Publié à l'origine par le magazine du Forum du commerce international du Centre du Commerce International le 9 décembre 2020 |
La pandémie de COVID‑19 a eu des conséquences économiques néfastes pour l'Afrique, où la région sub‑saharienne connaît sa première récession en 25 ans. Le produit intérieur brut (PIB) du continent devrait chuter de 3% en 2019 à -2% voire à -5% en 2020, car les principales sources de recettes de la région se sont affaiblies. Pour citer quelques exemples concrets, les exportations de produits de base et les envois de fonds ont baissé de 17% et de plus de 23%, respectivement, et le secteur du tourisme a perdu jusqu'à 120 milliards de dollars de recettes.
Le confinement partiel ou total instauré dans la plupart des pays africains a causé un choc économique terrible au secteur privé, et plus particulièrement aux acteurs en marge de l'économie formelle. Les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) ont été ravagées. Faute de solution efficace, de sombres perspectives de redressement s'offriront au continent, car les MPME sont le moteur de la croissance de l'emploi en Afrique. Même si de nombreux pays africains ont emprunté à la Banque africaine de développement (BAfD) en vue de mettre en place des programmes de relance économique destinés à amortir les effets de la pandémie, les MPME n'ont reçu qu'un appui limité.
Par ailleurs, la crise actuelle a poussé la Banque à restructurer ses systèmes d'appui aux MPME pour faire face aux conséquences économiques de la pandémie. L'organisme a notamment dû, pour la première fois, tirer parti de son enveloppe dédiée aux opérations régionales en vue de renforcer les budgets nationaux et de compléter ses attributions à l'appui des réformes. Toutes ces opérations étaient fortement axées sur l'appui aux MPME en vue d'atténuer les conséquences pour ces entreprises.
Étant donné que les MPME comptent pour 80% des entreprises d'Afrique, les organismes multilatéraux de financement, tels que la BAfD, doivent les aider à participer au commerce. Il importe particulièrement que la Banque renforce son appui aux MPME car la Zone de libre‑échange continentale africaine (ZLECAf) est à présent en place et elle offrira d'importantes perspectives économiques. La création d'un marché plus vaste qui dépasse les frontières nationales augmentera la demande de produits, ce qui fera fonctionner à plein régime ces MPME et, à terme, se traduira par un accroissement des investissements dans ces entreprises sur le continent.
Plus important encore, dans une chaîne d'approvisionnement, les MPME sont mieux placées pour tirer parti des partenariats avec des investisseurs étrangers potentiels qui cherchent à étendre ou à lancer leur entreprise sur le continent. Les MPME profiteront de l'amélioration des pratiques de gestion, des transferts de technologie, de l'apport de capitaux et d'une meilleure pénétration du marché sur les plans local, régional et mondial. Grâce à ses interventions d'appui, qui portent sur les éléments mentionnés plus tôt, la Banque permet aux MPME de tirer parti de la ZLECAf et du marché de consommation à plus fort taux de croissance d'Afrique et de s'intégrer aux chaînes de valeur régionales et mondiales.
Le financement des petites entreprises est une priorité
Depuis longtemps, la Banque africaine de développement appuie efficacement le secteur privé, en particulier les MPME. Ses interventions créent de bonnes conditions d'activité et de fonctionnement des entreprises, favorisent le renforcement du développement des entreprises grâce à des services d'assistance technique et de développement des entreprises, et financent le commerce grâce à des instruments de financement novateurs. Elles prévoient toutes des dispositions particulières à l'intention des groupes marginalisés, tels que les femmes et les jeunes.
À titre d'exemple, le programme de financement du commerce prévu par la Banque a fait d'importants progrès depuis 2013 et a appuyé à ce jour des échanges d'une valeur de plus de 7 milliards de dollars. Il a facilité plus de 1 900 transactions commerciales d'une valeur commerciale cumulée d'environ 4,9 milliards de dollars, qui ont fait intervenir 113 institutions financières dans 32 pays africains au moins.
Si l'on utilise une taille d'opération de 1 million de dollars ou moins comme indicateur des opérations des MPME, on observe que 60% de l'ensemble des opérations sont attribuables aux MPME. En outre, le programme a appuyé le commerce intra‑africain, qui représente approximativement 1 milliard de dollars sur l'ensemble des échanges, dans le cadre desquels les secteurs tels que l'agriculture, la sylviculture et la pêche et le secteur manufacturier comptent respectivement pour 22% et 25% de la valeur totale du soutien au commerce.
Dans le cadre du Fonds africain pour le commerce, qui est axé sur l'assistance technique liée au commerce, près des deux tiers de l'ensemble des opérations, soit environ 7 millions de dollars, ont été consacrés aux MPME de plus de 10 pays.
Le Fonds apporte en outre son appui au secteur informel, y compris à des projets de développement de la chaîne de valeur du miel en Guinée, au Rwanda et en Zambie, et de la chaîne de valeur de la viande au Rwanda. Ces projets mettent l'accent sur la conception de produits et sur les marchés connexes ainsi que sur le renforcement des capacités et des liens commerciaux au profit des MPME.
En outre, la Banque gère le Fonds pour l'assistance au secteur privé africain, qui favorise les projets innovants à l'appui des petites entreprises. Au Ghana, par exemple, où les MPME comptent pour plus de 85% des entreprises et contribuent à quelque 70% du PIB, le projet "Ghana Business Linkages Project" s'est concentré particulièrement sur le renforcement des capacités et sur l'amélioration des technologies et des chaînes de production. Au terme du projet, en 2018, plus de 1 700 MPME étaient enregistrées dans la "African Partner Pool Platform" – une base de données innovante de fournisseurs locaux fiables; 15 grandes entreprises utilisent déjà cet outil pour se procurer des biens et des services, plus de 104 MPME ont suivi des cours de formation et 67 offres ont été remportées par des MPME dans le pays.
Les perspectives d'avenir
La Banque joue un rôle important dans le commerce africain et dans le développement des MPME. En tant que première institution du développement du continent et aux fins de la réalisation de ses objectifs en matière de développement des MPME, elle s'emploie à créer un écosystème qui rassemble les différents éléments d'appui qui existent dans le cadre de divers programmes pour renforcer la coordination et les synergies au sein de la Banque.
En parallèle, la Banque examine la version révisée de sa Stratégie de développement du secteur privé pour la période 2021‑2025, qui prévoit une approche fondée sur la chaîne de valeur à l'appui du développement du secteur privé, y compris les MPME. Ce document stratégique, qui prend pleinement en considération les conséquences de la pandémie, tiendra également compte des difficultés à venir.
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Publié à l'origine par le magazine du Forum du commerce international du Centre du Commerce International le 9 décembre 2020
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