26 octobre 2021

Comment l'Aide pour le commerce peut compléter le financement de l'action climatique

Chacun ayant le changement climatique à l'esprit, à l'approche de la Conférence des Nations Unies de 2021 sur les changements climatiques (COP26), quelles sont les grandes questions à l'ordre du jour pour les pays les moins avancés (PMA)?

L'adaptation au changement climatique est cruciale pour les PMA

Les PMA rejettent des quantités négligeables de carbone dans l'atmosphère, et pourtant leurs populations s'avèrent être les plus durement touchées par le changement climatique. L'économie des PMA dépend fortement de l'agriculture, qui est très sensible à la hausse des températures, à l'augmentation de la fréquence des inondations et à l'élévation du niveau de la mer. Bien d'autres facteurs expliquent l'exposition des PMA, par exemple l'absence d'une infrastructure favorisant la reprise et la résilience, et l'insuffisance des investissements nécessaires. Font également défaut les politiques, les compétences et les investissements nécessaires pour favoriser le transfert vers de nouvelles technologies, en vue de réaliser les ajustements requis. Les conflits intérieurs, l'instabilité politique et les questions de sécurité alimentaire et de santé qui viennent s'ajouter ne font qu'aggraver les choses. En outre, les mesures prises pour lutter contre le changement climatique dans les pays développés, comme la version actuelle du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières de l'UE, pourraient bien faire subir aux paniers d'exportation déjà limités de certains PMA une hausse des coûts du commerce qu'ils pourraient difficilement supporter.

Qu'est-ce qui pourrait aider rapidement les PMA à s'adapter? Le financement de l'action climatique. Est-il accessible aux PMA? Clairement pas assez. Jusqu'à présent, les engagements des pays développés en matière de financement de l'action climatique n'ont pas atteint l'objectif des 100 milliards d'USD par an fixé pour 2020 par l'Accord de Paris. Par ailleurs, l'accès à la mosaïque de financements effectivement dédiés au climat peut souvent s'avérer labyrinthique. Parmi les problèmes en matière d'accès à ces financements, on peut citer le recours excessif à des financements non concessionnels, la non-adéquation des financements avec les budgets nationaux, les mauvais systèmes de gestion financière des PMA et le fait que les délais pour accéder aux financements sont parfois plus longs que les cycles électoraux, comme l'a mis en évidence le groupe d'experts indépendants sur le financement de l'action climatique. L'Institut sud-africain des affaires internationales (SAIIA) met en exergue d'autres problèmes prenant leur origine du côté des donateurs, comme la complexité due à la diversité des procédures et le manque de soutien en matière de capacités pour faciliter la compréhension des exigences des donateurs.

Quoi d'autre pourrait aider? L'Aide pour le commerce et les programmes comme le Cadre intégré renforcé (CIR) pourraient certainement venir à l'appui des initiatives existantes en matière de financement de la lutte contre le changement climatique. L'Aide pour le commerce, qui est un mécanisme de soutien international clé, a permis le versement de fonds estimés à 400 milliards d'USD depuis 2006. Ce mécanisme peut contribuer à faire que la croissance et les exportations des PMA soient à l'origine de moins d'émissions de carbone et à les orienter vers des marchés plus respectueux de l'environnement.

Lier plus étroitement les priorités du commerce et du changement climatique

Pour que les PMA aient accès aux financements de l'Aide pour le commerce pour lutter contre le changement climatique, un lien direct doit être établi entre leur politique commerciale et leur politique en matière de changement climatique. Par exemple, le fait que leur étude diagnostique sur l'intégration du commerce (EDIC) du CIR ou leur politique commerciale nationale cadre, s'il y a lieu, avec leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) en matière de changement climatique dans l'Accord de Paris pourrait être un début. Un lien direct entre le commerce et les problématiques relatives à l'agriculture, à la sylviculture, à l'aménagement du territoire, aux industries extractives, à l'énergie, au transport, etc, ne sera pas établi pour toutes les CDN, mais ce sera le cas pour beaucoup. De même, toutes les recommandations d'une EDIC ne seront pas directement en lien avec le changement climatique, mais beaucoup le seront. L'analyse environnementale prend plus de place dans les EDIC récentes que le CIR réalise depuis 2016, et on espère que les futures EDIC bénéficieront des recherches en cours du CIR, de l'ODI et de l'Institut international pour l'environnement et le développement (IIED) en vue de faire coïncider les stratégies commerciales et environnementales des PMA.

Les PMA sont déjà en train d'élaborer une version actualisée des contributions déterminées au niveau national et des plans nationaux d'adaptation au titre de l'Accord de Paris. L'Aide pour le commerce est en bonne position pour offrir un soutien supplémentaire pour traiter les aspects prioritaires liés au commerce des CDN et ainsi compléter le financement limité de l'action climatique. Les questions telles que les exemptions du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières en faveur des PMA ou la fixation d'un prix mondial du carbone pourraient prendre de l'ampleur et les PMA peuvent agir en parallèle, tandis que ces questions sont négociées par les pays du G-7 ou du G-20. Le soutien en faveur de la diversification et de l'adaptation peut intervenir dès maintenant et, si les PMA le demandent, l'Aide pour le commerce peut apporter son concours.

Où l'Aide pour le commerce peut-elle aider? Les recherches en cours du CIR, de l'ODI et de l'Institut international pour l'environnement et le développement (IIED) montrent que les PMA ont de toute urgence besoin d'une infrastructure intelligente face au climat pour ce qui est des transports et de la production d'énergie, et qu'ils doivent se diversifier et s'intégrer dans des chaînes de valeur vertes – locales, régionales et mondiales. Les autres domaines dans lesquels un soutien est nécessaire sont la participation des PMA aux marchés du carbone, l'adoption par ces pays de l'étiquetage carbone et l'acquisition d'une meilleure compréhension de la teneur en carbone, non seulement des produits mais également des services. Tout un ensemble de problématiques liées au transfert de technologie se posent également, et en la matière, le commerce doit assurément jouer un rôle central dans la solution.

C'est maintenant

Le temps presse. Une forte réduction à long terme des émissions de CO2 et d'autres gaz à effet de serre limiterait le changement climatique mais cela prendrait quand même jusqu'à 30 ans pour que les températures se stabilisent au niveau mondial. Les enjeux de la COP26 et des discussions du G‑20 qui doivent se tenir cette année sont de taille, car si elles aboutissent, les retombées seront considérables pour la planète et pour les PMA. À défaut, si elles pâtissent de problèmes d'ordre technique ou politique, ou même si elles n'aboutissent que partiellement, rien n'empêche les PMA de collaborer dès maintenant avec les partenaires de développement dans les domaines du commerce et du changement climatique.

Le CIR, l'ODI et l'IIED organiseront pendant la COP26 de novembre une manifestation publique sur le thème "Concilier les stratégies environnementales et commerciales des pays les moins avancés". Pour en savoir plus sur cette manifestation, cliquer ici .

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