17 mars 2021

Aide pour le commerce: il est temps de faire le point sur l'impact de la COVID 19

by Helen Castell / in Nouvelles

Un an après le début de la pandémie mondiale, le Bilan de l'Aide pour le commerce organisé ce mois‑ci par la Division du développement de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) offre une occasion opportune d'évaluer l'impact sur les besoins commerciaux des pays en développement et des pays les moins avancés (PMA), de discuter de la manière d'assurer une reprise durable et de mobiliser des financements là où ils sont le plus nécessaires.

Du 23 au 25 mars, près de 40 séances – dont 10 organisées par le Groupe des PMA ou individuellement par des PMA et leurs partenaires – porteront sur des questions allant de la transformation numérique à la relance du tourisme, en passant par les chaînes de valeur pharmaceutiques et la résilience économique. Le Bilan vise à mettre en lumière les effets de la COVID‑19 sur les PMA et les pays en développement, notamment les besoins et contraintes identifiés, ainsi que la manière dont les priorités des partenaires de développement doivent évoluer dans les années à venir.

Un soutien aux PMA plus nécessaire que jamais

Les PMA ont été durement touchés par la pandémie. Les confinements imposés dans le monde entier au deuxième trimestre 2020 ont provoqué une chute de la demande d'hydrocarbures, de métaux et d'autres produits de base qui dominent les exportations de beaucoup d'entre eux, et des pays comme l'Angola ont affronté de lourdes conséquences financières et budgétaires. Même si certains PMA qui ont percé dans les chaînes de valeur alimentaires mondiales ont bénéficié d'une demande plus stable pour les produits agricoles, beaucoup d'entre eux continuent de subir l'effondrement des recettes touristiques. D'après le dernier Baromètre du commerce de l'OMC, une reprise s'amorce, mais elle est inégale et les secteurs comme le transport aérien de passagers et les TIC, par exemple, restent très déprimés.

"Il y a toujours un sentiment d'urgence quant à la sortie de crise", estime Michael Roberts, Chef de l'unité "Aide pour le commerce" à l'OMC. "C'est maintenant que nous pouvons vraiment commencer à faire le point sur l'ampleur des dégâts, les réponses apportées et le chemin qui reste à parcourir."

La pandémie ayant révélé que les niveaux de revenus ne sont pas un bon indicateur des meilleures pratiques, qu'il s'agisse de gérer la situation sanitaire ou de mettre en œuvre les meilleures politiques économiques pour en limiter l'impact, "les Membres à différents niveaux de développement ont énormément de choses à apprendre les uns des autres", ajoute M. Roberts.

Si le monde entier souffre de la pandémie, les PMA sont les plus durement touchés, reconnaît Buddhi Prasad Upadhyaya, Conseiller/Représentant permanent adjoint (commerce) de la Mission permanente du Népal auprès des Nations Unies, de l'OMC et des autres organisations internationales. Il explique que les perturbations des chaînes d'approvisionnement sur les marchés de destination ont été désastreuses pour les exportations des PMA, et que les confinements locaux ont exacerbé les difficultés logistiques. Par ailleurs, bien que les taux d'infection semblent plus faibles dans certains PMA que dans de nombreux pays développés et en développement, les données pourraient être faussées par le manque de campagnes de dépistage.

"Les PMA ne sont pas capables de se rétablir sans soutien supplémentaire", souligne M. Upadhyaya. "Le Bilan nous permettra d'avoir une vue d'ensemble, y compris différents renseignements et des données ventilées, pour nous aider à établir une feuille de route, non seulement au niveau mondial, mais aussi régional et national."

Influencer les plans d'investissement, identifier les avantages mutuels

Le Bilan est également l'occasion pour les PMA de plaider en faveur d'un maintien du soutien des donateurs, au moment où la diminution du revenu national brut dans de nombreux pays développés crée une incertitude quant aux sommes allouées à l'aide et au pourcentage qui peut être dirigé vers les PMA, note M. Roberts.

Cet événement arrive à un moment opportun pour l'UE, principal donateur au titre de l'Aide pour le commerce, qui a récemment approuvé son budget pour les sept prochaines années et planifie maintenant son affectation. C'est ce qu'explique Cécile Billaux, Responsable de l'unité "Analyse microéconomique, climat des investissements, secteur privé, commerce et emploi" à la Direction générale des partenariats internationaux de la Commission européenne.

Elle précise que la priorité a été donnée à la reprise post‑pandémie, la Direction générale ayant avancé la majeure partie de ses versements pour 2020 dans le cadre de programmes d'appui budgétaire qui couvrent pratiquement tous les PMA. La part du financement de l'UE au titre de l'Aide pour le commerce qui est destinée aux PMA est déjà en augmentation: elle est actuellement de 22%, l'objectif étant d'atteindre 25% d'ici à 2030. L'UE s'efforce de maintenir l'accent sur le soutien aux pays les plus en difficulté, plutôt que de se concentrer sur des investissements "à gains rapides" dans les pays où le climat des investissements et les infrastructures sont plus propices. "En tant qu'acteurs commerciaux, nous avons toujours tendance à aller vers les pays les plus développés parmi les moins développés", note Mme Billaux.

Le Bilan aidera aussi les donateurs et les organisations internationales à identifier les avantages mutuels, note M. Upadhyaya: la productivité marginale du capital étant plus élevée dans les PMA, les entreprises des pays développés peuvent réduire leurs coûts de production et augmenter leurs marges bénéficiaires en investissant dans les PMA et en commerçant avec eux, tandis que leurs consommateurs bénéficient de produits et de services de haute qualité abordables.

Contribuer à la durabilité environnementale

D'après M. Upadhyaya, permettre aux PMA de prendre une part plus équitable du commerce mondial est également bénéfique pour la planète, bon nombre de leurs produits agricoles étant par défaut biologiques et issus d'une production durable.

Ces pays sont donc bien placés pour bénéficier du Pacte vert de l'UE, qui donnera la priorité à des chaînes de valeur et à des modes de consommation plus inclusifs, socialement responsables et respectueux de l'environnement pour le soutien au titre de l'Aide pour le commerce, indique Mme Billaux. Elle ajoute qu'à mesure que les PMA diversifient leur production, ils ont la possibilité de choisir pour leurs principales exportations des sources d'énergie plus écologiques – par exemple solaire, éolienne, géothermique ou hydrogène.

Avec les représentants du Canada et de l'ITC, l'UE fournira plus de détails sur cette approche lors de la séance Promouvoir une relance verte et inclusive le premier jour du Bilan.

Commerce électronique, marques et propriété intellectuelle

Plusieurs autres préoccupations essentielles des PMA seront examinées de manière plus approfondie lors du Bilan, certaines étant directement liées à la pandémie et d'autres étant de nature plus structurelle sur le long terme.

Par exemple, le commerce électronique et le commerce numérique sont apparus, à travers la pandémie, comme un domaine de croissance dont les PMA ont eu du mal à tirer parti, en raison d'une infrastructure TIC limitée et de capacités humaines et institutionnelles insuffisantes. M. Upadhyaya note que, de manière plus générale, l'accès inadéquat à la technologie entrave les efforts de diversification des PMA. Un soutien est également nécessaire en matière de marques, d'étiquetage et de conception de produits, afin que les PMA puissent ajouter de la valeur à leur production. M. Upadhyaya fait valoir que la facilitation des échanges transfrontières revêt une importance particulière pour les pays sans littoral, que la relance du tourisme est cruciale pour de nombreux Membres de l'OMC en développement et moins développés, et que tous les PMA doivent trouver un moyen de bénéficier du système mondial de propriété intellectuelle avec le soutien des pays donateurs, plutôt que de le supporter comme un fardeau.

Pour vous inscrire:

https://www.wto.org/french/tratop_f/devel_f/a4t_f/gr21_f/gr21_f.htm

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