26 avril 2024

L'Ouganda adopte diverses approches pour renforcer ses performances économiques

by Inés Arangüena Peter Donelan / in Récit d'expérience

PRINCIPAUX RÉSULTATS

  • Le Cadre intégré renforcé (CIR) a aidé le gouvernement ougandais à intégrer le commerce dans son Plan national de développement II et d'autres stratégies sectorielles.
  • Il a contribué à l'amélioration de la productivité et de la qualité des activités de production de beurre de karité dirigées par les femmes, à l'appui de leur autonomisation économique. 
  • Le CIR a financé un projet destiné à diversifier et accroître la compétitivité du secteur ougandais du tourisme, qui a permis de créer des emplois et d'augmenter les revenus des communautés productrices d'articles de souvenirs et d'artisanat.
  • En soutenant le renforcement des capacités institutionnelles des bureaux commerciaux de district, il a contribué à la mise en œuvre effective du mandat du Ministère du commerce, du tourisme et des coopératives à l'échelle locale. 

La République de l'Ouganda est un pays sans littoral situé en Afrique de l'Est, peuplé de nombreux groupes ethniques. Appelée "la Perle de l'Afrique", elle est dotée de paysages riches et variés allant de hautes montagnes volcaniques à des marécages recouverts de forêts denses. Elle compte d'abondantes ressources naturelles, notamment des réserves de pétrole et des sols fertiles. De ce fait, le secteur agricole joue un rôle prépondérant dans l'économie ougandaise: il représente un quart du produit intérieur brut du pays et génère 70% des offres d'emploi. 

L'Ouganda a réalisé d'importants progrès économiques, dont témoignent l'augmentation de 30% de ses exportations formelles entre 2008 et 2015 ainsi que la réduction significative de la pauvreté, de 29% en 2008 à 18% en 2013. L'or reste une des principales sources de recettes d'exportation pour le pays: il apporte une contribution substantielle au total des exportations nationales, évaluées à 1,82 milliard d'USD, puisqu'il représente près de la moitié des exportations de marchandises du pays.[1] Le tourisme joue également un rôle crucial dans l'économie car il emploie une main-d'œuvre importante, composée principalement de femmes. Le café, les fèves de cacao et le thé comptent aussi parmi les principaux produits d'exportation.

Le Programme du CIR soutient l'Ouganda depuis 2009. La collaboration vise à concrétiser la vision de politique commerciale du pays et à l'aider à mieux s'intégrer dans l'économie mondiale. Le renforcement des capacités commerciales et l'amélioration des résultats commerciaux, stimulés par les programmes nationaux de développement tels que celui du CIR, ont incontestablement favorisé les progrès économiques constants de l'Ouganda.

Bâtir des structures nationales solides 

La première Étude diagnostique sur l'intégration du commerce (EDIC) de l'Ouganda a été effectuée en 2006. Elle a proposé des stratégies pour le développement et l'amélioration des activités commerciales, tout en signalant les défis et contraintes associés. Le gouvernement ougandais a mis l'étude à jour en 2013, puis de nouveau en 2021, de manière à offrir un nouveau point de vue sur le programme de développement du commerce, les défis récents et émergents ainsi que les priorités du gouvernement. 

L'un des aspects importants du travail du CIR consiste à faire en sorte que les structures nationales puissent soutenir les programmes. Ce processus demande du temps et il est préférable qu'il soit mené en étroite collaboration avec des personnes représentant les différents niveaux de gouvernement. La grande importance que le CIR accorde aux partenariats et à l'établissement de relations est fondamentale pour la réussite de ce processus, et le CIR a utilisé cette approche pour soutenir le secteur du tourisme, de l'industrie et des coopératives de l'Ouganda. Le programme du CIR a créé une unité nationale de mise en œuvre (UNMO) dès que possible afin de s'assurer que le commerce soit intégré dans les stratégies nationales et sectorielles et de renforcer la coordination entre les ministères.

Le CIR a aidé le pays à mettre en œuvre un Projet de renforcement des capacités commerciales, puis un Projet de soutien à la durabilité, afin d'aider le Ministère du commerce, de l'industrie et des coopératives à consolider et exploiter les progrès réalisés jusque-là. Ces projets jetaient des bases solides pour la constitution des capacités institutionnelles de l'UNMO, assurant ainsi l'intégration des questions commerciales dans les politiques nationales en matière de développement. 

Par exemple, le gouvernement ougandais s'est engagé à mettre en place des zones de libre-échange, à renforcer les relations régionales et à améliorer les infrastructures commerciales. Par ailleurs, le Ministère du commerce, de l'industrie et des coopératives a renforcé la capacité d'assurer le suivi de l'Aide pour le commerce et d'établir des rapports à ce sujet. Il a fait tout son possible pour veiller à ce que l'UNMO soit bien coordonnée avec les autres ministères, afin d'assurer la durabilité des résultats du projet à long terme et de promouvoir la vision de politique commerciale du pays.

Œuvrer en faveur de l'inclusivité dans le secteur de la production de beurre de karité

En août 2020, le CIR a commencé à financer la plate-forme East African Women in Business, un projet régional couvrant la région où le karité nilotica est cultivé, qui s'étend du sud du Soudan du Sud au nord de l'Ouganda. Ce projet est actuellement mis en œuvre par la Uganda Women Entrepreneur Association Limited, qui soutient les femmes entrepreneurs du secteur du beurre de karité dans le nord de l'Ouganda. 

Le beurre de karité est une substance grasse couleur ivoire extraite de la noix du karité africain. Il est couramment utilisé dans les cosmétiques en tant qu'hydratant, dans les préparations alimentaires, et même dans la fabrication des instruments à percussion traditionnels africains, pour augmenter la durabilité du bois. 

Les principaux objectifs du projet étaient de faciliter la participation des femmes à la chaîne de valeur du karité en Ouganda; d'améliorer la qualité du produit afin qu'il soit conforme aux normes internationales; de donner plus de poids aux rôles de direction et de décision joués par les femmes dans le secteur en favorisant leur autonomisation par l'apport d'un soutien structuré aux coopératives; et de promouvoir les exportations de produits à valeur ajoutée. Les producteurs et les transformateurs ont été formés à la création de coopératives: plus de 4 000 producteurs disposent aujourd'hui de compétences dans ce domaine. Grâce à des initiatives rigoureuses en matière de formation et d'amélioration de la qualité, le projet a permis d'améliorer la qualité des produits à base de beurre de karité afin qu'ils soient conformes aux normes internationales, ce qui a véritablement facilité leur accès aux marchés d'exportation. En outre, le projet comprenait des actions de sensibilisation destinées à mettre un terme à la destruction illégale par le feu des karités dans le nord de l'Ouganda, qui est la seule région du monde, avec le Soudan du Sud, où poussent des karités Nilotica de haute qualité.

L'accès des produits du karité à valeur ajoutée à de nouveaux marchés a profité directement aux petites et moyennes entreprises (PME) dirigées par des femmes ainsi qu'aux productrices, qui ont vu leurs revenus augmenter. Les résultats de ce projet ont aussi permis à l'UNMO d'attirer des financements pour de futurs projets.

Autonomiser les communautés locales dans le secteur de l'artisanat

Le CIR a appuyé les efforts déployés par l'Ouganda en vue de diversifier et d'accroître les exportations non traditionnelles et de créer des emplois, conformément à la Vision 2040 de l'Ouganda, en particulier en tirant parti du potentiel du secteur du tourisme. Entre juin 2019 et août 2023, le Ministère du tourisme, de la faune et du patrimoine a mis en œuvre le Projet de développement du soutien à l'artisanat et à la fabrication de souvenirs (HSDP), qui vise les microentreprises et les PME, les producteurs d'articles d'artisanat et de souvenirs ainsi que les communautés locales intégrées dans le secteur du tourisme. 

Dans le cadre de ce projet, près de 8 100 producteurs d'articles d'artisanat et de souvenirs, dont 67% étaient des femmes, ont été formés à la conception de produits et au développement des marchés. Quarante-six femmes entrepreneurs qui approvisionnent le Rwenzori Sustainable Trade Centre (RTSC) (voir ci-après) en artisanat à des fins d'exportation ont reçu une formation sur ces thèmes. Cette formation a entraîné une amélioration de la qualité des produits, qui a provoqué une augmentation des ventes ainsi que des revenus des producteurs. Par exemple, le groupe de femmes de Ngombe produit désormais 600 paniers tressés par mois, contre 200 unités par mois (niveau de référence) auparavant. Les entrepreneurs artisanaux ont aussi été formés à la gouvernance et aux fonctions de direction, ainsi qu'aux normes, à l'évaluation et à la certification du commerce équitable, ce qui a rendu leurs produits plus compétitifs sur les marchés mondiaux. 

Margaret Kasande est la responsable de la production et de la commercialisation de l'artisanat au RTSC, lequel travaille avec des associations d'artisans de six districts ougandais. Le projet du CIR a aidé à accroître les exportations d'artisanat du RTSC, principalement de paniers tressés, qui sont passées de 75 000 en 2018 à près de 137 000 en 2023 dans le cadre du HDSP. La qualité des produits artisanaux a également connu une nette amélioration: 90% des produits du RSTC sont désormais acceptés pour l'exportation, contre 57% auparavant. Les effets combinés de la hausse de la productivité et de l'amélioration de la qualité ont permis aux artisans (dont plus de 3 000 sur environ 3 200 sont des femmes) de faire passer leurs revenus de 125 USD à près de 310 USD par jour. 

D'après Mme Kasande, cette autonomisation financière a fait une réelle différence dans la vie de ces femmes: 

Elles parviennent à gagner de l'argent et à protéger leurs enfants des injustices sociales, en particulier des mariages précoces dans certaines zones isolées. Quant à elles, elles peuvent échapper aux violences domestiques, être indépendantes et se faire entendre.
 

Le projet visait également à renforcer les relations entre les producteurs et les marchands d'artisanat. Ainsi, le RSTC a participé à un événement éphémère dans un restaurant japonais de Kampala, qui a mis en relation des artisans et un acheteur du Japon. Ils exportent aujourd'hui leurs produits à cet acheteur. 

Globalement, le projet a aidé le secteur à diversifier les produits qu'il pouvait proposer à la vente et à renforcer à la fois leur qualité et leur valeur. Il a amélioré la commercialisation et le conditionnement et a donné à la compétitivité de l'artisanat ougandais l'impulsion dont elle avait grand besoin sur les marchés à tous les niveaux.

Développer les services commerciaux et professionnels au niveau local

Dans le système administratif décentralisé de l'Ouganda, les bureaux commerciaux de district jouent un rôle fondamental pour la fourniture de services commerciaux et professionnels à la population locale. Il est essentiel que leur fonctionnement soit efficace afin d'assurer la fourniture ainsi que le développement d'entreprises de tous types et de toutes tailles. L'EDIC de 2006 a révélé des carences de personnel, d'équipement et de compétences dans les 25 bureaux commerciaux de district, qui constituaient un frein important à l'évolution économique. Le Programme du CIR a aidé le gouvernement à concevoir et mettre en œuvre un projet de renforcement des capacités des bureaux commerciaux de district qui aidera ces bureaux à assurer une fourniture plus efficace et efficiente des services aux communautés.

À la fin du projet de trois ans, qui s'était déroulé sur la période comprise entre 2012 et décembre 2016, 15 bureaux commerciaux de district avaient subi une modernisation et des réaménagements, et 92% des districts qui avaient reçu un soutien avaient intégré le commerce dans leurs budgets et leurs plans de développement. Les capacités des agents commerciaux de district avaient aussi été renforcées grâce à la redéfinition de leurs rôles, au renforcement de leurs compétences et à la facilitation de leurs liens avec le Ministère du commerce, du tourisme et des coopératives, les administrations locales et le public. En outre, le projet a augmenté les revenus des entrepreneurs de PME, de leurs employés et de la communauté en général dans les districts cibles. 

Soutenir la transformation économique 

Le gouvernement ougandais a reconnu l'importance et la valeur du soutien du CIR pour le renforcement des capacités des bureaux commerciaux de district et a assumé le financement des bureaux commerciaux dans toutes les administrations locales après la clôture du projet. Georgina Mugerwa, coordinatrice de l'UNMO de l'Ouganda, a observé qu'il est avantageux pour tous d'investir dans les bureaux commerciaux de district: ceux-ci fournissent des services inestimables à la population locale en facilitant les échanges et en délivrant des licences à leurs entreprises, ce qui dynamise leurs revenus. En parallèle, le gouvernement obtient d'importantes retombées économiques grâce à l'augmentation des recettes fiscales et au développement de l'activité économique locale, qui découlent de l'amélioration de l'efficacité des entreprises et de la mise en conformité de celles-ci, facilitées par les bureaux commerciaux de district.

Il existe plusieurs autres exemples de l'attachement du pays aux ambitions du CIR, ce qui laisse espérer que les effets de ces projets s'inscriront dans la durée. L'UNMO a été intégrée dans le Ministère du commerce entre décembre 2017 et octobre 2019.

Le gouvernement ougandais s'est également fixé comme objectif, dans son Plan national de développement (PND) III de devenir un pays à revenu intermédiaire à l'horizon 2025, en améliorant les moyens de subsistance et les revenus dans l'ensemble du pays. Le Ministère du commerce a maintenu une surveillance et un engagement actifs dans les projets de développement en cours auxquels le CIR ne participait pas, afin de veiller à ce que ces initiatives contribuent efficacement aux objectifs économiques nationaux fixés dans le PND III. L'Ouganda a atteint cet objectif dans certains secteurs clés. Le rôle actif joué par le gouvernement s'agissant de dynamiser et de faciliter les échanges donne un exemple formidable aux autres pays les moins avancés.
 

[1] https://www.wto.org/english/res_e/statis_e/daily_update_e/trade_profiles/UG_f.pdf

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Alors que la deuxième phase du Cadre intégré renforcé (CIR) touche à sa fin en 2024, l'objectif est de produire un catalogue de récits d'impact mettant en lumière les efforts du partenariat du CIR dans les pays les moins avancés (PMA) et les PMA récemment reclassés où il s'est activement investi. Le présent récit d'impact constitue l'un des récits du catalogue. Il a bénéficié de la contribution et des commentaires essentiels de la part des Unités nationales de mise en œuvre du CIR (UNMO) basées dans les pays et de l'ensemble de l'équipe du CIR.

L'objectif premier de chaque récit d'impact, ainsi que de l'ensemble du catalogue, est d'adopter une approche journalistique en relatant l'implication du CIR dans les PMA au cours de la Phase Une et Deux. Le but est de fournir des informations pertinentes et de documenter les résultats et les impacts, ainsi que certains enseignements tirés du travail du partenariat du CIR dans les PMA. Ces récits ne fournissent pas une vue d'ensemble de tous les aspects de l'implication du partenariat du CIR, tels que les calendriers précis ou l'étendue exacte de la participation (c'est-à-dire les contributions financières). Ils constituent plutôt un moyen d'information parmi d'autres sur le travail du partenariat du CIR. Les lecteurs intéressés sont encouragés à compléter ces récits d'impact en consultant d'autres sources, notamment les Rapports annuels du CIR, les articles des Nouvelles de l'Aide pour le commerce, les canaux de réseaux sociaux du CIR et, le cas échéant, les UNMO dans les PMA ainsi que le Secrétariat exécutif du CIR.

Il est essentiel de reconnaître que les informations fournies ne sont ni exhaustives (par exemple, elles sont basées sur les dernières données disponibles au moment de la rédaction en 2023) ni de nature évaluative. 

Enfin, bien que chaque récit d'impact adhère à une structure similaire, la diversité des pays, des contextes et des implications du CIR signifie que chaque histoire est unique.

Avertissement
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