Étude de cas : Guinée. Découvrez d'autres études de cas ici.
PRINCIPAUX RÉSULTATS
- Le Cadre intégré renforcé (CIR) a soutenu le renforcement des capacités opérationnelles de l'Office national de contrôle de la qualité et a fourni des équipements de laboratoire à cet organisme administratif public. Avant l'intervention du CIR, la Guinée envoyait les produits au Sénégal pour analyse, ce qui était long et coûteux. Avec le nouvel équipement obtenu grâce au soutien du CIR, la Guinée peut désormais effectuer ces analyses sur son territoire.
- L'effectif des laboratoires est constitué à 80% de jeunes, qui ont bénéficié d'une formation du CIR sur les analyses en laboratoire. Dans la région de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), la Guinée est désormais l'un des principaux pays à bénéficier de ce type d'équipement.
Le gouvernement guinéen a donné la priorité au commerce en tant que catalyseur de la croissance économique dans ce pays d'Afrique de l'Ouest. Cette décision politique reconnaît le potentiel qu'offre le commerce en matière de création de richesse et de réduction de la pauvreté. Le commerce de la Guinée représente 20% du produit intérieur brut (PNB), l'agriculture étant le secteur le plus important. Le soutien du Cadre intégré renforcé (CIR), en particulier dans le secteur de la mangue, a donné une impulsion plus que nécessaire au commerce, grâce au renforcement des capacités opérationnelles et à l'amélioration des mesures de sécurité sanitaire des produits alimentaires en vue d'assurer la conformité des produits avec les normes internationales.
La première étude diagnostique sur l'intégration du commerce (EDIC) en 2003 a identifié toute une série de difficultés auxquelles le pays est confronté, y compris le manque de capacités pour comprendre et analyser les politiques commerciales internationales; une faible capacité de production dans le secteur agricole; l'absence de normes dans les secteurs public et privé; et l'insuffisance des infrastructures dans les secteurs de la transformation, de la commercialisation et du transport. Trois projets ont suivi entre les années 2004 et 2008, qui ont mis l'accent sur les négociations commerciales, la politique commerciale et les statistiques.
Selon Diallo Sidy Mamadou, Directeur administratif et financier de l'Unité nationale de mise en œuvre du CIR (UNMO) , qui relève du Ministère du commerce, de l'industrie et des PME (petites et moyennes entreprises) en Guinée:
La perte de débouchés de la Guinée sur le marché international est due à des dysfonctionnements du commerce: le rapatriement des devises provenant des exportations, et l'absence de documents commerciaux et de statistiques sur le commerce.
Cette perte de possibilités est exacerbée par un secteur informel guinéen certes dynamique mais non réglementé, une situation qui fait que les revenus générés par ce secteur ne sont pas pris en compte dans les statistiques économiques nationales.
Un ensemble de réponses coordonnées pour relever les défis
L'intégration du commerce dans les instruments de réglementation, et le renforcement des capacités pour assurer leur bon fonctionnement, constituent une priorité pour le programme du CIR et ont donné de bons résultats en Guinée. Le CIR a collaboré avec le Ministère du commerce pour renforcer son UNMO afin d'améliorer la capacité de coordination; de faciliter l'intégration du commerce dans la stratégie de lutte contre la pauvreté; de mettre à jour l'EDIC initiale en 2016; et d'élaborer un ensemble de plans d'action. Ces efforts ont permis d'améliorer les compétences en matière de gestion des projets et de gestion axée sur les résultats au sein du personnel. Le ministère dispose désormais de compétences et de connaissances suffisantes pour former le personnel des ministères et départements gouvernementaux liés au commerce. Les actions prioritaires de la nouvelle politique commerciale, élaborées dans le cadre du Projet de soutien à la durabilité, ont été incluses dans le Programme national de développement économique et social (PNDES) de 2021.
Renforcer chaque maillon de la chaîne de valeur de la mangue
Environ 85% de la population guinéenne pratique l'agriculture de subsistance, mais le secteur représente moins de 10% des recettes d'exportation du pays. Les mangues constituent une exception prometteuse: les fruits sont considérés comme plus goûteux que les produits concurrents de la Côte d'Ivoire, du Mali et du Sénégal voisins et génèrent une marge bénéficiaire importante. En 2018, les mangues étaient l'un des quelques produits agricoles guinéens officiellement exportés sur les marchés internationaux. Le CIR a cherché à renforcer les capacités de production des producteurs agricoles en soutenant la chaîne de valeur du secteur de la mangue dans cinq préfectures: Kindia et Telimele dans la région occidentale et Kankan, Mandiana et Siguiri dans la région orientale.
Les résultats positifs de ce soutien sont visibles sous de nombreuses formes. À la suite de l'introduction de vergers commerciaux, le nombre de manguiers par hectare a été porté de 100 à 400 arbres et la production a quadruplé pour atteindre 40/45 tonnes par hectare.
Une installation de conservation et d'emballage des fruits a été construite à Kankan en 2015, pour un coût de 3 millions d'USD, parmi plusieurs activités relevant du Projet de développement de la filière mangue en Guinée (PRODEFIMA). Dans le même temps, la modernisation de l'infrastructure logistique pour l'exportation de mangues en provenance de Haute Guinée permettra au pays de porter ses exportations de mangues fraîches à 3 000 tonnes par an. La construction d'une installation de séchage de mangues en vue de promouvoir la diversification des produits à base de mangue destinés au marché d'exportation est déjà en cours, avec le soutien conjoint du CIR, de la Société internationale islamique de financement du commerce et de la Banque islamique de développement. L'Agence tunisienne de coopération technique fournit une assistance technique à cette initiative dans le cadre de la coopération Sud-Sud.
Je m’en sors bien grâce au projet du CIR, témoigne M. Moussa KOULIBALI, planteur à Mandiana. " Par le passé, beaucoup de mes mangues pourrissaient au champ, mais cela a changé depuis que je les vends à la plateforme de conditionnement de mangue de Kankan et à l’usine de séchage de Kindia."
Ces projets ont permis d'accroître les revenus et les possibilités d'emploi auprès des femmes et des jeunes qui participent à la production de mangues. Environ 10 000 acteurs des secteurs public et privé de la filière de la mangue ont reçu une formation en gestion d'entreprise et en questions commerciales, y compris pour comprendre les préférences commerciales négociées avec des partenaires tels que le Schéma de libéralisation des échanges de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest et la Zone de libre-échange continentale africaine.
Afin d'aider le secteur de la mangue à fonctionner plus efficacement et de réduire au minimum le rejet des produits d'origine guinéenne par les pays importateurs, le CIR a également renforcé les activités de l'Office national de contrôle de la qualité en soutenant la construction d'un laboratoire moderne de pointe et l'installation d'équipements d'inspection. Ce laboratoire est aujourd'hui considéré comme le laboratoire le mieux équipé de la sous-région. Avant l'intervention du CIR, la plupart des produits transformés guinéens devaient être envoyés au Sénégal pour analyse, ce qui était long et coûteux. Avec le nouvel équipement obtenu grâce au soutien du CIR, l'analyse peut maintenant être effectuée dans le pays. Un meilleur contrôle de la qualité a considérablement augmenté le nombre d'échantillons testés au laboratoire national et accéléré le contrôle des produits, ce qui a entraîné des gains d'efficience et amélioré l'offre. Le personnel des laboratoires est composé à 80% de jeunes qui ont bénéficié d'une formation du CIR sur les analyses en laboratoire.
En étant attentif à chaque maillon de la chaîne de valeur de la mangue – production, transformation et traitement, contrôle de la qualité, emballage et exportation – le programme du CIR a tenu son engagement, à savoir promouvoir un commerce inclusif, en veillant à ce que toutes les principales parties prenantes soient pleinement soutenues pour atteindre leur potentiel optimal. Les femmes et les jeunes sont les premiers et les plus nombreux bénéficiaires à recevoir un soutien pour participer à des foires et expositions commerciales en vue d'identifier les possibilités commerciales.
Mme Hadja Sadan Kaba, membre de la Coopérative des Femmes Productrices et Exportatrices de Produits Agricoles Transformés de Kankan partage : "l’appui du CIR à notre coopérative a été très utile car il a permis, non seulement d’acquérir de nouveaux équipements de base, mais aussi de faire des actes de promotion des femmes de notre région sous plusieurs formes."
Diversification des possibilités
Malgré les succès enregistrés dans le secteur horticole, des efforts supplémentaires et continus sont nécessaires pour aider les femmes et les jeunes de ce secteur à exploiter les possibilités. Ils ont aussi besoin d'un soutien supplémentaire pour améliorer leur compréhension du cadre national de réglementation du commerce et les engagements internationaux, et l'influence de ce cadre et de ces engagements sur leurs entreprises. Il existe des possibilités d'aider les jeunes à se diversifier et à tirer avantage d'autres possibilités commerciales qui vont au-delà de l'agriculture, afin de les empêcher de partir à la quête d'emplois en Europe et dans les pays voisins. Le fait d'aider le secteur privé à mieux comprendre les règles commerciales internationales contribuera grandement à combler les lacunes en matière de connaissances qui entravent la croissance dans ce secteur.
Selon M. Mamadou, "le programme du CIR a été un succès en Guinée en raison de la flexibilité de la conception et de la gestion des programmes". L'intervenant a poursuivi en disant que "les prescriptions du CIR en matière de projets ne sont pas des obstacles pour les bénéficiaires, mais des atouts". Le processus de décaissement est court et le CIR fonctionne d'une manière qui favorise l'appropriation nationale des projets. Le démarrage rapide des activités est garanti dès qu'un projet est approuvé, étant donné que le CIR ne prévoit pas d'autre niveau d'approbation au niveau national.
L'appropriation locale des priorités et activités de tous les projets du CIR est un thème permanent du programme, ce qui inclut l'appropriation par les citoyens ordinaires. En 2020/2021, l'équipe chargée d'élaborer la stratégie nationale de mise en œuvre de la nouvelle politique commerciale du pays a mené une consultation publique de toutes les parties prenantes intéressées participant à la gestion de la politique commerciale, afin de recueillir leurs vues et leurs réactions quant à l'intégration des recommandations des parties prenantes et du gouvernement.
Des partenariats significatifs ont été et continuent d'être essentiels pour le succès des projets soutenus par le CIR en Guinée. Ces partenariats incluent l'intervention de l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle, qui a facilité l'enregistrement de l'indication géographique protégée pour le café de Ziama, un café guinéen d'origine forestière de qualité supérieure. L'Union européenne a soutenu l'élaboration de la nouvelle politique commerciale du pays, tandis que le CIR a appuyé la Stratégie nationale de développement du commerce. Aujourd'hui, il est clair que l'utilisation par les acteurs du contenu de ces deux documents politiques a permis d'accroître les échanges commerciaux de la Guinée. Le gouvernement turc a par ailleurs soutenu le développement des compétences pour les femmes et les jeunes.
Le CIR a collaboré avec divers partenaires de développement pour mobiliser des ressources financières additionnelles en vue de soutenir les programmes liés au commerce, et améliorer la coordination dans ce domaine. Par exemple, la Banque mondiale a accordé un financement d'une valeur de 100 millions d'USD au Projet de développement de l'agriculture commerciale de la Guinée (GCADP), un programme majeur qui vise à dynamiser la croissance économique dans le pays. Un groupe de travail sur le commerce pour les donateurs, récemment établi, laisse espérer une amélioration, pour l'avenir, de la coordination avec d'autres partenaires de développement et d'autres donateurs.
Le soutien apporté par le CIR au gouvernement de la Guinée a contribué à mettre en évidence la contribution du commerce à l'économie nationale. Les problèmes de productivité dans les secteurs d'exportation, en particulier l'horticulture, ont en partie été résolus et la nouvelle politique commerciale nationale a été a été largement diffusée et partagée avec les acteurs concernés. Ceci a permis de donner une meilleure image du pays et d'améliorer sensiblement sa compétitivité. Un inventaire de toutes les lois et réglementations pertinentes relatives aux exportations guinéennes a été établi et validé. M. Mamadou précise ceci:
"Grâce aux programmes et projets financés et mis en œuvre en Guinée par le CIR, le commerce est devenu une priorité du gouvernement et sa contribution s'est faite plus visible."
Le CIR continue de soutenir la Guinée tout au long de l'année 2023 afin de renforcer les institutions exportant des noix de cajou, des mangues et d'autres produits agricoles.
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Alors que la deuxième phase du Cadre intégré renforcé (CIR) touche à sa fin en 2024, l'objectif est de produire un catalogue de récits d'impact mettant en lumière les efforts du partenariat du CIR dans les pays les moins avancés (PMA) et les PMA récemment reclassés où il s'est activement investi. Le présent récit d'impact constitue l'un des récits du catalogue. Il a bénéficié de la contribution et des commentaires essentiels de la part des Unités nationales de mise en œuvre du CIR (UNMO) basées dans les pays et de l'ensemble de l'équipe du CIR.
L'objectif premier de chaque récit d'impact, ainsi que de l'ensemble du catalogue, est d'adopter une approche journalistique en relatant l'implication du CIR dans les PMA au cours de la Phase Une et Deux. Le but est de fournir des informations pertinentes et de documenter les résultats et les impacts, ainsi que certains enseignements tirés du travail du partenariat du CIR dans les PMA. Ces récits ne fournissent pas une vue d'ensemble de tous les aspects de l'implication du partenariat du CIR, tels que les calendriers précis ou l'étendue exacte de la participation (c'est-à-dire les contributions financières). Ils constituent plutôt un moyen d'information parmi d'autres sur le travail du partenariat du CIR. Les lecteurs intéressés sont encouragés à compléter ces récits d'impact en consultant d'autres sources, notamment les Rapports annuels du CIR, les articles des Nouvelles de l'Aide pour le commerce, les canaux de réseaux sociaux du CIR et, le cas échéant, les UNMO dans les PMA ainsi que le Secrétariat exécutif du CIR.
Il est essentiel de reconnaître que les informations fournies ne sont ni exhaustives (par exemple, elles sont basées sur les dernières données disponibles au moment de la rédaction en 2023) ni de nature évaluative.
Enfin, bien que chaque récit d'impact adhère à une structure similaire, la diversité des pays, des contextes et des implications du CIR signifie que chaque histoire est unique.
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