13 février 2019

Faire en sorte que les rêves économiques du Pacifique deviennent réalité

by Deanna Ramsay Michelle Kovacevic Cécile de Gardelle / in Récit d'expérience

Faire en sorte que les rêves économiques du Pacifique deviennent réalité

Des flots bleus scintillants, des plages bordées de palmiers et des jetées en bois surplombant des récifs de corail colorés ne se traduisent pas nécessairement par des arrivées de touristes, massives ou même plus limitées.

Inciter les flashpackers, les couples en lune de miel, les amateurs d'aventures et les autres à venir se reposer sur de lointaines plages de sable blanc exige en amont une quantité énorme d'efforts concrets et d'infrastructures. Pour n'en citer que quelques‑uns: horaires de vol pratiques et places disponibles, personnel hôtelier compétent, systèmes de réservation en ligne, création d'une image de marque, chefs cuisiniers formés à la cuisine pour étrangers et accès aux ingrédients, optimisation des moteurs de recherche, réseau routier et Wifi.

Pour les Îles Salomon, qui ont la chance d'avoir des paysages magnifiques et qui cherchent à diversifier leur économie, il est logique de se tourner vers le tourisme. Aujourd'hui doté d'une stratégie nationale de développement du tourisme, le pays met ses projets à exécution.

Les enjeux sont notamment d'améliorer les normes de qualité des établissements hôteliers et les infrastructures locales et de soutenir les artisans qui créent des articles à l'intention des touristes, avec l'aide du Ministère des affaires étrangères et du commerce extérieur et du Ministère de la culture et du tourisme, dans le cadre d'un partenariat avec le Cadre intégré renforcé (CIR).

UNE CHAMBRE AVEC VUE

Alistair Pae, propriétaire du Dolphin View Beach Homestay, est formel: "Dolphin View Beach est la réalisation et la concrétisation de mon rêve".

En prévision de sa retraite, Alistair Pae a envisagé de devenir son propre patron et, en 2007, il s'est porté candidat pour acquérir une parcelle donnant sur la mer sur laquelle il pourrait construire des bungalows. En 2014, muni des autorisations nécessaires, il a commencé à défricher le terrain et à bâtir la première structure, grâce à son petit pécule personnel.

Il raconte: "J'ai lu dans un journal local que le CIR finançait des projets touristiques. J'ai déposé une proposition de projet et, en 2015, j'ai appris que ma proposition avait été acceptée. La même année, j'ai reçu l'assistance qui m'a servi à acheter du linge de lit, un matelas, des couvertures, des oreillers et des meubles pour le bungalow, et j'ai acheté une pompe à eau, un générateur et des tuyaux, j'ai investi dans un système d'éclairage fonctionnant à l'énergie solaire pour le bungalow et la cuisine. J'ai également acheté un four et des ustensiles de cuisine."

Alistair Pae ajoute: "C'est tout ce dont j'avais besoin pour démarrer mon activité. Ensuite, en 2015, j'ai commencé à recevoir des invités locaux ainsi que quelques expatriés travaillant en ville. En 2016, j'ai fait de la publicité en ligne et j'ai commencé à recevoir des hôtes du monde entier."

SUR LA VOIE DU DÉVELOPPEMENT

« Ces deux dernières années, notre stratégie commerciale était très limitée et le tourisme n'était pas une priorité. Actuellement, les pouvoirs publics reconnaissent l'importance du tourisme et, vu la perte de vitesse de notre secteur forestier, reconnaissent que le tourisme doit faire partie du développement durable du pays. »

George Tuti, Directeur du commerce extérieur au sein du Ministère des affaires étrangères et du commerce extérieur, Les Îles Salomon

Pour George Tuti, Directeur du commerce extérieur au sein du Ministère des affaires étrangères et du commerce extérieur, le pays a grand besoin de l'impulsion du tourisme pour améliorer les perspectives économiques.

Il affirme: "La stratégie est importante en ce qu'elle nous donne une direction claire. Ces deux dernières années, notre stratégie commerciale était très limitée et le tourisme n'était pas une priorité. Actuellement, les pouvoirs publics reconnaissent l'importance du tourisme et, vu la perte de vitesse de notre secteur forestier, reconnaissent que le tourisme doit faire partie du développement durable du pays."

Des pays "concurrents" comme les Îles Cook, le Vanuatu et le Samoa comptent un nombre de visiteurs beaucoup plus élevé. Les Îles Salomon expliquent en partie cette disparité par des difficultés au niveau des politiques et de la promotion, qui font obstacle au développement du tourisme. Et elles s'efforcent d'exploiter leur potentiel humain.

D'après l'Organisation internationale du travail (OIT), aux Îles Salomon le taux de chômage est élevé et le chômage des jeunes est de 50% dans les zones rurales.

Libérer le potentiel du tourisme dans le cadre du programme de développement du commerce du pays est un moyen de tenter de remédier à cette situation, et les Îles Salomon observent déjà des résultats, notamment une hausse du nombre de visiteurs, synonyme d'emplois et de revenus.

Les arrivées de visiteurs stagnaient avant 2015 mais elles ont augmenté de 13% entre 2016 et 2017, à la suite des efforts fournis par le pays en matière de publicité et au niveau des normes internationales. Des efforts ont notamment été faits pour multiplier les arrivées de bateaux de croisière, ce qui contribue aujourd'hui à l'essor du tourisme.

VERS DE NOUVEAUX HORIZONS

Alistair Pae, qui possède désormais trois bungalows, explique: "Le fait de posséder davantage de bungalows et d'installations crée des possibilités d'emploi et une demande supplémentaire de légumes, fruits et poisson pour les agriculteurs et les pêcheurs qui augmentent ainsi leurs revenus."

Grâce aux aides accordées aux petites entreprises touristiques, l'État encourage les bénéfices, avec des retombées positives sur les communautés locales voisines – ce qui est essentiel pour que l'impact produit soit inclusif et durable.

Pour George Tuti, "Les communautés voisines en retirent également un profit. Les pêcheurs, par exemple, sortent en mer et les femmes préparent des plats locaux, et différentes activités se mettent en place. Les établissements sont remarquables."

À Dolphin View Beach, à 25 kilomètres de la capitale, Honiara, Alistair Pae reçoit désormais six réservations de voyageurs par semaine en moyenne. Il achète des produits frais à ses voisins, loue des bateaux pour accompagner ses visiteurs en excursion et héberge des manifestations culturelles, ce qui permet d'offrir un revenu aux habitants talentueux.

Un avis laissé récemment sur Internet en dit long: "À la fin de mon séjour, tout le monde est venu me saluer alors que je m'apprêtais à embarquer. C'est un merveilleux souvenir que j'emporte avec moi."

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