Une vingtaine de femmes béninoises fabriquant une farine de gari unique signent un nouveau code de bonnes pratiques pour mieux commercialiser leur produit et augmenter leurs revenus.
Le gari, un type de farine à base de racine de manioc, est peut‑être un aliment de base en Afrique de l'Ouest, mais le gari Sohoui est spécial. En effet, il ne peut être fabriqué qu'à partir de manioc cultivé dans le département central des Collines du Bénin, et en utilisant uniquement les méthodes artisanales propres à la région.
La commercialisation de la farine croustillante et légèrement acide en tant que marque à part entière dépend de la protection de ses caractéristiques géographiques et de ses techniques de production uniques. C'est précisément pourquoi, en novembre, une vingtaine de productrices de gari Sohoui se sont rencontrées lors d'un atelier organisé dans la capitale régionale Savalou.
L'idée de base est de revendiquer le même type de droit de propriété intellectuelle que celui qui veut que le whisky écossais ne peut être fabriqué qu'en Écosse, ou le champagne dans la région de Champagne, en France. C'est ce qu'on appelle une indication géographique, et une certification IG relie un produit particulier à un endroit particulier et y ajoute de la valeur en attestant son authenticité.
Durant l'atelier de deux jours, les femmes ont soigneusement examiné le projet de code de bonnes pratiques pour faire en sorte que le document reflète précisément le savoir‑faire traditionnel nécessaire pour obtenir le produit final, le gari Sohoui de Savalou.
Le code de bonnes pratiques a été validé à la fin de l'atelier, et les 24 participantes ont signé un accord pour le distribuer et s'assurer qu'il soit respecté.
L'atelier, qui était organisé par la CNUCED, a marqué une étape importante pour l'accès du gari Sohoui de Savalou à des marchés plus importants, qui permettrait d'augmenter les revenus des spécialistes qui le produisent. Ce n'est qu'un exemple des nombreux produits alimentaires et artisanaux uniques, fabriqués dans certains pays parmi les plus pauvres du monde, qui restent inconnus alors même qu'ils sont prêts pour une meilleure distribution.
"Les communautés rurales ont beaucoup à gagner de la mise en place des IG, qui permettent aux producteurs d'accéder à des marchés plus larges et plus diversifiés" a dit l'expert de la CNUCED Stefano Inama, qui a participé à l'atelier.
Comme l'attestation d'authenticité, le statut d'IG a l'avantage de protéger des savoir‑faire traditionnels et ancestraux, en particulier dans les 47 pays les moins avancés (PMA) du monde, dont 33 sont des pays d'Afrique.
"Les PMA ont généralement une capacité d'exportation et une productivité faibles, conjuguées à un faible contenu en valeur ajoutée dans leurs produits d'exportation", a indiqué M. Inama. "De nombreux PMA dépendent également des produits de base, qui sont vulnérables face aux fortes fluctuations des prix sur le plan international."
Pour être efficaces, les IG doivent être incorporées dans une stratégie commerciale globale qui offre également un soutien direct aux communautés rurales. La CNUCED a fait d'importants efforts pour intégrer les IG au document relatif à la politique commerciale du Bénin, qui devrait être finalisé début 2018.
"Malgré les difficultés rencontrées par les PMA, les communautés rurales ont un éventail inestimable de produits liés à leur culture, à leurs traditions et à la biodiversité naturelle qui les entoure. Ces produits représentent un potentiel inexploité", a dit M. Inama.
La CNUCED a organisé l'atelier pour les productrices béninoises de gari dans le cadre d'un projet du Cadre intégré renforcé de catégorie 2 (Renforcement des capacités productives et commerciales du Bénin) avec 14 institutions partenaires, dont:
- l'Agence nationale de la propriété industrielle (ANAPI), qui fait partie de l'Office national de l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI);
- le bureau régional de l'Organisation mondiale de la propriété Intellectuelle (OMPI);
- la Plate-forme nationale des organisations paysannes et de producteurs agricoles du Bénin (PNOPPA);
- les Directions départementales de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche (DDAEP);
- le Ministère de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (MICA).
Le Cadre intégré renforcé est un programme d'aide multidonateurs créé spécifiquement pour aider les PMA à mieux utiliser le commerce pour réduire la pauvreté et assurer une croissance inclusive et un développement durable.
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