d'exportation en renforçant des secteurs tels que les produits de la mer, les huiles essentielles et les cosmétiques naturels.
Le CIR offre un modèle précieux de soutien à l'industrialisation. Il a déjà aidé Biozen, une entreprise pionnière qui transforme des plantes aromatiques et médicinales en cosmétiques naturels. Le soutien du CIR a permis à Biozen de renforcer sa chaîne de production en améliorant ses processus de transformation et de distillation. L'entreprise a également pu améliorer l'emballage de ses produits et obtenir les certifications indispensables pour accéder aux marchés internationaux.
Stimuler l'investissement aux Comores
La réalisation de ces cinq piliers du développement implique toutefois de relever certains défis.
Les Comores sont confrontées à une pénurie d'électricité due à un manque d'entretien, ce qui rend plusieurs de leurs unités de production inopérantes. Afin de réduire la dépendance à l'égard des produits pétroliers importés et de diminuer les émissions de carbone, la Banque africaine de développement (BAD) prévoit d'accorder une subvention de 26,6 millions de dollars pour la première phase du projet géothermique Karthala des Comores, ainsi que pour deux projets solaires soutenus par la France, qui nécessiteront un soutien supplémentaire pour faciliter la connexion au réseau.
La transformation numérique reste également un domaine au potentiel inexploité pour les Comores. La disponibilité, l'accessibilité, l'abordabilité et l'application du numérique restent faibles. Heureusement, la BAD soutient un projet d'infrastructure publique numérique de 10,4 millions de dollars pour améliorer la gouvernance, l'accessibilité financière et l'accès aux services publics . Il établira également un système de gouvernement numérique et créera un incubateur **pour l'innovation numérique et l'entreprenariat** dans le cadre d'un modèle de partenariat public-privé.
Les Comores ont l'un des ratios impôts/PIB les plus faibles d'Afrique subsaharienne, avec 3,69 %, **ce qui signifie qu'elles ne génèrent pas suffisamment de revenus pour répondre à leurs besoins**. Son reclassement du statut de PMA pourrait également réduire l'accès du pays à l'aide publique au développement. Les Comores doivent donc intensifier leurs efforts pour attirer les investissements privés.
L'Agence nationale pour la promotion des investissements, l'organe consultatif du gouvernement, a déjà fait quelques progrès pour attirer ces investissements. Mais une approche pangouvernementale pourrait stimuler les investissements dans les cinq piliers du Plan émergent des Comores, ainsi que dans les secteurs de l'énergie et du numérique.
L'adhésion à l'OMC offre sans aucun doute des possibilités de transformation pour le commerce, l'investissement et la croissance. Si les Comores veulent profiter pleinement de cette opportunité, des investissements substantiels seront essentiels pour aider la nation insulaire à surmonter ses défis actuels et à atteindre ses objectifs de développement.
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