Certains visiteurs qui se rendent aux Îles Salomon pour les Jeux du Pacifique en novembre arriveront au terminal international d'Honiara qui a été modernisé récemment. Pour se loger, ils auront plusieurs choix, tous mis aux normes internationales.

Les habitants de ce pays d'Océanie situé au nord‑est de l'Australie et regroupant six îles principales et 900 îles plus petites ont toujours dû trouver des moyens de subsistance résilients dans une région du monde difficile d'accès.

Le commerce entre les villages et les îles a toujours été important. Dans la mesure où la planète et la structure des échanges se sont mondialisées au cours des dernières décennies, cela a présenté des difficultés et des possibilités pour la population des Îles Salomon.

Dans ce petit pays doté de ressources naturelles limitées, il est absolument essentiel de donner la priorité aux secteurs et aux activités économiques qui offrent un grand potentiel en matière d'ajout de valeur et de création d'emplois. Une étude diagnostique réalisée en 2009 a permis d'identifier quatre secteurs ayant un potentiel d'exportation. Trois de ces secteurs concernaient les produits de base et le quatrième le commerce des services, en particulier le tourisme.

Malgré des côtes époustouflantes et un écosystème verdoyant, le potentiel touristique du pays était largement inexploité. En 2014, le Cadre intégré renforcé (CIR) a lancé un projet de développement inclusif pour le tourisme des Îles Salomon d'un montant de 1,5 million d'USD pour promouvoir le secteur et créer des débouchés économiques pour les citoyens du pays.

Le projet a permis d'élaborer la toute première Politique nationale du tourisme des Îles Salomon en 2015, qui a été suivie par la Stratégie nationale de développement du tourisme des Îles Salomon. Ces documents ont constitué une feuille de route pour renforcer les liens économiques entre les parties prenantes du tourisme, y compris l'industrie des navires de croisière.

Le secteur n'avait pas de normes claires ni de contrôle de la qualité, par exemple pour l'hébergement. À l'époque, sur les 160 fournisseurs de services d'hébergement, seul un sur 10 pouvait être vendu à des grossistes étrangers par le Bureau d'accueil des visiteurs des Îles Salomon. Certains établissements décrits comme des centres de villégiature étaient de simples chambres chez l'habitant, en conséquence de quoi les touristes prenaient ces décisions d'hébergement au petit bonheur la chance.

Cela a changé en 2017 lorsque, avec le soutien du CIR, le pays a élaboré des normes minimales et un barème de classification pour les hébergements touristiques. Ces outils offrent un ensemble de critères mesurables et dressent la liste des produits et services qui doivent être présents dans un hébergement touristique.

La politique du tourisme prévoyait d'inclure les aspects plus larges de la culture et de la société salomoniennes et reconnaissait les synergies importantes entre le tourisme, l'agriculture et la culture pour stimuler les possibilités d'emploi et accroître les achats de produits locaux dans la chaîne de valeur du tourisme.

L'analyse a montré que 5% des recettes touristiques totales provenaient de la vente d'objets d'artisanat, mais que la plupart des fabricants de tels objets fonctionnaient de manière informelle et vendaient leurs produits au bord des routes ou sous des parasols de plage. En 2018, avec le soutien du CIR et d'autres partenaires de développement et avec sa propre contribution financière, le gouvernement des Îles Salomon a construit un centre d'artisanat pour héberger ce commerce.

Un soutien supplémentaire a été déployé pour accroître la capacité du Bureau d'accueil des visiteurs des Îles Salomon et lui permettre de mener efficacement des activités de promotion de la destination, de faire du marketing numérique et de changer l'image du pays. L'École des métiers du tourisme et de l'hôtellerie de l'Université nationale des Îles Salomon a bénéficié d'un soutien pour renforcer la formation culinaire. Alors qu'elle ne délivrait auparavant que des certificats, l'institution offre aujourd'hui des programmes permettant d'obtenir des diplômes, y compris au niveau universitaire.

C'est au fruit qu'on juge l'arbre et les chiffres sont doux au palais. En 2019, lorsque le projet s'est achevé, les arrivées de touristes avaient augmenté de 44% par rapport aux niveaux de 2014. En pourcentage du PIB, les services touristiques avaient augmenté de 17,7% sur la même période. L'expansion du tourisme a également produit des dividendes en termes d'égalité des genres puisque 90% des revenus du secteur sont générés par les femmes des Îles Salomon.

Comme partout ailleurs, la pandémie de coronavirus a été un grave incident de parcours, mais le gouvernement a travaillé d'arrache‑pied sur ses plans de relance du tourisme et pour encourager le tourisme intérieur.

Avec le recul, nous voyons maintenant que, par ce processus, nous avons façonné le secteur pour l'adapter au contexte de destination écologique des Îles Salomon, l'écotourisme ayant offert un avantage comparatif grâce à ses effets d'entraînement en amont et en aval et à ses capacités de création d'emplois et de réduction de la pauvreté. Cela nous a également permis de tester de nouveaux produits d'exportation sur le marché.

Les travaux du CIR ont en outre contribué à l'inclusion au niveau communautaire et rural et ont placé les propriétaires des ressources aux commandes du développement durable. On estime que seulement 5% des hébergements aux Îles Salomon sont détenus par des capitaux étrangers.

La contribution du CIR a été porteuse d'une transformation profonde. Cela a montré que, même dans un petit pays, une intervention judicieuse peut déclencher des changements positifs importants, connecter les personnes, construire un secteur privé au niveau national et intégrer la population dans l'économie générale. Cela peut libérer des richesses de l'intérieur.

En août 2023, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution accordant aux Îles Salomon une prorogation de trois ans, jusqu'en 2027, avant de passer à l'échelon suivant dans le classement du développement. Ce délai supplémentaire garantira que la sortie de la catégorie des PMA du pays soit soutenue, résiliente et irréversible grâce à la diversification et à la transformation du secteur de la production.

Outre les faits nouveaux récents dans les infrastructures, les Îles Salomon ont signé en juillet des accords sur les services aériens avec la Chine et la Nouvelle‑Zélande et elles envisagent deux autres accords de ce type, ce qui renforcera l'interconnectivité et la compétitivité.

Les Jeux du Pacifique en novembre constitueront le premier afflux important de visiteurs de l'après‑COVID et ils trouveront un pays prêt à entrer dans la course, tant sur le terrain qu'en dehors.

Grâce à l'amélioration de la connectivité et aux promesses du tourisme économique, sportif et récréatif, les possibilités sont illimitées pour les Îles Salomon.