Initialement publié le 13 juin 2023 sur le site OECD Development Matters blog on 13th June 2023

L'orage noir provoqué par la pandémie de coronavirus s'est accompagné d'une lueur d'espoir: de nouvelles façons de fournir des services et de faire des affaires en tirant parti du commerce électronique et d'autres possibilités du numérique. Les applications de visioconférence ont permis de suivre des cours ou de travailler à distance et les applications mobiles, de se faire livrer de la nourriture, des courses et des médicaments d'un simple clic.

Toutefois, cette lueur d'espoir ne brille pas pour tout le monde. Les lacunes en matière de technologie, d'infrastructures et de compétences, en particulier dans les pays les moins avancés (PMA), ont souligné la nécessité d'aider les entrepreneurs à saisir les possibilités offertes par la transformation numérique.

Le financement fourni par le Cadre intégré renforcé (CIR) a permis, dans le cadre du Programme sur le commerce électronique et l'économie numérique de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), la réalisation de nombreuses évaluations rapides de l'état de préparation au commerce électronique afin d'identifier les politiques devant être ajustées pour stimuler le commerce électronique.

En conséquence, plusieurs pays investissent dans les infrastructures, comme les plates-formes de commerce électronique créées au Cambodge et au Sénégal, tout en développant des compétences et des solutions de paiement. Ces initiatives exigent des partenariats avec des organismes et institutions clés, ainsi que la mobilisation de ressources financières au moyen de partenariats public‑privé.

L'exemple du Cambodge

Avant les investissements catalytiques du CIR dans les services postaux pour l'envoi de petits colis dans le cadre du commerce électronique au Cambodge, la faiblesse de l'infrastructure logistique et la mauvaise coordination entre les parties prenantes, associées à la lenteur de la mise en place d'un guichet unique national, freinaient les possibilités numériques. La faible densité du réseau de la poste cambodgienne était aussi un facteur limitant, étant donné que moins de 5% du trafic du commerce électronique du pays était assuré par les services postaux, ce qui contrastait fortement avec une moyenne mondiale de 70%.

Les investissements du CIR ont permis au gouvernement de mobiliser jusqu'à 1,2 million d'USD grâce à Swisscontact[1]. Il a ainsi pu intensifier l'initiative, synchroniser l'interface entre la poste et les douanes et renforcer la capacité des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) d'envoyer des petits colis dans le cadre du commerce électronique.

Les résultats sont manifestes. La plate-forme CambodiaTrade a enregistré 132 MPME et créé 4 363 emplois, dont 2 374 pour les femmes. Afin de soutenir davantage le développement des compétences numériques, une initiative d'incubation des MPME axée sur la numérisation des entreprises a été déployée. Elle offre une formation sur les technologies numériques et le commerce électronique à 101 MPME, dont 38% sont détenues ou dirigées par des femmes et 68% se trouvent dans des zones rurales.

Si l'aide internationale est précieuse, il est également important de tirer parti du leadership et des compétences spécialisées des réseaux locaux. Cela aide les entités à accélérer la fourniture de l'assistance, à s'adapter aux besoins locaux et à entrer en contact avec les acteurs sur le terrain, tout en instaurant la confiance, en favorisant la durabilité et en consolidant les succès.

Les clés du succès

Le passage au numérique peut être intimidant, mais avec les outils et la formation appropriés, il est possible d'y parvenir. Les nombreux récits de changement positif que nous avons entendus nous ont permis de déterminer les facteurs de réussite.

Perfectionnement. Les femmes entrepreneurs et les MPME soulignent sans cesse la nécessité de renforcer leurs compétences numériques afin de pouvoir exploiter le vaste potentiel du commerce numérique et acquérir la confiance nécessaire pour donner une nouvelle dimension à leur entreprise. En 2022, les bénéficiaires de formations ont indiqué qu'une meilleure compréhension du marketing numérique et de la planification d'entreprise les avait aidés à identifier et à saisir les possibilités commerciales.

Soutien par les pairs. Les femmes entrepreneurs en Ouganda, en Éthiopie et au Rwanda soulignent l'importance de l'apprentissage par les pairs et de l'élargissement de leurs réseaux. Au Burundi, de jeunes entrepreneuses et agricultrices ont participé à une série d'ateliers sur les technologies afin de développer leurs compétences numériques. Elles ont ainsi amélioré leur capacité de créer des plates-formes en ligne pour vendre des produits comme des fruits, des tissus, des vêtements ou des équipements ménagers. Elles ont ensuite transmis leurs connaissances à 420 jeunes femmes dans une école de Bujumbura.

Une approche multisectorielle et écosystémique. Le CIR a contribué à la création de capacités commerciales dans les ministères du commerce, qui servent également de plates‑formes de coordination de l'Aide pour le commerce (APC). Ces plates-formes sont utiles pour mobiliser des ressources et/ou tirer parti des initiatives existantes afin de renforcer les capacités en matière de commerce numérique et de développer le partage de connaissances entre les parties prenantes nationales et entre les pays.

En République démocratique populaire lao, par exemple, une unité nationale de mise en œuvre (UNMO) a été créée au sein du Département de la planification et de la coopération du Ministère de l'industrie et du commerce. Celle-ci joue un rôle crucial en tant que pôle de mise en œuvre et de coordination de tous les projets d'Aide pour le commerce acheminés par l'intermédiaire du Ministère. En réunissant diverses parties prenantes telles que les ministères sectoriels, les entités du secteur privé et les partenaires de développement, cette unité favorise la collaboration à l'appui de la stratégie commerciale du pays.

Mise en adéquation des compétences techniques et financières. Cela aide les entreprises à suivre l'évolution des besoins des clients et des tendances et à s'y adapter. Outre le besoin de formation en marketing numérique et en planification d'entreprise, l'accès au financement est considéré par les entrepreneurs comme une difficulté majeure constante. Les institutions financières du secteur privé ont un rôle à jouer dans la conception de produits financiers qui permettent un accès efficace aux ressources.

En résumé

Nous avons constaté des progrès importants dans l'adoption du commerce numérique dans les PMA, mais ces pays ont besoin d'un soutien supplémentaire pour renforcer leurs capacités. Après l'orage provoqué par les années de pandémie, le commerce numérique offre un rayon de soleil. L'esprit d'innovation, l'engagement et des partenariats techniques et financiers solides seront essentiels pour réduire la fracture numérique et maximiser les avantages et les succès de ce commerce dans les PMA.

-------

[1] Swisscontact est une organisation sans but lucratif qui promeut un développement économique, social et écologique inclusif afin de contribuer efficacement à une prospérité durable et généralisée dans les économies en développement et émergentes.