12 octobre 2021

Donner une plus grande importance au commerce dans les pays les moins avancés

by Marie-France Boucher / in Nouvelles

Le commerce est essentiel au développement et à la croissance durables. Ce savoir peut stimuler l'action des gouvernements et des entreprises, à condition qu'ils en prennent conscience.

Savez-vous ce que le Ministère du commerce fait dans votre pays? Si vous travaillez dans le domaine du commerce, vous le savez probablement, mais si ce n'est pas le cas, le savez-vous?

Les Ministères du commerce supervisent et réglementent le commerce et l'industrie. Ils sont responsables du développement et de la croissance du commerce à l'intérieur et à l'extérieur d'un pays. Cette tâche n'est pas facile et a une grande incidence sur la santé de l'économie nationale. Pour les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés, le commerce peut avoir une forte influence sur le développement socioéconomique d'un pays.

Malheureusement, le commerce, dont les lois, les systèmes et le jargon sont complexes, est souvent considéré comme un domaine spécialisé et peut paraître inaccessible à un non-initié.

La communication joue un rôle important pour rapprocher les sujets techniques et le grand public. Dans le domaine du commerce, promouvoir les travaux des Ministères du commerce ou informer les entrepreneurs des moyens qu'ils ont pour développer leurs entreprises peut avoir une incidence positive sur l'environnement commercial national. Finalement, il peut conduire à la croissance économique, au développement durable et à une réduction de la pauvreté.

Communication du Cadre intégré renforcé sur le commerce intitulée "Theory of Change" (La théorie du changement)

C'est là que des professionnels de la communication tournés vers l'avenir interviennent.

Des échanges en ligne sur le commerce …

Lorsque Darryl Ikbal Farshid a rejoint le Ministère du commerce des Tuvalu en avril 2020 en tant que responsable de l'appui au Cadre intégré renforcé, il s'est donné pour mission de créer un lien entre le commerce et la population tuvaluane. Quatre mois après son arrivée, il a lancé les comptes officiels de réseaux sociaux du Ministère du commerce des Tuvalu sur Twitter, Facebook et LinkedIn.

Darryl Ikbal Farshid s'est rendu compte que les réseaux sociaux étaient de plus en plus importants dans la région du Pacifique et il a estimé qu'ils étaient un élément essentiel de la stratégie économique et commerciale du Ministère.

"Ces réseaux sociaux peuvent réellement nous mettre en relation avec les entreprises qui souhaitent faire du commerce avec les Tuvalu. C'est une chance pour elles d'en apprendre davantage sur les produits fabriqués aux Tuvalu," a affirmé Darryl Ikbal Farshid.

"Beaucoup d'informations au sujet des Tuvalu portent sur l'augmentation du niveau de la mer ou le changement climatique. Nous souhaitions changer de discours et montrer que les Tuvalu présentent aussi un fort potentiel commercial. C'est pourquoi nous avons décidé de créer des canaux officiels pour montrer ce que les producteurs locaux des Tuvalu peuvent offrir."

En l'espace de quelques mois, les pages Twitter et Facebook du Ministère du commerce des Tuvalu ont enregistré plus d'un millier d'abonnés. Darryl Ikbal Farshid et ses collègues continuent de captiver leur audience en partageant des produits locaux, des événements et des nouvelles pertinentes liées au commerce. Ils créent des conversations avec les populations des Tuvalu et de la région du Pacifique, en leur demandant leur avis au sujet du nouveau logo du Ministère du commerce ou en leur faisant découvrir des produits typiques des Tuvalu.

La publication la plus populaire du Ministère du commerce des Tuvalu a été mise en ligne des semaines après le lancement de la page Facebook officielle. La publication présentait des photos de bouteilles de red toddy, un sirop de noix de coco sucré, et des paquets de chips de fruits à pain, un fruit originaire de la région du Pacifique Sud. La publication a été vue par près de 12 000 personnes et a été partagée plus de 40 fois.

"La publication a été un véritable succès, car tout à coup, la population des Tuvalu et de la région a pu dire: "Tiens, je crois que les Tuvalu produisent quelque chose qui peut être exporté!". Ils ne se doutaient pas que ces chips de fruits à pain pouvaient être emballées et prêtes à être exportées ou que des bouteilles pouvaient être remplies de sirop de red toddy et étiquetées à des fins d'exportation. Lorsque nous avons mis la publication en ligne, cela a véritablement fait réfléchir la population tuvaluane sur le rôle du commerce dans sa vie."

D'après Darryl Ikbal Farshid, la présence du Ministère du commerce des Tuvalu sur les réseaux sociaux a été bénéfique pour le Ministère, car elle a créé un lien entre eux et les propriétaires d'entreprise, les négociants, les donateurs et la population tuvaluane en général. Ces personnes ont toutes le pouvoir de soutenir et de mettre en œuvre le programme commercial dans le pays.

… à la surveillance du commerce

Au Lesotho, Lihaelo Nkota réalise un travail similaire mais en utilisant un autre moyen: les journalistes.

Lihaelo Nkota est attachée de presse au Ministère du commerce du Lesotho depuis 14 ans. Son travail l'a conduit à promouvoir les initiatives, politiques et décisions du Ministère auprès des médias nationaux.

Elle a la même approche que Darryl Ikbal Farshid lorsqu'il s'agit d'accroître la visibilité du commerce dans son pays. Elle comprend l'importance qu'il y a à rendre les questions commerciales accessibles à tous.

Voyant la difficulté avec laquelle les journalistes essayaient de comprendre des questions commerciales complexes et de faire rapport à leur sujet avec exactitude, elle a organisé des formations à leur intention. La première formation portait sur l'Accord portant création de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et ce qu'il signifiait pour le Lesotho et ses partenaires commerciaux.

"Nous avons considéré qu'il était essentiel de consacrer une séance complète de formation à un sujet commercial et de le présenter en détail aux médias. Nous voulions créer une plate-forme où il était possible pour eux de poser des questions. C'était également une manière de nous assurer que les journalistes étaient à l'aise pour couvrir des sujets commerciaux spécifiques," a affirmé Lihaelo Nkota.

Les résultats de la formation ont été immédiats. Une semaine plus tard, quatre articles sur la ZLECAf et un article sur le rôle joué par le Cadre intégré renforcé pour encourager un commerce inclusif et durable au Lesotho avaient été publiés dans des médias nationaux. Lihaelo Nkota a reçu de nombreuses demandes d'entretiens afin de savoir ce que le Ministère faisait pour rendre le secteur privé prêt à tirer profit de la ZLECAf.

Pour Lihaelo Nkota, le véritable objectif de cette formation était de rendre le commerce davantage présent dans les médias nationaux. "Je veux susciter de l'intérêt pour les questions commerciales, car je sais quels effets le commerce peut avoir sur l'économie. Il a tellement d'influence sur les moyens de subsistance et nous devons faire prendre conscience aux individus que le commerce a une incidence sur leur vie quotidienne. Les informations diffusées par les médias peuvent influencer les décisions commerciales et par conséquent avoir des retombées positives sur la croissance économique."

La pandémie a souligné l'omniprésence du commerce en rendant explicite le fait que l'accès aux produits de base suppose un réseau commercial et des chaînes de valeur complexes. Le dérèglement de ces réseaux et de ces chaînes de valeur a mis en évidence l'importance cruciale du commerce, qu'il s'agisse de se procurer une mangue fraîche au supermarché, des pièces détachées pour une machine de transformation de karité ou des médicaments essentiels tels que les vaccins.

Des personnes telles que Darryl Ikbal Farshid et Lihaelo Nkota comprennent le rôle essentiel que le commerce joue dans le développement économique de leur pays et veillent à ce qu'il occupe la place qu'il mérite réellement dans les conversations nationales.

Alors, qui veut se lancer dans l'importation de chips de fruits à pain?

Avertissement
Any views and opinions expressed on Trade for Development News are those of the author(s), and do not necessarily reflect those of EIF.