18 février 2018

Les noix de coco du samoa se mondialisent

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"La noix de coco est importante pour les Samoans, aussi bien sur le plan culturel que sur le plan économique"

Pour Alberta Vitale, Directrice adjointe de l'association samoane Women in Business Development Incorporated (WIBDI): "la noix de coco est importante pour les Samoans, aussi bien sur le plan culturel que sur le plan économique".

La WIBDI a initialement été mise sur pied pour offrir des opportunités et un revenu régulier aux femmes samoanes, mais aujourd'hui des familles entières sont concernées et participent à la récoltent des noix à la fabrication de l'huile de coco.

Le Samoa est un archipel de neuf îles situé dans le Pacifique Sud. Depuis très longtemps, la noix de coco joue un rôle important pour les économies insulaires de la région, et il n'existerait pas moins de 85 mots dans la langue samoane pour désigner le cocotier et ses différentes parties.

Cependant, les choses ont changé ces dernières décennies. Alors que deux tiers des Samoans sont tributaires de l'agriculture et de la pêche pour leurs revenus, l'attraitdes emplois urbains plus lucratifs pousse de plus en plus de personnes à s'éloigner du monde agraire. Dans tout le Pacifique, le taux de croissance démographique et le taux d'urbanisation sont élevés, ce qui pose des défis sur les plans social et infrastructurel.

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Stimuler le commerce de produits locaux et durables – comme la noix de coco – peut permettre de relever certains de ces défis. "Le commerce de la noix de coco permet à notre famille de rester au village plutôt que d'aller vivre en ville pour trouver du travail", raconte Luagalau Kelemete Lautafi, cultivateur certifié biologique et producteur d'huile de coco pour la WIBDI.

Le secteur de la noix de coco – production, récolte et commerce – pèse aujourd'hui plusieurs milliards de dollars au niveau mondial en raison notamment de l'essor récent de la consommation de denrées alimentaires biologiques. C'est pourquoi "il est temps pour le Samoa d'augmenter l'offre de ces produits", comme l'affirme Pulotu Lyndon Chu‑Ling, Secrétaire général du Ministère du commerce, de l'industrie et du travail du Samoa.

Par le biais de son Programme d'appui au secteur du commerce (TSSP), le Cadre intégré renforcé aide plusieurs organisations samoanes à travailler ensemble pour répondre à la demande mondiale croissante de noix de coco et de produits à base de noix de coco.

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AVENIR PROMETTEUR

Le premier obstacle à surmonter était le vieillissement des cocotiers du Samoa. Bien qu'ils soient résistants à l'activité volcanique et aux cyclones, ils sont vulnérables aux ravages du temps.

"Au Samoa, de nombreux cocotiers ont été plantés il y a 50 à 60 ans, et ils ne sont plus productifs depuis bien longtemps" explique Patea Lilo Malo, PDG de la Société samoane d'intervention foncière (STEC), une entreprise d'État qui est aussile plus grand propriétaire foncier du Samoa.

"C'est pour cette raison que nous avons lancé un programme de replantation: afin de revitaliser ce secteur pour demain."

À l'aide d'une pelleteuse pour travailler des sols volcaniques contraignants mais fertiles, la STEC plante actuellement 300 hectares supplémentaires de cocotiers et de cacaoyers (elle avait déjà planté 200 hectares grâce au TSSP en 2016).

Elle emploie également des équipes de villageois pour défricher et entretenir les plantations.

Mafutaga Sio, un villageois de Manono Tai partage son expérience: "Ce projet nous a non seulement aidés sur le plan financier, mais il a également contribué à renforcer les liens entre les jeunes de notre groupe et au sein de la communauté".

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VALEUR AJOUTÉE

La vente de noix de coco sur les marchés n'est pas l'unique moyen de développer le secteur. Le Samoa a également renforcé ses capacités pour ce qui est de transformer cette ressource brute de plus en plus abondante.

La WIBDI intervient dans 183 villages samoans, principalement auprès de petites productrices, pour soutenir les entreprises agricoles certifiées biologiques. Aujourd'hui, plus de 650 agriculteurs de l'archipel ont obtenu cette certification, qui leur rapporte chaque année 600 000 tala (237 000 dollars EU).

Selon Alberta Vitale, "cela leur permet de scolariser leurs enfants, de subvenir à leurs besoins et, surtout, ne plus compter sur des envois de fonds des travailleurs émigrés".

La WIBDI est également en train de construire un nouvel entrepôt, qui permettra de transformer les matières premières comme la noix de coco et le cacao biologiques en produits d'exportation à plus forte valeur ajoutée tels que l'huile et l'eau de coco, la liqueur de cacao et le chocolat, dans un environnement qui garantisse la sécurité sanitaire. Cette installation servira en outre d'espace d'entreposage pour les produits prêts à être expédiés, un point important sous un climat humide.

L'Organisation de la recherche scientifique du Samoa aide la WIBDI à sélectionner les équipements de transformation nécessaires et procède à des expériences pour détecter les métaux lourds tels que le cadmium et pour améliorer la qualité des processus (par exemple la durée optimale de torréfaction des fèves de cacao).

Selon Kuinimeri Finau, Directeur adjoint de l'Organisation de la recherche scientifique du Samoa, les produits élaborés au Samoa représentent non seulement un revenu plus élevé à l'exportation, pour les agriculteurs, mais ils sont aussi plus faciles à exporter que les produits bruts, soumis à des mesures de quarantaine et de biosécurité.

Les résultats sont là: les produits samoans sont reconnus par des marques multinationales, comme par exemple The Body Shop etC1Espresso qui font la promotion sur leurs sites Web de leurs partenariats avec la WIBDI pour le commerce équitable d'huile de coco et de café.

"Ces partenariats avec des marques internationales sont extrêmement précieux car ils stimulent l'économie des villages où nous œuvrons", affirme Alberta Vitale.

Les revenus additionnels provenant de l'agriculture et de la transformation constituent un financement qui permet aux Samoans de perpétuer des traditions artisanales telles que le tissage fin de nattes. Ces produits artisanaux peuvent ensuite être vendus pour générer des revenus supplémentaires.

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ACHETER SAMOAN

Un certain nombre de produits samoans ont été présentés lors de foires commerciales dans toute la région Asie‑Pacifique dans le cadre de la campagne "Buy Samoa Made" (acheter samoan). Suite au lancement de cette campagne en Nouvelle‑Zélande en 2013, les exportations totales ont augmenté de 11%.

"Quand on y pense, le chemin parcouru depuis 2006 est impressionnant. À l'époque, le secteur de la noix de coco et du cacao était plutôt modeste", se souvient Pulotu Lyndon Chu‑Ling.

Pour Alberta Vitale, "le développement durable est important et, plus encore, le développement devrait s'opérer dans le respect des valeurs, de la culture et de la tradition du Samoa".

La noix de coco, qui est un produit résistant, local et durable, semble être le point de départ idéal.

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