29 juin 2021

Pour de nouvelles perspectives économiques, priorité à l'infrastructure des communications numériques à l'intention des nomades numériques

by James Ellsmoor / in Nouvelles

Les PEID et les PMA ont besoin d'une infrastructure Internet pour rejoindre la révolution du télétravail

En 2020, le Vanuatu est devenu l'un des six pays à être sorti de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), rejoignant ainsi le Botswana, Cabo Verde, les Maldives, le Samoa et la Guinée équatoriale. D'ici la fin de la décennie, quatre autres devraient les suivre.

Pour bon nombre de ces pays, le tourisme a toujours été un important moyen de développer leur économie et de faire rentrer des devises. La dépendance à l'égard du tourisme peut toutefois être une arme à double tranchant, comme l'ont constaté les petits États insulaires en développement (PEID), dont bon nombre ont été gravement touchés sur le plan économique par la pandémie.

Les PMA et les pays récemment sortis de cette catégorie peuvent s'inspirer des efforts déployés par certains PEID pour exploiter les possibilités croissantes offertes par les personnes cherchant à télétravailler. Les États insulaires, dont la Dominique, ont ouvert la voie aux économies émergentes en lançant divers programmes visant à attirer les travailleurs à distance, notamment de nouvelles catégories de visas et des campagnes de communication ciblées. Cette démarche a permis de récupérer une partie des revenus perdus en raison du manque de vacanciers.

Pour attirer ces nouveaux visiteurs et encourager les travailleurs locaux à saisir de nouvelles opportunités, les infrastructures de communication sont plus importantes que jamais. Les télétravailleurs ont généralement besoin d'une connexion Internet rapide et stable, ce qui peut constituer un obstacle pour les PEID et les PMA qui souhaitent tirer parti de cette nouvelle possibilité de croissance.

Mais qui sont ces télétravailleurs et ces nomades numériques, et comment les pays peuvent‑ils tirer parti de la nouvelle révolution du télétravail?

Évolution des modes de travail

Déjà en progression avant la pandémie, le télétravail s'est démocratisé à mesure que les particuliers et les entreprises se sont rendu compte que la technologie actuelle permettait de rester connecté même en l'absence d'un lieu de travail physique centralisé. Les nomades numériques ont donc cherché des endroits d'où travailler, et de nombreux pays s'emploient activement à trouver des moyens de les attirer. Qu'il s'agisse par exemple de la création de visas spéciaux ou de centres de haute technologie dans des lieux idylliques, les pays tentent de mettre leurs atouts en avant et de se présenter comme destinations de télétravail.

C'est là que résident des possibilités pour les PMA et les pays récemment sortis de cette catégorie. Certains PEID sont devenus des pionniers dans le domaine du télétravail et ont préparé le terrain pour que d'autres pays développent leurs propres programmes destinés à attirer les nomades numériques.

Alors que des pays développés de taille moyenne, comme l'Estonie et l'Irlande, ont investi pour trouver attirer les télétravailleurs, des PEID comme la Barbade et la Dominique se sont aussi avérés être des choix intéressants en raison de leur situation géographique, de leur environnement naturel, de leur coût de la vie moins élevé et de leurs programmes de visas spéciaux. Les frais de dossier sont élevés, mais une fois leur candidature acceptée, les télétravailleurs peuvent s'installer sur ces îles pendant un an ou plus sans avoir à modifier leur résidence fiscale, tout en bénéficiant des services de santé et d'éducation locaux.

Le visa "Welcome Stamp" de la Barbade, qui a été créé pour attirer les nomades numériques, a suscité un intérêt considérable à l'échelle mondiale. Le Premier Ministre du pays, Mia Amor Mottley, a déclaré que le gouvernement avait introduit ce visa pour "offrir aux travailleurs la possibilité de passer les 12 prochains mois à télétravailler dans un paradis."

La Barbade n'est pas le seul pays de la région à opérer ce changement. Les Bermudes sont prêtes à accueillir plus de 1 100 télétravailleurs en 2021. Dans un discours devant le Parlement, le Ministre du travail du pays, Jason Hayward, a souligné les possibilités que cela offrait sur le plan économique: "Ces visiteurs peuvent résider aux Bermudes […] et ils favoriseront l'activité économique de notre pays sans préjudice pour les travailleurs bermudiens."

Davantage d'emplois

Outre les nouveaux intérêts commerciaux qu'il suscite, l'afflux de nomades numériques a l'avantage de stimuler le marché du travail pour les résidents locaux. Les télétravailleurs ne sont pas en concurrence avec les insulaires pour des emplois locaux, et leur présence a déjà permis la création de nouvelles entreprises à la Barbade grâce à l'argent injecté dans l'économie locale. En attirant ces travailleurs, leurs familles et les entreprises étrangères, les pays ont la possibilité de prospérer, au grand bénéfice des communautés locales.

À mesure que les économies insulaires se développent et que des possibilités d'investissement se présentent, la diaspora s'est également montrée prête à revenir au pays et à participer à la croissance de l'économie locale. Ce phénomène peut se traduire par une baisse de l'émigration et inverser la grave "fuite des cerveaux" que connaissent de nombreux États insulaires et de nombreuses communautés isolées, comme cela a été le cas à Sainte-Hélène et dans les Caraïbes. Étant donné que de nombreux programmes visant à attirer les nomades numériques en sont encore à leurs balbutiements, il est encore trop tôt pour se prononcer sur leur efficacité réelle. Toutefois, la multiplication des visas et des programmes visant à attirer les télétravailleurs, associée aux premières expériences concluantes, montre qu'il s'agit d'un nouveau modèle de développement économique intéressant pour les pays émergents.

Si la perspective de devenir un pôle numérique présente des avantages séduisants, reste un problème clé auquel sont confrontés les pays en développement qui cherchent à attirer les télétravailleurs: les infrastructures. Le manque d'infrastructures numériques est l'une des principales difficultés à surmonter pour de nombreux PMA, États récemment sortis de cette catégorie et PEID. Les nomades numériques manifestent un intérêt certain à s'installer dans différentes parties du monde, comme le montre l'exemple de la Barbade, mais si le pays a su les attirer et trouver des moyens de développer son économie, c'est parce qu'il pouvait leur offrir une connexion Internet haut débit. De même, ce pays illustre également la manière dont les investisseurs et les intérêts commerciaux peuvent prospérer.

Cependant, l'infrastructure nécessaire à une connexion Internet stable n'est pas toujours facilement disponible, et sa mise en place peut nécessiter des investissements et un temps considérables. La localisation géographique joue encore un rôle dans la qualité et la vitesse d'une connexion Internet, tandis que le coût de la construction d'infrastructures fiables peut être prohibitif pour les pays émergents.

Pourtant, une connexion Internet est indispensable au développement; elle peut même être considérée comme un droit de l'homme. Le fait que la pénétration d'Internet au niveau mondial s'améliore est source d'espoir, une île isolée comme Sainte-Hélène étant l'une des dernières à bénéficier d'une connexion rapide. Cela étant dit, le fait de disposer d'une telle infrastructure numérique peut avoir des retombées économiques considérables, qui vont au‑delà de la capacité à attirer des télétravailleurs.

La possibilité de faire venir des télétravailleurs est particulièrement pertinente pour les pays dont le secteur touristique est déjà bien développé, ce qui est le cas de la majorité des PEID. Les États insulaires déjà dotés d'une industrie touristique, tels que Cabo Verde, le Vanuatu, les Maldives et le Samoa, pourraient réorienter les infrastructures existantes et investir davantage dans la connectivité numérique pour tirer parti de cette possibilité et offrir en outre de nouvelles perspectives d'emploi à leurs citoyens.

L'accès à Internet est désormais indispensable pour rester connecté à la communauté mondiale. Il permet de collaborer avec d'autres pays sur des questions essentielles et de partager des connaissances et des compétences afin de stimuler l'économie et de renforcer la résilience d'un pays. Les nomades numériques et le tourisme peuvent tous deux favoriser le développement de l'économie locale, mais la clé de la prospérité réside dans l'investissement et la mise en œuvre d'une infrastructure numérique stable.

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