RÉSULTATS CLÉS
- Intégration du commerce | Le Cadre intégré renforcé (CIR) a soutenu le Tchad pour réussir à intégrer le commerce dans sa Stratégie nationale de développement.
- Diversification des produits de base| Le soutien du CIR a aidé le Tchad à diversifier son économie et à réduire sa dépendance à l'égard du pétrole.
- Réduction de la pauvreté | Le CIR a concouru à réduire la pauvreté au Tchad grâce au renforcement des capacités et à l'accroissement des exportations dans le secteur de la gomme arabique.
- Renforcement des compétences | Les formations et le soutien technique ciblés du CIR dans le secteur tchadien des cuirs et peaux ont permis d'améliorer à la fois les compétences et la qualité des produits.
Situé au cœur de l'Afrique, le Tchad compte six pays limitrophes. C'est le cinquième plus grand pays sur le continent africain, et le plus vaste sans littoral. Il est donc par force tributaire des pays voisins – comme le Cameroun et le Soudan – pour l'accès aux infrastructures portuaires.
L'histoire du Tchad a été marquée par des conflits et la dépendance à l'égard du pétrole, d'où des difficultés sociales, politiques et économiques touchant de façon disproportionnée les populations les plus pauvres. Les principales exportations sont le pétrole et l'or, mais l'agriculture est un moteur important de l'économie, puisque la majorité des Tchadiens pratiquent l'agriculture de subsistance et l'élevage. La gomme arabique, le sésame, les bovins et le coton sont les principaux produits agricoles exportés.
Afin d'améliorer les moyens d'existence sur son territoire, le Tchad s'emploie à diversifier son économie et à la rendre plus compétitive. Ces objectifs ont été énoncés dans des documents d'orientation gouvernementaux, y compris la stratégie à long terme Vision 2030, le Tchad que nous voulons et le Plan national de développement (2017-2021). Le CIR collabore avec le Tchad pour intégrer le commerce dans ses plans nationaux de développement et dans plusieurs stratégies sectorielles. L'un des principaux objectifs de la réforme économique conformément à la Vision 2030 est de diversifier l'économie tchadienne en réduisant sa dépendance à l'égard des exportations de pétrole. M. Mahamat Touka Saleh, ancien Coordonnateur de l'Unité nationale de mise en œuvre (UNMO) du CIR au Tchad, indique que les nouveaux investissements contribuent à diversifier les exportations et créer des emplois durables dans les communautés rurales.
Intégration du commerce dans les plans nationaux de développement
Le CIR avait lancé en juillet 2011 une initiative visant à consolider les capacités institutionnelles du Tchad en renforçant les compétences et les structures nécessaires pour intégrer le commerce dans les priorités de développement. À l'époque, la croissance économique était surtout tirée par le secteur pétrolier et, contrairement à d'autres secteurs prioritaires comme l'agriculture et l'élevage, le commerce ne bénéficiait pas d'un financement public continu.
Cette initiative pour l'intégration du commerce, qui a pris fin en mai 2017, a été cruciale pour transformer l'environnement social, politique et économique du Tchad. Elle était particulièrement opportune, car le pays a traversé entre 2016 et 2018 une grave récession causée par la chute brutale des prix du pétrole.
L'UNMO du Tchad a contribué à élaborer et à mettre en place la Stratégie commerciale nationale, et a soutenu la mise en œuvre des plans nationaux de développement (PND 2013-2015 et PND 2017‑2021). En 2016, au titre d'un décret présidentiel, elle a été placée sous l'égide du Ministère du développement industriel et commercial et de la promotion du secteur privé.
L'UNMO a fourni un appui essentiel pour le renforcement des capacités commerciales, qui a permis d'intégrer efficacement le commerce dans la planification nationale avec un niveau élevé d'appropriation par les parties prenantes. Elle a aussi apporté une assistance technique à d'autres structures relevant du Ministère du commerce et de l'industrie. Prises conjointement, ces mesures soutenues par le CIR ont grandement renforcé les capacités du Ministère pour élaborer, formuler et déployer des politiques visant à diversifier et à développer les échanges.
Valorisation du potentiel de secteurs commerciaux inexploités
En avril 2013, l'UNMO tchadienne a organisé un atelier à l'intention des ministères, de la société civile et des groupements professionnels. Cet atelier a permis d'identifier quelques produits de base autres que des combustibles fossiles qui offriraient un potentiel commercial et une valeur ajoutée, y compris le natron (un carbonate de sodium), les dattes et le sésame.
Contrairement à d'autres plus connus, aucun de ces trois secteurs ne figurait dans les programmes des donateurs et partenaires de développement. Avec peu de données disponibles pour évaluer le potentiel, le CIR a effectué des études sur les chaînes de valeur pour chacun des produits et a mis au jour des domaines d'intervention possibles. Ces travaux ont ensuite été validés lors d'un atelier organisé par l'UNMO, montrant aussi que le renforcement de ces secteurs ouvrirait de larges horizons de développement économique.
Il est ressorti des études du CIR que le natron, provenant de lits de lacs taris et principalement utilisé comme complément, représentait un potentiel prometteur dans le secteur de l'élevage, en particulier sous forme d'aliments pour les animaux et de médicaments pour l'élevage de bovins et de chameaux. Ces analyses ont aussi porté sur les conditions d'extraction et d'exportation du natron tchadien, et souligné qu'il fallait tenir compte des besoins des consommateurs finals dans la chaîne de valeur.
Les dattes sont des fruits appréciés à travers le monde, et un produit alimentaire essentiel dans de nombreuses régions. Généralement consommées fraîches, elles servent aussi parfois à nourrir les animaux pendant la période de soudure. D'après l'étude sur la chaîne de valeur menée par l'UNMO avec l'appui du CIR, le Tchad, compte tenu de son climat désertique (le nord du pays se situe en grande partie dans le Sahara), pourrait bénéficier d'un meilleur entretien des palmeraies. Les palmeraies dattières sont une composante essentielle du système oasien: elles créent un microclimat qui permet aux cultures et au petit bétail de prospérer dans des conditions extrêmement arides.
Le Tchad demeure un producteur marginal sur le marché mondial de la datte, mais des marges de progression prometteuses se dessinent. La première étape clé consiste à étoffer les connaissances et les travaux de recherche concernant les palmeraies tchadiennes, ainsi que les ressources nécessaires pour les entretenir. Cela contribuera à accroître la production et la productivité du secteur, lequel dispose d'un marché national captif.
L'huile de sésame a des propriétés aphrodisiaques, thérapeutiques et culinaires, ce qui en fait le principal produit commercial de la transformation du sésame. L'étude sur le secteur du sésame a montré que des investissements dans la transformation et la promotion des produits donneraient au Tchad une place autrement plus importante sur le marché mondial. Le sésame tchadien est exporté principalement vers le Bénin, le Cameroun, le Nigéria, la République centrafricaine et le Soudan. La chaîne de valeur de l'huile de sésame pourrait être mieux organisée, en particulier au niveau de la production, de manière à renforcer le secteur et à offrir plus de stabilité économique aux producteurs.
Le gouvernement tchadien a pris en considération les résultats des études sur les chaînes de valeur du natron, des dattes et du sésame dans son Plan national de développement (PND 2024-2028). Ces études ont aussi permis à d'autres parties prenantes de mettre en place des programmes de soutien pour ces secteurs qui n'en bénéficiaient pas auparavant.
Restauration du commerce ancestral de la gomme arabique
Par ailleurs, le CIR a aidé le Tchad à renforcer son secteur de la gomme arabique. Cette résine extraite des acacias est un additif utilisé dans les boissons gazéifiées, les aliments et les cosmétiques. Le développement du secteur de la gomme arabique du Tchad depuis 2010 lui a permis de devenir le deuxième producteur mondial après le Soudan. De 2010 à 2022, la production a presque triplé, passant de 14 551 tonnes à 42 000 tonnes.
Le CIR a soutenu le secteur par le biais d'un projet visant à renforcer les capacités commerciales, dont le succès a permis de mieux faire connaître la récolte de gomme arabique et suscité un intérêt accru. Ce soutien ciblé a été essentiel pour former les producteurs et les aider à s'organiser: ils ont ainsi constitué 10 syndicats, 2 coopératives, 3 associations régionales et 1 groupe interprofessionnel national pour pouvoir vendre, de manière collaborative, leurs produits à de meilleurs prix.
Les procédés de récolte ont eux aussi été largement améliorés, ce qui a accru la production, la productivité et la qualité. D'après le Centre du commerce international (ITC), le volume des exportations tchadiennes de gomme arabique devrait doubler entre 2020 et 2025. Le secteur occupe maintenant la troisième place dans les exportations du Tchad en valeur – derrière le pétrole et le coton – avec en 2022 environ 30,6 millions d'USD, et des destinations parmi lesquelles l'Allemagne, la Chine, les États-Unis, la France et l'Inde.
Cet accroissement de la production et des volumes d'exportation est particulièrement encourageant pour les récolteurs de gomme arabique locaux, dont les perspectives économiques sont restreintes. Ils vendent la gomme sur place aux agents de grands fournisseurs, qui à leur tour la revendent à des exportateurs au Tchad et au Nigéria.
Renforcement des capacités dans le secteur des cuirs et peaux
En 2010, l'ITC a mené une étude sur la chaîne de valeur des cuirs et peaux, dont il est ressorti qu'il était nécessaire de renforcer les capacités. En particulier, ce secteur rencontrait des difficultés dans la mesure où les producteurs ne maîtrisaient pas les techniques de dépouillement et de conservation garantissant la production de marchandises de bonne qualité, et où les cours de formation et les outils adaptés faisaient défaut.
Dans ce contexte, l'UNMO a mis en place un projet financé par le CIR pour améliorer la compétitivité du secteur en renforçant les capacités des parties prenantes. Un vaste éventail de bénéficiaires, y compris des bouchers, des tanneurs et des artisans, ont été formés aux techniques de dépouillement, à la gestion administrative et financière, et à des approches moins polluantes. Le processus de tannage fait en effet intervenir un certain nombre de produits chimiques et de composés organiques qui peuvent nuire à l'environnement. Grâce au soutien du CIR, des tanneurs ont appris à utiliser les techniques végétales et les meilleures pratiques relatives à la gestion des eaux usées, en vue de réduire la pollution industrielle et d'améliorer la santé publique.
Des producteurs ont aussi reçu du matériel technique, ce qui a débouché sur une nette amélioration des conditions de travail, ainsi que de la qualité des peaux et cuirs produits.
Le renforcement des capacités dans les secteurs des cuirs et peaux et de la gomme arabique a été, et demeure, une forte composante de la "Vision 2030". À cela s'ajoute que le gouvernement est déterminé à développer les secteurs du natron, des dattes et du sésame, ce qui fait avancer le Tchad sur la voie d'une croissance économique soutenue, de la réduction de la pauvreté et du développement durable, tout en évitant la vulnérabilité que comporte une dépendance excessive à l'égard du pétrole et de l'or pour les recettes d'exportation.
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