21 septembre 2023

Fournir des bases solides à la croissance économique grâce au commerce

by Kudzai Makombe Paulin Zambelongo / in Récit d'expérience

Étude de cas : Madagascar. Découvrez d'autres études de cas ici.

RÉSULTATS CLÉS

  • Alors que le Cadre intégré renforcé (CIR) ne contient pour l'instant que des projets de renforcement des capacités institutionnelles pour Madagascar, l'Unité nationale de mise en œuvre du CIR (UNMO) a élaboré un plan à moyen terme fondé sur l'étude diagnostique sur l'intégration du commerce (EDIC) financée par le CIR. Ce plan à moyen terme, fondé sur les lignes directrices du CIR, a aidé le gouvernement à mobiliser davantage de ressources pour soutenir ses priorités commerciales.
  • Le CIR a aidé Madagascar à intégrer le commerce dans son Plan de développement national, une étape essentielle pour exploiter le potentiel du commerce international en vue de faire reculer la pauvreté et de contribuer au développement durable. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) aide également le gouvernement de Madagascar à mettre à jour son EDIC. La matrice des actions de l'EDIC actualisée permettra de mobiliser davantage de ressources auprès des partenaires du développement pour répondre aux priorités commerciales du pays. 

La vanille, les clous de girofle et le poivre sont étroitement associés à l'île de Madagascar. Ces produits de grande valeur et très demandés au niveau international ainsi que les textiles, le café, le cacao et une biodiversité riche et attrayante pour les touristes sont très prometteurs pour le potentiel de croissance économique, de réduction de la pauvreté et de développement durable du peuple malgache par le biais du commerce inclusif. Quelles sont les entraves au potentiel de cette grande île de 28 millions d'habitants située au large des côtes de l'Afrique australe? D'après la Banque mondiale, l'instabilité a sapé la confiance des investisseurs, limité l'accès au financement et pesé sur le tourisme, qui est l'une des principales industries du pays.

Malgré trois décennies de bouleversements politiques, le CIR et son précurseur jusqu'en 2009, le Cadre intégré, ont continué depuis 2001 à soutenir les efforts de Madagascar visant à recourir au commerce comme moteur de développement. Conformément à sa philosophie de renforcement de la résilience économique des populations les plus vulnérables du monde, le CIR a poursuivi son engagement à la suite des crises politiques de 2002 et 2009. Madagascar a bénéficié d'un soutien de près de 2,5 millions d'USD depuis 2002.

Ce partenariat a permis d'instaurer la confiance dans les gouvernements successifs; d'établir un cadre national et de renforcer les capacités en matière de ressources humaines afin de mettre le commerce au service du développement; de soutenir la mobilisation de fonds supplémentaires des donateurs bilatéraux, des banques multilatérales de développement et des investisseurs du secteur privé; ainsi que de mettre en place un échange des connaissances et des données en matière d'innovation.

Un cadre visant à mettre le commerce au service du développement

Le CIR a soutenu l'EDIC de Madagascar en 2003, comme l'un des trois premiers pays pionniers de l'EDIC du Cadre intégré, aux côtés du Cambodge et de la Mauritanie. La Banque mondiale a été le principal partenaire de mise en œuvre de l'élaboration de l'EDIC et de sa mise à jour en 2015, en collaboration avec divers ministères et départements gouvernementaux, le secteur privé, la société civile et le CIR en tant que co‑pilotes de l'analyse et des constatations figurant dans l'étude. Cette approche a permis une large appropriation des options de mise en œuvre des recommandations de l'EDIC. Pour 2023, le PNUD a approuvé un montant de 40 000 USD pour réaliser la mise à jour de la Matrice d’Actions Prioritaires de l’EDIC de 2015. 

La mise à jour de l'EDIC a permis d'identifier les principaux obstacles à l'intégration du pays dans les réseaux de production et les marchés régionaux et mondiaux. Les priorités étaient essentiellement d'améliorer les politiques économiques, commerciales et autres politiques réglementaires existantes et/ou d'en élaborer de nouvelles, ainsi que de favoriser leur coordination et leur intégration. Elles visaient à réduire les coûts et les procédures administratives empêchant les entrepreneurs malgaches d'accroître leur compétitivité sur les marchés internationaux, à ouvrir de nouveaux débouchés à l'exportation et à favoriser la croissance de l'emploi.

Renforcer la coordination commerciale

Pour mieux soutenir l'intégration commerciale, le gouvernement de Madagascar et le CIR ont cofinancé un projet visant à soutenir la mise en place des arrangements nationaux de mise en œuvre (ANMO). Le projet a pour but d'intégrer le commerce dans les stratégies nationales de développement, d'établir ou de développer des structures de coordination du commerce, et de résoudre les contraintes du côté de l'offre.

Jusqu'à présent, ce projet a permis d'intégrer avec succès le commerce dans le plan national de développement de Madagascar. Il a également contribué à l'élaboration du plan à moyen terme pour le développement du commerce en vue de l'intégration du commerce dans les stratégies nationales de développement. Les priorités commerciales transversales ont également été intégrées dans le Plan de développement de Madagascar (Plan de Madagascar pour l'émergence 2019‑2025), dans lequel l'Aide pour le commerce et l'amélioration de la compétitivité du secteur privé ont été identifiées en tant que domaines clés.

Le CIR a également soutenu la mise en place d'un mécanisme de coordination entre les parties prenantes publiques et privées participant au développement du commerce et a contribué à améliorer l'assistance technique liée au commerce grâce au renforcement des capacités des différentes parties prenantes. Plus de 700 fonctionnaires de différents secteurs ont été formés pour acquérir des compétences de gestion concernant l'assistance technique liée au commerce. Les questions liées au renforcement des capacités comprenaient le commerce et l'investissement, le commerce et l'environnement, le commerce des services, la facilitation du commerce, les négociations internationales, la préparation au commerce électronique et le développement du commerce et de la chaîne de valeur. En 2017, l'UNMO du CIR a été intégrée au sein du Ministère en charge du commerce extérieur tandis qu'une entité de coordination a été créée pour permettre le dialogue entre les ministères, les départements, le secteur privé et la société civile.

Le projet de soutien aux ANMO a également permis d'appuyer la création d'une base de données intégrée sur les droits de douane en complément du Portail d’Information Commerciale. Ce portail est l'un des principaux éléments qui fournit aux gouvernements, aux négociants et aux autres parties intéressées des renseignements sur les procédures d'importation, d'exportation et de transit, des formulaires et des documents, ainsi que des points d'information ou de contact.

L'appui au développement de la base de données a ensuite été étendu à un partenaire du CIR, la Fédération des Chambres de Commerce et d'Industrie de Madagascar (FCCIM). La base de données facilite la coordination entre la FCCIM et les 24 chambres régionales de commerce et d'industrie de l'île par le biais de la collecte, du traitement et de la diffusion de renseignements à l'appui du secteur privé.

Une plate‑forme Aide pour le commerce, présidée par la Banque mondiale, a également été créée dans le cadre du projet de coordination des secteurs public et privé et des donateurs sur les questions liées à l'Aide pour le commerce.

Échange des connaissances et des données en matière d'innovation

La Communauté de développement de l'Afrique australe et le Marché commun de l'Afrique orientale et australe, dont Madagascar est membre, offrent des possibilités d'échanges que Madagascar n'a pas encore été en mesure d'exploiter pleinement. Cela est dû, entre autres raisons, aux coûts d'expédition, de stockage et de logistique auxquels Madagascar est confronté en tant que nation insulaire. Une partie du soutien du CIR a donc été destinée à l'identification des contraintes et des solutions permettant à Madagascar d'accéder à ces possibilités de marché afin de faire progresser son programme de commerce pour le développement, notamment par le biais de la coordination institutionnelle dans les négociations commerciales internationales.

Entre 2017 et 2022, des responsables du gouvernement de Madagascar et du secteur privé ont eu l'occasion de participer à des échanges régionaux sur l'apprentissage et les meilleures pratiques avec d'autres partenaires du CIR à travers l'Afrique. Ces échanges ont eu lieu lors d'ateliers régionaux organisés au Sénégal, au Bénin, au Niger et au Togo, ainsi que lors d'une formation à l'analyse comparative au Mali.

Des progrès lents mais constants

Les progrès de Madagascar en matière de commerce pour le développement ont été le fruit d'un effort long mais continu. Pourtant, il est possible de prendre davantage de mesures maintenant que la feuille de route et le plan d'action sont prêts et que le terrain a été préparé via le développement de nouvelles politiques, d'installations de coordination et de ressources humaines qualifiées, et que les bases ont été jetées afin d'attirer des financements supplémentaires de la part de partenaires financiers multilatéraux et bilatéraux. L'"ingrédient secret" sera le maintien de la stabilité et de la volonté politiques. Comme l'a fait remarquer Jean‑Georges Raharindranto, Coordonnateur de l'UNMO :

Effectivement, les progrès ont été lents et le financement du CIR relativement faible, mais il a été important pour Madagascar.

 

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Alors que la deuxième phase du Cadre intégré renforcé (CIR) touche à sa fin en 2024, l'objectif est de produire un catalogue de récits d'impact mettant en lumière les efforts du partenariat du CIR dans les pays les moins avancés (PMA) et les PMA récemment reclassés où il s'est activement investi. Le présent récit d'impact constitue l'un des récits du catalogue. Il a bénéficié de la contribution et des commentaires essentiels de la part des Unités nationales de mise en œuvre du CIR (UNMO) basées dans les pays et de l'ensemble de l'équipe du CIR.

L'objectif premier de chaque récit d'impact, ainsi que de l'ensemble du catalogue, est d'adopter une approche journalistique en relatant l'implication du CIR dans les PMA au cours de la Phase Une et Deux. Le but est de fournir des informations pertinentes et de documenter les résultats et les impacts, ainsi que certains enseignements tirés du travail du partenariat du CIR dans les PMA. Ces récits ne fournissent pas une vue d'ensemble de tous les aspects de l'implication du partenariat du CIR, tels que les calendriers précis ou l'étendue exacte de la participation (c'est-à-dire les contributions financières). Ils constituent plutôt un moyen d'information parmi d'autres sur le travail du partenariat du CIR. Les lecteurs intéressés sont encouragés à compléter ces récits d'impact en consultant d'autres sources, notamment les Rapports annuels du CIR, les articles des Nouvelles de l'Aide pour le commerce, les canaux de réseaux sociaux du CIR et, le cas échéant, les UNMO dans les PMA ainsi que le Secrétariat exécutif du CIR.

Il est essentiel de reconnaître que les informations fournies ne sont ni exhaustives (par exemple, elles sont basées sur les dernières données disponibles au moment de la rédaction en 2023) ni de nature évaluative. 

Enfin, bien que chaque récit d'impact adhère à une structure similaire, la diversité des pays, des contextes et des implications du CIR signifie que chaque histoire est unique.

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