20 juillet 2023

S'appuyer sur un écosystème commercial unique

by Kudzai Makombe Hang Tran / in Récit d'expérience

PRINCIPAUX RÉSULTATS

  • La présence du Cadre intégré renforcé (CIR) aux Tuvalu est unique en ce qu'elle contribue à mettre sur pied un écosystème commercial: le petit financement accordé a joué un rôle de catalyseur et permis d'obtenir des résultats disproportionnellement importants dans le renforcement du cadre de politique générale et des capacités sectorielles. Au moyen des ressources du CIR, les Tuvalu ont élaboré une stratégie nationale de développement du commerce concertée, une stratégie relative au tourisme et une stratégie en matière de commerce électronique et amélioré leurs réglementations applicables à l'investissement et aux normes. Le cadre de politique générale permet des interventions efficaces dans des secteurs prometteurs, par exemple l'huile de coco, le poisson séché, le tourisme et la capacité de production, dans l'intérêt des entreprises et acteurs au niveau local.
  • Le CIR a également aidé à établir l'Unité nationale de mise en œuvre du CIR (UNMO) en tant que bien public. Il a soutenu la coordination entre les différents partenaires de développement aux Tuvalu, y compris la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP), le Forum des îles du Pacifique et l'Agence australienne pour le développement international.

Les Tuvalu, un petit ensemble d'îles de l'océan Pacifique, doivent travailler plus dur que la plupart des autres pays les moins avancés (PMA) pour trouver des moyens d'améliorer la vie de leur population. Le commerce au service du développement offre des possibilités, mais la taille, l'insularité et l'ultrapériphéricité de ce pays constituent des obstacles au commerce en termes de capacité d'offre, d'accès aux marchés mondiaux et régionaux et de compétitivité commerciale. Pour surmonter ces difficultés, le gouvernement des Tuvalu, en collaboration avec ses partenaires de développement, a entrepris des réformes de taille inscrites dans le Plan national de développement – Te Kakeega III (TK3) – et dans la Politique nationale en matière de développement durable (Te Kete), qui vise à réaliser le programme de développement durable à l'horizon 2030 de l'ONU et à améliorer l'efficacité de la participation des Tuvalu au commerce international.

Une politique fondée sur des données factuelles à l'appui d'un commerce durable

Sous les auspices du Ministère de la pêche et du commerce, le Département du commerce (DOT) des Tuvalu et le CIR ont mis sur pied un écosystème commercial unique en instaurant un cadre de politique générale et des capacités de production destinés aux entreprises et producteurs au niveau local.

L'initiative a commencé par la réalisation en 2010 d'une Étude diagnostique sur l'intégration du commerce (ÉDIC) et sa Matrice des actions, avec le soutien du CIR. Le gouvernement s'est pleinement approprié cet exercice et a identifié les contraintes, difficultés, possibilités, solutions et priorités en se fondant sur des données factuelles.

Le CIR a ensuite contribué à l'élaboration de politiques et de stratégies qui permettraient aux organismes gouvernementaux, aux producteurs, aux fournisseurs, au secteur privé, aux exportateurs, aux institutions régionales et aux investisseurs d'aider à créer de la valeur, à en apporter et à la recouvrer dans l'intérêt de tous. Les politiques facilitatrices essentielles mises au point sur la base des résultats de l'ÉDIC sont la Stratégie nationale de développement durable, le Cadre de la politique commerciale, la stratégie en matière de tourisme et la stratégie de commerce électronique. La mise à jour de l'ÉDIC effectuée en 2016 a été alignée sur le Cadre de la politique commerciale des Tuvalu de 2014 et axée sur le développement et l'expansion du commerce par l'entremise du secteur privé. Les activités liées au commerce menées dans les domaines de l'agriculture, de la pêche, du tourisme et de la mobilité de la main‑d'œuvre ont été identifiées comme des priorités, en particulier à la lumière du fait que l'élévation du niveau des mers réduit la superficie terrestre du pays.

Les stratégies et politiques sont conformes aux objectifs du TK3 et de la Te Kete et contribuent à intégrer le commerce dans les stratégies et politiques nationales de développement.

Le partenariat entre le gouvernement et le CIR a également permis de renforcer les institutions et les systèmes et a soutenu le développement des ressources humaines capables d'aider à l'établissement d'un commerce qui fonctionne pour tous, des agriculteurs et pêcheurs à petite échelle aux exportateurs.

Un élément déterminant a été la stimulation et la coordination des partenaires de développement autour d'une palette de reformes de commerce et d'investissement dans un environnement qui recevait auparavant un soutien limité.

Créer des partenariats en action

Les travaux consistant à renforcer la capacité de résilience des producteurs tuvaluans dans leur pays et à améliorer, dans le même temps, la compétitivité sur les marchés régionaux et plus larges ont été réalisés dans le cadre de vastes partenariats. Ces partenariats ont été exploités conformément à la stratégie de mobilisation des ressources du DOT et ont porté leurs fruits s'agissant d'identifier de nouveaux partenaires de développement, d'obtenir l'aide des partenaires existants et de garantir un financement pour les stratégies de développement du commerce et du secteur privé.

Parmi les réussites figure la collaboration que le gouvernement et le CIR ont nouée avec la CESAP en vue d'élaborer la Stratégie nationale de développement du commerce des Tuvalu. La CESAP a fourni un financement et une assistance technique aux fins de la stratégie, tandis que le CIR a pris en charge les coûts opérationnels. L'Organisation du tourisme du Pacifique Sud et le Bureau du Programme des Nations Unies pour le développement aux Fidji ont été des partenaires dans l'élaboration de la Politique des Tuvalu en matière de tourisme durable. Le CIR a accordé un financement pour la réalisation de l'Évaluation rapide de l'état de préparation au commerce électronique, dirigée par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement et également appuyée par le Secrétariat du Forum des îles du Pacifique. L'objectif de l'évaluation était de stimuler le commerce électronique.

Un forum des donateurs, soutenu par le CIR, a permis de mobiliser des fonds auprès de multiples partenaires, dont la CESAP. Une stratégie en matière de dédouanement des conteneurs, financée par la Banque mondiale et visant à suivre de façon accélérée les mouvements des conteneurs dans le port de Funafuti, a été adoptée et est en train d'être mise en œuvre. Ce forum a également conduit le gouvernement portugais à s'engager à contribuer au financement des activités après la conclusion du projet du CIR en 2023. En outre, les Tuvalu ont pris part à des projets régionaux, par exemple l'Accord du Pacifique pour le renforcement des relations économiques (PACER) Plus.

Le Haut‑Commissariat de l'Australie aux Tuvalu est le facilitateur des donateurs du CIR pour le programme des Tuvalu. Il joue un rôle actif dans la mobilisation des ressources auprès des donateurs dans le pays.

La Tuvalu National Private Sector Organization est un partenaire du secteur privé clé du programme mené par le gouvernement et le CIR. Il a collaboré à l'établissement de la première pépinière d'entreprises dans le pays.

Renforcer les capacités institutionnelles et productives aux fins du commerce et du développement

Les projets catalyseurs appuyés par le CIR ont permis aux acteurs locaux de tirer des avantages de l'intégration du commerce. Ces projets ont conduit au renforcement durable et inclusif des capacités de production, ce qui, par ricochet, encourage les partenariats et l'apport de fonds supplémentaires.

La pépinière d'entreprises est devenue l'une des principales activités de la stratégie du gouvernement consistant à renforcer les capacités de production aux fins du commerce et du développement du secteur privé. La pépinière offre un environnement favorable dans lequel les petites entreprises peuvent recevoir une formation – et éventuellement un financement initial. L'accent est mis sur l'ajout de valeur pour, entre autres, le poisson salé, le sirop de noix de coco, l'huile et le fruit à pain, ainsi que sur l'achat d'équipement et de carburant.

Les opérateurs touristiques retirent également des bénéfices de la pépinière d'entreprises. Le secteur joue actuellement un rôle restreint dans l'économie du pays, mais il a beaucoup de potentiel et offre des possibilités en matière de création d'emplois. Néanmoins, la croissance est limitée par les frais de voyage et le nombre insuffisant d'hôtels de qualité. Le secteur a aussi été durement touché par les restrictions en matière de voyages liées à la COVID‑19. Le CIR a aidé l'Organisation nationale du tourisme à participer à l'Exposition universelle de Dubaï et à améliorer l'infrastructure du Waimasiri Lodge, de l'Afelita Resort et du Funafala Island Resort.

L'initiative Tau Maketi ("Votre marché") a été mise au point pour aider les petites entreprises vulnérables à être plus actives sur le marché national des Tuvalu et à compenser la baisse de la demande étrangère. Le marché constitue une plate‑forme collective destinée aux petites entreprises, qui peuvent présenter et vendre leurs produits. Il joue un rôle important dans l'appui aux petites entreprises et dans leur développement afin qu'elles participent davantage au commerce, avec pour objectif de renforcer leur capacité d'exportation.

Tau Maketi met fortement l'accent sur l'égalité des genres. Il s'appuie sur le cadre de politique générale, qui reconnait que l'égalité des genres et l'emploi des femmes sont importants pour promouvoir et soutenir la réalisation des objectifs de développement des Tuvalu. Le gouvernement et le CIR ont également élargi leur appui aux programmes de renforcement des capacités organisés par le Conseil national des femmes de Tuvalu. Cet appui permet au Conseil de prendre contact avec différentes communautés d'îles isolées, de les former et de leur fournir l'équipement dont elles ont besoin pour participer au commerce. Les organisations locales existantes servent d'intermédiaires, ce qui permet de garantir que l'on s'appuie sur des capacités déjà renforcées par le passé pour que les personnes aussi bien que les institutions poursuivent leurs progrès en matière de commerce inclusif.

Ces petits projets ont porté leurs fruits en ce sens qu'ils ont montré leur potentiel et suscité l'intérêt d'autres partenaires de développement et organismes gouvernementaux, permettant un financement à plus grande échelle, élément essentiel pour obtenir des résultats inclusifs et durables sur les plans des finances, des institutions et des ressources humaines.

Maintien et approfondissement des résultats

Le fait que le gouvernement s'approprie et pilote le programme à la suite des progrès réalisés dans le cadre des projets catalyseurs est encourageant. Il dirige plusieurs initiatives de soutien, qui visent notamment à améliorer l'accès à des services de télécommunication abordables et fiables, et en particulier à une infrastructure de technologies de l'information et de la communication dans tous les Tuvalu. Ces activités sont menées dans le sillage de l'Évaluation rapide de l'état de préparation au commerce électronique.

Les bons résultats de l'initiative Tau Maketi, en particulier pour les entrepreneuses, ont amené le Département des questions de genre à recommander une collaboration avec le DOT pour développer encore le marché et soutenir la formation des femmes dans le domaine du commerce national et international.

De façon générale, on observe un accroissement de la sensibilisation et de l'intérêt des autres ministères et départements, qui souhaitent davantage collaborer avec le DOT et obtenir un soutien de sa part sur des questions transversales. Dans le cadre du PACER‑Plus, le DOT a aidé le Département du travail à négocier de nouvelles possibilités en matière de contrats de travail pour les Tuvaluans en Nouvelle‑Zélande et en Australie dans les secteurs de l'industrie alimentaire, de l'hôtellerie, de la construction et des soins aux personnes âgées, en sus du régime existant pour le secteur de la cueillette de fruits. Le Bureau du procureur général, qui fournit actuellement un appui juridique technique au sein du DOT pour des activités telles que l'application du PACER‑Plus et l'élaboration de la législation relative au commerce électronique, a recommandé que le DOT fasse participer le Bureau du procureur général à tout travail lié à l'élaboration d'une nouvelle loi ou politique.

Les partenariats public‑privé ont également été renforcés sur la base des résultats obtenus par les projets catalyseurs. Par exemple, la Tuvalu National Private Sector Organization a dit souhaiter élargir ses partenariats avec le DOT après le succès rencontré par la pépinière d'entreprises, initiative à laquelle elle a contribué de façon déterminante.

Tirer le meilleur parti de ce que l'on a

Le partenariat entre le CIR et les Tuvalu a mis l'accent sur la nécessité d'investir dans les moyens de subsistance de la population dans le cadre du processus d'intégration du commerce. Nikolasi Apinelu, Secrétaire permanent et Point focal du CIR du Ministère de la pêche et du commerce, a déclaré ce qui suit:

"Le partenariat entre le CIR et les Tuvalu se poursuit et s'élargit encore, et il est davantage axé sur la nécessité d'investir dans les moyens de subsistance des Tuvaluans au moyen de l'approche du secteur privé intégré, qui a pour objectif final de renforcer les capacités commerciales et les capacités du secteur privé aux Tuvalu."

La souplesse de l'approche du CIR a garanti la pleine appropriation des priorités et des projets par le gouvernement, a offert aux Tuvaluans une chance de voir ce qu'il est possible de faire et a inspiré d'autres partenaires extérieurs. Le petit investissement du CIR aux Tuvalu, qui se chiffrait à 3,2 millions d'USD, a montré que l'innovation, la flexibilité, le leadership et l'appropriation pouvaient amener le changement. Ce dernier n'est pas toujours immédiatement visible mais, au vu des ressources disponibles des Tuvalu, il est démontré que la transformation peut se propager à travers le système et qu'avec des relations et liens synergiques, la population peut renforcer sa résilience au moyen du commerce et prospérer.

 

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Alors que la deuxième phase du Cadre intégré renforcé (CIR) touche à sa fin en 2024, l'objectif est de produire un catalogue de récits d'impact mettant en lumière les efforts du partenariat du CIR dans les pays les moins avancés (PMA) et les PMA récemment reclassés où il s'est activement investi. Le présent récit d'impact constitue l'un des récits du catalogue. Il a bénéficié de la contribution et des commentaires essentiels de la part des Unités nationales de mise en œuvre du CIR (UNMO) basées dans les pays et de l'ensemble de l'équipe du CIR.

L'objectif premier de chaque récit d'impact, ainsi que de l'ensemble du catalogue, est d'adopter une approche journalistique en relatant l'implication du CIR dans les PMA au cours de la Phase Une et Deux. Le but est de fournir des informations pertinentes et de documenter les résultats et les impacts, ainsi que certains enseignements tirés du travail du partenariat du CIR dans les PMA. Ces récits ne fournissent pas une vue d'ensemble de tous les aspects de l'implication du partenariat du CIR, tels que les calendriers précis ou l'étendue exacte de la participation (c'est-à-dire les contributions financières). Ils constituent plutôt un moyen d'information parmi d'autres sur le travail du partenariat du CIR. Les lecteurs intéressés sont encouragés à compléter ces récits d'impact en consultant d'autres sources, notamment les Rapports annuels du CIR, les articles des Nouvelles de l'Aide pour le commerce, les canaux de réseaux sociaux du CIR et, le cas échéant, les UNMO dans les PMA ainsi que le Secrétariat exécutif du CIR.

Il est essentiel de reconnaître que les informations fournies ne sont ni exhaustives (par exemple, elles sont basées sur les dernières données disponibles au moment de la rédaction en 2023) ni de nature évaluative. 

Enfin, bien que chaque récit d'impact adhère à une structure similaire, la diversité des pays, des contextes et des implications du CIR signifie que chaque histoire est unique.

Avertissement
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