La COVID 19 met en évidence les interconnexions qui existent au sein du commerce de produits agroalimentaires; en outre, des efforts doivent être faits pour agir en vue d'instaurer des systèmes alimentaires sûrs.
La pandémie de COVID‑19 a des effets dévastateurs sur la vie et les moyens d'existence des populations, les plus vulnérables d'entre elles étant les plus durement touchées. D'après des estimations de la Banque mondiale, 100 millions de personnes pourraient aujourd'hui tomber dans l'extrême pauvreté, et selon la CNUCED, le commerce mondial pourrait chuter d'environ 20% en 2020. Dans les pays en développement, bon nombre des secteurs qui avaient créé des emplois et contribué à la croissance économique au cours de la dernière décennie sont parmi les plus touchés, depuis les fruits et légumes jusqu'aux fleurs coupées et au tourisme.
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Dans le même temps, la pandémie met en évidence l'interconnexion des chaînes d'approvisionnement mondiales, y compris dans le commerce des produits agroalimentaires. Elle révèle également la facilité avec laquelle les parasites des végétaux et les maladies animales peuvent traverser les frontières et la manière dont les zoonoses – maladies transmissibles de l'animal à l'homme – peuvent se propager, ce qui montre la nécessité d'un effort coordonné pour gérer leur impact. Pourtant, dans les pays en développement et les pays les moins avancés (PMA), où les systèmes de santé, les infrastructures et les ressources sont insuffisants, les organismes de réglementation et le secteur privé, en particulier les petites entreprises, ont de grandes difficultés à s'adapter.
Renforcer la résilience: priorité à la sécurité sanitaire des produits alimentaires, à la santé des animaux et à la préservation des végétaux
La nature dévastatrice de la pandémie montre qu'il est urgent d'agir et d'investir pour améliorer la sécurité sanitaire des produits alimentaires et les systèmes zoosanitaires et phytosanitaires qui contribuent à un commerce sûr. Elle montre également la nécessité de renforcer la capacité des acteurs des secteurs public et privé de faire face aux menaces reconnues, y compris la crise climatique.
Le renforcement de la sécurité sanitaire des produits alimentaires, de la santé des animaux et de la préservation des végétaux constitue un bien public mondial. Bon nombre de gouvernements et d'entreprises reconnaissent la nécessité d'améliorer leurs systèmes et leur capacité de protéger la santé des populations et des animaux et de préserver les végétaux. Ils estiment également que cela est utile pour promouvoir l'accès des produits agroalimentaires aux marchés régionaux et internationaux.
Toutefois, pour réaliser des améliorations, il faut davantage de ressources financières, d'infrastructures et de compétences techniques, ainsi que des approches nouvelles et innovantes qui relient les secteurs public et privé.
Perspectives: définir et mettre en œuvre rapidement des solutions pour un commerce sûr
S'agissant de permettre un commerce sûr dans les pays en développement et les PMA, le prix de l'inaction est nettement supérieur au montant des investissements nécessaires. Et les coûts s'accumulent.
Les conclusions de la Banque mondiale montrent que l'insalubrité des produits alimentaires entraîne une perte de productivité de 95 milliards de dollars EU par an dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. De son côté, la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV) indique que les parasites et maladies des végétaux entraînent une perte de 10 à 16% des récoltes mondiales chaque année, pour un coût estimé à plus de 220 milliards de dollars EU. En outre, selon l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), une seule maladie animale, la peste des petits ruminants (PPR) ou "peste caprine", entraîne des pertes économiques atteignant 2,1 milliards de dollars EU par an, ce qui affecte 330 millions de personnes parmi les plus pauvres du monde.
Transformation numérique
On peut faire davantage pour adopter de nouveaux outils et de nouvelles technologies permettant aux pays à faible revenu de se conformer aux normes internationales, d'accroître la transparence, de réduire les coûts et d'accélérer les flux commerciaux.
Les exemples prometteurs de passage au numérique dans les pays en développement incluent l'inspection à distance de la sécurité sanitaire des produits alimentaires, ainsi que l'utilisation de données et d'outils informatiques pour aider à prévenir les épidémies avant qu'elles ne se déclarent, comme le projet du Fonds pour l'application des normes et le développement du commerce (STDF) prévoyant l'utilisation d'appareils mobiles et d'une application sur smartphone pour la surveillance des parasites en Asie.
La certification électronique joue également un rôle clé dans la facilitation du commerce transfrontières sans papier, y compris la solution ePhyto pour un commerce sûr des végétaux et des produits d'origine végétale. Dans le cadre d'un projet soutenu par le STDF, 88 pays, dont 51 pays en développement et PMA, se connectent à la plate‑forme ePhyto. Les organisations nationales de protection des végétaux échangent déjà 11 000 certificats ePhyto chaque mois, le système pouvant traiter jusqu'à 100 000 certificats par jour. Le passage au numérique réduit les délais et les coûts de traitement des documents papier, améliore la transparence et réduit les risques de fraude. Cela favorise un commerce sûr, ce qui aboutit à une croissance économique durable, à une réduction de la pauvreté et à la sécurité alimentaire.
Meilleure utilisation des données disponibles
Il faut faire des choix difficiles pour donner la priorité aux investissements les plus importants afin de stimuler les exportations, alors que les pays ont de nombreux besoins concurrents s'agissant d'améliorer leurs capacités avec des ressources limitées.
La pandémie met en évidence l'interconnexion des chaînes d'approvisionnement mondiales, y compris dans le commerce des produits agroalimentaires. Elle révèle également la facilité avec laquelle les parasites des végétaux et les maladies animales peuvent traverser les frontières et la manière dont les zoonoses – maladies transmissibles de l'animal à l'homme – peuvent se propager, ce qui montre la nécessité d'un effort coordonné pour gérer leur impact.
Pour combler le déficit de capacités, les pays en développement peuvent utiliser les outils de l'OIE, de la CIPV et de la FAO/OMS pour déterminer les domaines dans lesquels les besoins sont les plus pressants ainsi que l'outil du STDF pour l'établissement de priorités en matière d'investissements (P‑IMA).
À Madagascar, les parties prenantes publiques et privées ont utilisé le P‑IMA pour établir des priorités parmi 16 possibilités d'investissement dans le domaine SPS, au regard d'objectifs de politique générale allant de la croissance des exportations à la productivité agricole et à l'emploi, y compris pour les MPME, les femmes et les jeunes. Sur la base des données disponibles, des ressources ont été obtenues pour lutter contre le faux carpocapse, un problème énorme pour les exportations de produits horticoles. De plus, le Cadre intégré renforcé collabore avec les autorités pour prendre en compte d'autres investissements jugés très importants, comme ceux axés sur les limites de résidus de pesticides dans les fruits, légumes et céréales destinés à l'exportation.
Dans le cadre d'un projet en cours du STDF, le Kenya, l'Éthiopie, le Rwanda, l'Ouganda et la Zambie utilisent le P‑IMA, en partenariat avec le Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA) et le CIR, pour sélectionner les investissements susceptibles de produire le plus de résultats au regard des objectifs de politique générale.
Des partenariats dynamiques
Dans de nombreux pays, les acteurs des secteurs public et privé s'emploient à collaborer plus étroitement pour soutenir des objectifs partagés en matière de commerce sûr, y compris en mettant en commun les compétences, les connaissances et les ressources les plus récentes.
En Afrique de l'Ouest et en Amérique centrale, des projets soutenus par le STDF permettent de renforcer le dialogue public‑privé sur l'utilisation de données fiables en matière de sécurité sanitaire des produits alimentaires émanant des opérateurs du secteur alimentaire, y compris les PME, compte tenu des principes et lignes directrices du Codex relatifs aux programmes d'assurance volontaire par des tiers. Cela s'inscrit dans le cadre d'une initiative plus large des gouvernements visant à favoriser une approche réglementaire plus flexible et plus ciblée fondée sur les risques. Cela devrait également aider les PME, qui représentent la majeure partie des opérateurs du secteur alimentaire dans les pays en développement, à améliorer leurs résultats en matière de sécurité sanitaire des produits alimentaires.
Dessiner un nouveau paysage mondial: la voie vers un commerce sûr et inclusif
Le paysage commercial mondial évoluait déjà avant la pandémie; le commerce régional et le commerce Sud‑Sud se développaient de façon spectaculaire parallèlement à l'émergence de chaînes de valeur mondiales dans le secteur agroalimentaire. Dans le monde entier, on s'intéresse de plus en plus à l'utilisation de nouvelles technologies, y compris la chaîne de blocs, pour transformer le commerce des produits agricoles. On observe également un intérêt croissant pour la sécurité sanitaire des produits alimentaires et des produits agricoles importés en raison de préoccupations à cet égard et de la fraude alimentaire.
Reconnaissant ces tendances et la manière d'en tirer parti, la stratégie du STDF pour 2020-2024 établit une voie pour parvenir à un commerce sûr et inclusif, conformément au Programme 2030 de l'ONU.
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En savoir plus sur la réponse du partenariat mondial du STDF à la COVID‑19: https://standardsfacility.org/stdf-partnership-updates-covid-19.
Télécharger la stratégie du STDF pour 2020‑2024 intitulée "Safe and inclusive trade horizons for developing countries": https://standardsfacility.org/new-stdf-strategy.
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