20 février 2019

Annette Ssemuwemba: Quoi de neuf dans la nouvelle stratégie du CIR?

by Deanna Ramsay / in Questions réponses

La Directrice exécutive adjointe du CIR présente le Plan stratégique du CIR pour 2019‑2022, récemment lancé, et s'exprime sur le principe consistant à ne laisser aucun PMA pour compte

Le CIR vient tout juste de lancer son Plan stratégique. Que contient‑il de neuf et comment évolue‑t‑il avec le CIR?

Nous nous efforçons d'approfondir nos travaux dans différents domaines sans nécessairement changer nos objectifs concernant les pays les moins avancés (PMA). Ces objectifs consistent à améliorer l'environnement commercial afin de générer une croissance inclusive et durable, à accroître les exportations et à faciliter l'accès aux marchés internationaux.

Comment améliorons‑nous l'environnement commercial? Nous en sommes en quelque sorte à la deuxième génération de l'intégration du commerce. Par exemple, nous allons au‑delà de nos Études diagnostiques sur l'intégration du commerce (EDIC), qui sont nos travaux de recherche et d'analyse par pays, pour analyser certains secteurs au sein des pays et voir comment le commerce a été intégré à ces différents secteurs. Ainsi, grâce à nos travaux analytiques, nous adopterons une approche bien plus précise pour réaliser nos objectifs.

Nous accorderons davantage d'importance aux questions thématiques liées à la jeunesse, aux PME et à l'autonomisation économique des femmes et nous veillerons à ce que nos projets visent les secteurs dans lesquels l'impact concerne les emplois et les revenus.

Par ailleurs, nous travaillons sur les chaînes de valeur stratégiques, en nous attaquant à certains secteurs de sorte à favoriser la compétitivité des exportations et le potentiel économique. Nous ciblerons les acteurs à tous les stades des chaînes de valeur pour faire en sorte que les pays deviennent plus compétitifs à des fins d'exportation.

Pourquoi importe‑t‑il de se pencher sur les chaînes de valeur?

Nous sommes conscients qu'il existe différents acteurs tout au long de la chaîne de valeur et que si l'on ne soutient qu'un seul maillon, cette chaîne peut être brisée. Nous devons axer nos travaux sur tous les intervenants, c'est‑à‑dire sur les producteurs, les intermédiaires, le secteur privé et les gouvernements qui participent à la formulation et à la mise en œuvre des politiques.

Le CIR soutient les producteurs en faisant en sorte qu'ils disposent de la technologie et de la formation nécessaires et que les problèmes de réglementation soient résolus. Néanmoins, si la production augmente indépendamment du potentiel d'exportation, cela signifie que nous n'avons pas atteint notre objectif de compétitivité des exportations. Ainsi, en plus de concentrer notre attention sur les producteurs, nous nous intéressons désormais aux coopératives qui participent à la commercialisation. Nous nous intéressons aux entreprises qui se chargent d'exporter les produits des coopératives. Nous nous intéressons au conditionnement. Nous cherchons à faire en sorte que les pays aient réellement accès aux débouchés offerts sur les marchés internationaux.

La nouvelle stratégie du CIR comprend une théorie du changement revalidée. Pouvez‑vous nous en dire plus à ce sujet?

Nous avons mené à bien toute une réflexion pour tirer les enseignements de notre expérience passée et essayer de comprendre où nous en étions de nos hypothèses. Ce processus d'apprentissage et d'évaluation auquel ont participé les pays, nos partenaires de développement, nos partenaires de financement et les organisations, nous a permis d'avoir une compréhension et une perspective nouvelles de notre théorie du changement.

Nous avons revu nos hypothèses. Nous avons appris que l'appropriation nationale demeurait importante pour que les pays puissent faire la transition. Nous avons également appris que les politiques devaient être mises en œuvre efficacement – élaborer des politiques ne suffit pas, il faut les appliquer. On observe de meilleurs résultats dans les pays où les politiques ont été mises en œuvre, dans la mesure où elles se sont traduites par des résultats concrets.

Nous avons appris qu'il était important de prendre en considération tous les secteurs de l'économie, tels que les groupes d'intérêts spéciaux comme les jeunes et les femmes. Toute cette démarche d'actualisation et de réflexion sur nos réalisations nous a donc aidés à inscrire ce nouveau raisonnement dans notre théorie du changement.

On voit maintenant très clairement le lien entre les cibles et objectifs de notre Plan stratégique et le principal résultat au niveau de l'impact, à savoir que les PMA soient en mesure d'utiliser le commerce aux fins du développement durable et de la réduction de la pauvreté.

Ce processus a été très utile, car il nous a également permis d'identifier les autres acteurs participant à nos travaux sur le commerce. En effet, il existe certains domaines sur lesquels nous exercerons une influence et d'autres sur lesquels d'autres acteurs exerceront une influence; nous comprenons à présent mieux qui sont les autres intervenants à l'œuvre et ce qu'ils apportent à la table des négociations commerciales.

L'un des nouveaux éléments dans la stratégie du CIR est l'accent qui est placé sur les pays fragiles et touchés par des conflits. Pouvez‑vous m'en dire plus et m'expliquer comment vous privilégierez ces pays?

Nous nous attacherons principalement à appuyer le changement dans les pays fragiles et touchés par des conflits et à collaborer avec d'autres partenaires sur le terrain. Nous serons plus souples dans notre manière de décliner et de mettre en place les projets car nous savons que la situation des pays peut changer rapidement.

Nous collaborerons avec des partenaires non traditionnels comme la société civile ou le secteur privé s'ils sont actifs sur le terrain et comprennent les enjeux politiques et économiques. Il importe avant tout de faire en sorte que le système continue d'évoluer et ne s'arrête pas.

Notre objectif final est de garantir qu'aucun pays ne soit laissé pour compte.

Quelles sont les autres nouveautés?

Je pense que nous avons très clairement énoncé les résultats que nous entendons obtenir grâce à ce plan stratégique. Nous avons également été très clairs sur notre approche de mise en œuvre et sur ce que nous allons faire différemment. Nous passerons à l'action rapidement et ferons preuve de souplesse et nous délaisserons l'approche fondée sur les "catégories" en faveur d'un mécanisme beaucoup plus large dans le cadre duquel nous porterons surtout nos efforts sur les résultats.

Nous avons en outre proposé de nouveaux mécanismes de financement afin de cibler les questions thématiques de sorte à pouvoir encourager davantage de participation et, bien sûr, de garantir l'appropriation nationale.

Des observations finales sur les cibles et les objectifs du CIR?

Nous souhaitons avant tout que notre programme améliore l'environnement commercial afin que la croissance devienne inclusive et durable. Pour atteindre cet objectif, il faudra peut‑être renforcer un peu les capacités institutionnelles ou les capacités productives ou mener une étude de faisabilité, ou réaliser d'autres travaux. L'essentiel est que le résultat soit clairement défini.

Notre deuxième but consiste à augmenter les exportations et à faciliter l'accès aux marchés internationaux. Pour ce faire, nous pouvons être amenés à renforcer les capacités institutionnelles, à nous pencher sur les chaînes de valeur stratégiques, à nous intéresser à la technologie ou encore à mobiliser des ressources. Ainsi, nous tâchons d'axer davantage nos travaux sur nos objectifs généraux afin d'avoir un maximum d'impact.

 

Consultez ici le Plan stratégique 2019-2022.

Mots-clés
Avertissement
Any views and opinions expressed on Trade for Development News are those of the author(s), and do not necessarily reflect those of EIF.