En 2020, le Togo, un pays d'Afrique de l'Ouest limitrophe du Ghana, du Bénin et du Burkina Faso, était le premier exportateur de soja bio vers l'Union européenne, devant la Chine et l'Inde.
Cette situation était impensable il y a seulement cinq ans.
En 2015, le pays produisait moins de 25 000 tonnes de soja. Depuis, la production a été multipliée par cinq pour atteindre plus de 200 000 tonnes en 2021. Plus important encore, les fèves ont atteint des marchés clés aux Pays-Bas, au Vietnam, aux États-Unis et en Inde.
Comment cela s'est-il produit ?
Tout simplement, grâce à l'entretien attentif de l'ensemble de la chaîne de valeur du soja par le gouvernement togolais, avec le soutien du Cadre intégré renforcé (CIR).
Tester le soja
Le soja n'est pas indigène au Togo. Il a été introduit dans le pays dans les années 1980 par la Coopération allemande au développement (GIZ) pour fournir un complément alimentaire à base de protéines afin de réduire la malnutrition.
Tester les différents types de semences est important pour sélectionner les variétés les mieux adaptées au sol et au climat du Togo. En 2015, le gouvernement togolais a établi un partenariat avec un centre de recherche agricole pour tester de nouvelles variétés de graines et sélectionner les plus prometteuses.
Entre 2015 et 2018, 112 tonnes de ces nouvelles semences ont été distribuées à plus de 200 coopératives, dans le cadre d'un projet géré par le gouvernement togolais et le CIR. L'initiative a germé et la production de soja a augmenté de 73 % dans le pays au cours de cette période.
Renforcer la chaîne de valeur
La mobilisation des producteurs, des transformateurs et des négociants en coopératives a été essentielle pour renforcer la chaîne de valeur. Elle a conduit à la création d'associations telles que le Conseil interprofessionnel du secteur du soja au Togo, la Fédération nationale des coopératives de producteurs de soja, l'Association togolaise des transformateurs de soja et l'Association nationale des négociants-exportateurs de soja. Chacune d'entre elles a fourni des services à ses membres, allant de l'enseignement des bonnes pratiques agricoles et de récolte à l'obtention de la certification biologique des fèves.
Le Conseil interprofessionnel de la filière soja au Togo, par exemple, soutient plus de 24 000 producteurs, dont 9 000 femmes. Selon M. Adji Tchepan, chef de projet au ministère du commerce du Togo, "ces associations constituent un forum qui rassemble les producteurs afin qu'ils puissent trouver ensemble des solutions à leurs problèmes et progresser dans la même direction. C'est une opportunité pour eux d'être soutenus par un organisme qui assure leur progression constante et leur développement en tant que professionnels".
L'importance de ces associations pour la force de la chaîne de valeur ne peut être sous-estimée, car elles créent une communauté solide sur laquelle les membres peuvent compter.
Injection de fonds dans le secteur
L'accès au crédit a joué un rôle important dans le succès de l'industrie du soja au Togo et le gouvernement a négocié l'accès au crédit à l'exportation. Au total, 281 millions de francs CFA ouest-africains ont été mobilisés auprès de trois banques commerciales du Togo et mis à la disposition de plus de 4 000 producteurs et exportateurs. Cela a permis aux exportateurs de développer leur activité de plus de 80 % entre 2015 et 2018, augmentant les recettes d'exportation de soja de 353 % sur la même période.
Cependant, "l'accès au crédit est un défi quotidien, en particulier pour les producteurs", a déclaré M. Tchepan. "Aujourd'hui encore, les banques commerciales hésitent à prêter aux producteurs, de sorte que ces derniers doivent souvent se tourner vers les organisations de micro-finance pour obtenir le soutien financier dont ils ont besoin pour développer leurs opérations sur le terrain, acquérir des équipements ou même payer les ouvriers agricoles".
Mais la situation s'améliore peu à peu. Avec l'essor de la production de soja dans tout le pays, les banques commerciales sont de plus en plus conscientes du secteur et de son succès. Elles commencent à voir le potentiel des prêts accordés aux producteurs de soja qui approvisionnent les exportateurs.
Un soutien de haut niveau
Le gouvernement togolais soutient activement l'industrie du soja. Il rencontre régulièrement les principaux organismes du secteur et valide les tests réglementaires en cours. En outre, un comité de coordination interparlementaire, créé par décret présidentiel, suit de près les performances du secteur.
Cet appui du gouvernement garantit le développement sain et prospère du secteur du soja dans tout le pays. C'est un excellent exemple de la manière dont les gouvernements peuvent soutenir le développement du secteur privé. Alors que le projet d'amélioration du secteur du soja a pris fin en 2019, cette implication étroite du gouvernement assurera la pérennité des progrès impressionnants dans l'une des exportations les plus importantes du Togo.
Le futur du soja togolais
Comme pour toute entreprise agricole du 21e siècle, les producteurs de soja togolais doivent faire face aux menaces d'un climat changeant. "Le secteur est particulièrement vulnérable au changement climatique", note M. Tchepan, "car le Togo ne dispose pas de systèmes d'irrigation. Ils comptent principalement sur Dame Nature pour abreuver les cultures."
Jusqu'à présent, le manque d'irrigation n'a pas profondément affecté la production. Toutefois, M. Tchepan a déclaré qu'il avait moins plu dans le nord du pays l'année dernière, ce qui avait légèrement affecté la production.
"C'est un problème qui revient de plus en plus souvent lors des réunions interprofessionnelles et qui a été identifié par des études agronomiques", a-t-il déclaré. "Tout le monde parle d'irrigation et de la nécessité de faciliter l'accès à l'eau". Il y a une réelle préoccupation autour de la garantie que le changement climatique n'anéantisse pas les gains impressionnants que le Togo a fait ces cinq dernières années en augmentant le volume et la qualité de cette production.
De 500 € la tonne en 2020, le soja se vend désormais à plus de 900 €, voire 950 €. Le soja continue donc d'offrir un bel avenir à l'économie togolaise. La prochaine action du gouvernement et des associations interprofessionnelles consiste à protéger ces acquis en construisant une chaîne de valeur agricole du soja résiliente au climat.
Dans le conte de fées anglais Jack et le haricot magique, des fèves magiques ont permis à un jeune garçon de sortir de la pauvreté ; au Togo, le soja apporte des miracles similaires aux agriculteurs et aux exportateurs du pays.
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