L'attention de tous étant concentrée sur la guerre tarifaire entre la Chine et les États Unis, une dynamique inquiétante observée dans la politique commerciale de nombreux pays a été ignorée.
Les aléas de la guerre tarifaire bilatérale entre la Chine et les États Unis faisant les gros titres, une autre évolution significative des politiques commerciales n'a pas reçu l'attention qu'elle méritait en 2019. En résumé, la dynamique qui sous tend les réformes d'ouverture des marchés s'est considérablement émoussée, notamment dans les grands marchés émergents. Cette évolution limite les bénéfices que les exportations et l'investissement étranger peuvent apporter aux économies nationales quel que soit leur stade de développement. Les experts et responsables gouvernementaux réunis à Washington, D.C., pour les assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale devraient réfléchir aux implications de ce phénomène trop négligé pour la trajectoire de l'économie mondiale.
LES FAITS
Pour la première fois depuis sept ans, selon les données collectées par l'équipe de Global Trade Alert, on observe dans le monde une forte baisse du nombre total de réformes de la politique commerciale qui ont été mises en œuvre afin d'ouvrir les marchés et de réduire le biais en faveur des entreprises locales. Par rapport aux dix premiers mois de 2018, cette année, le nombre de nouvelles réformes des échanges, de l'investissement et d'autres réformes commerciales a baissé de 25% (voir graphique ci dessous). En outre, sur les 270 réformes enregistrées cette année, 16 ont déjà expiré.
Les gouvernements sont devenus plus réticents à ouvrir les marchés locaux aux négociants et aux investisseurs étrangers. Sur le nombre total d'initiatives mises en œuvre en vue de réduire les taxes à l'importation, on en compte 39 de moins cette année que sur la même période en 2018. Par ailleurs, les peurs liées aux risques de détérioration de la situation des entreprises multinationales et autres entités similaires sont telles que le nombre de réformes visant l'investissement étranger direct (IED) introduites cette année est moitié moins élevé que sur la même période l'année dernière. Enfin, les mesures prises par les gouvernements pour stimuler les exportations, qui constituent un aspect essentiel, mais souvent négligé, des réponses de certains pays face à la crise en matière de politique commerciale, sont abrogées à un rythme beaucoup moins rapide cette année.