Quels sont vos principaux défis en travaillant en RCA ?
Mes principaux défis consistent à contribuer à faire prendre conscience aux acteurs et pouvoirs publics l’importance du commerce dans la vie des populations et du pays; et faire en sorte qu’il soit mieux intégré dans les politiques et stratégies nationales de développement.
La sensibilisation des acteurs du commerce et des pouvoirs publics apparait particulièrement comme un défi en RCA par ce que le pays est en train de sortir d’un long conflit. A cet effet, les pouvoirs publics sont davantage préoccupés par les questions de sécurité et de paix et les autres secteurs sont considérés comme secondaires. Les acteurs du commerce, très affectés lors de la crise, déplorent de leur côté la faible prise en compte des questions de commerce dans les appuis de la communauté internationale. Dans ces conditions, le travail de plaidoyer en faveur du secteur commerce devient essentiel afin qu'il fasse partie intégrante des stratégies de consolidation de la paix.
En quoi COVID 19 a-t-il changé votre façon de travailler ?
Dès l’apparition des premiers cas du COVID 19 dans le pays, les autorités ont édicté de séries de mesures comme dans la plupart des autres pays, mais à l’exception du confinement. A cet effet, les réunions et ateliers de masse ont été suspendus. Cependant, le travail quotidien au bureau a fonctionné normalement, sous réserve de l’observation de mesures barrières (l’installation de dispositifs de lavage de mains devant le bureau, dotation du personnel en gel hydroalcoolique, port systématique de masque, respect de la distanciation physique, etc.).
Les résultats encourageants obtenus ont conduit à l’assouplissement des mesures et notre travail au niveau du CIR a repris quasi totalement actuellement.
Quel est le grand plus succès que vous avez vu dans le travail du CIR en RCA ?
Le travail du CIR en RCA a connu plusieurs succès, mais le plus grand à mon avis est la réussite des premières élections des membres de l’assemblée générale de la chambre de commerce, de l’industrie, des mines et de l’artisanat (CCIMA) et dont l’investiture des élus a été placée sous la très haute autorité du Président de la République, Chef de l’Etat en février 2009.
La RCA a longtemps été touchée par des conflits. Comment votre travail contribue- t-il à la consolidation de la paix ?
Les conflits récurrents en RCA ont entre autres aggravé la pauvreté et affaibli la cohésion sociale. Les activités de renforcement des capacités commerciales que déploie le CIR en faveur des communautés sans discrimination visent à renforcer leur résilience économique et contribuer à la consolidation de la paix.
A quoi ressemble l'engagement du CIR auprès de ces communautés ?
Nous faisons principalement un travail de sensibilisation sur l’importance du commerce, des formations et des dotations en moyens de production et de gestion au sein de ces communautés. Par exemple, le programme a fourni des semences et de petits matériels agricoles (arrosoirs, bottes, pulvériseurs, etc.) à un groupement de maraîchers, composé d’hommes et de femmes, dans la périphérie de la capitale Bangui en 2019. Quelques mois après, les membres du groupement ont témoigné à la mission de suivi du projet que leur production avait augmenté et leurs revenus améliorés.
Lorsque nous allons dans les communautés, premièrement, l’équipe du CIR rencontre les autorités politiques et administratives locales pour signaler la présence de la mission, expliquer ses objectifs et solliciter leur appui au bon déroulement de la mission. Les échanges qui s’en suivent permettent à ces autorités de connaitre le projet et d'appuyer les objectifs qu’il poursuit.
Ensuite avec les organisations locales du commerce, des réunions de sensibilisation et de formation se tiennent et au cours desquelles les messages sont délivrés en langues nationales ou parfois même locales de la région. Les opérateurs économiques sont ravis de la mission qui leur apporte information, formation et conseil.
Avec le démarrage imminent d'un projet d'appui aux associations agricoles des filières de maïs, sésame et huile de palme, ce type d'interactions s'intensifieront et apporteront davantage de résultats tangibles.