Six nouveaux objectifs pour une coopération régionale
Alors que le monde est aux prises avec les effets dévastateurs de la COVID‑19 sur l'économie mondiale, il est nécessaire de prendre les devants dans la coopération mondiale afin de sortir de la récession qu'a engendrée l'arrêt des activités dû à la situation sanitaire. La coopération économique internationale sera cruciale pour gérer la crise et soutenir la reprise grâce au commerce, à la stabilisation des marchés, à un redémarrage plus rapide des chaînes d'approvisionnement des entreprises et aux voyages internationaux. Sans une telle coopération, le monde devra faire face à une crise sanitaire prolongée et à une stagnation économique persistante d'une ampleur jamais vue depuis la Grande Dépression.
Dans ce monde divisé sur le plan géopolitique, la coopération internationale n'est pas chose aisée. Les États‑Unis, première puissance mondiale, semblent avoir perdu leur attrait pour la coopération multilatérale et sont en conflit stratégique avec la Chine, deuxième puissance mondiale. D'autres doivent à présent endosser le premier rôle.
Cela place l'Asie de l'Est et l'Association des nations de l'Asie du Sud‑Est (ASEAN) en première ligne. Du fait de leur poids et de leur potentiel dans l'économie mondiale, les économies asiatiques jouent un rôle central dans le redressement suite à la crise liée à la COVID‑19. Frappées en premier par le virus, elles sont à même de redémarrer leurs économies plus tôt. L'Asie peut ouvrir la voie vers la sortie de la crise et contribuer de manière essentielle à la reprise économique mondiale.
Comme le reste du monde, le continent est confronté à un double défi: les grands enjeux sanitaires mondiaux et les difficultés économiques relatives à la sortie de la crise. L'incapacité de faire face judicieusement à ces deux éléments engendrera des bouleversements sociaux, une hausse des décès et une situation économique ardue. Il est urgent de définir la voie à suivre sur ces deux fronts simultanément.
Un groupe d'experts asiatiques réunis par le Bureau asiatique de recherche économique, dont j'étais membre, a publié le mois dernier sa stratégie de reprise post‑COVID‑19 pour l'Asie, qui appelle les pays de l'ASEAN+6 (ASEAN, Chine, Japon, Corée du Sud, Inde, Australie et Nouvelle‑Zélande) à s'employer rapidement à coordonner les mesures financières et commerciales et les actions relatives à la santé publique et à la sécurité alimentaire afin d'éviter une stagnation prolongée et d'inciter les États‑Unis et l'Europe à se joindre à eux.
Du fait de leur poids et de leur potentiel dans l'économie mondiale, les économies asiatiques jouent un rôle central dans le redressement suite à la crise liée à la COVID‑19. Frappées en premier par le virus, elles sont à même de redémarrer leurs économies plus tôt.
Le sommet ASEAN+3 du 14 avril a posé les fondations d'une action politique régionale en Asie; il a notamment réuni les dirigeants des pays de l'Asie du Sud‑Est, de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud, qui se sont engagés en faveur d'une coordination aux niveaux sanitaire et économique. L'Indonésie a joué un rôle essentiel dans cette initiative de l'ASEAN+3.
Grâce à son poids au sein de cette organisation, l'Indonésie a à présent, aux côtés de l'ASEAN, une importante contribution à apporter dans la collaboration avec des pays voisins importants, tels que l'Australie, le Japon, l'Inde, la Corée du Sud et la Chine, en vue de faire face aux défis posés par le virus.
Cette initiative relative à la coopération régionale comporte six objectifs importants:
• Faire en sorte que les banques centrales et les ministères des finances élargissent les accords bilatéraux d'échange de devises et conviennent d'une nouvelle émission de droits de tirage spéciaux afin de créer un filet de sécurité financier plus solide au niveau régional. Cela fournirait à la fois une marge de manœuvre sur le plan macroéconomique et une stabilité financière pour lutter contre les effets de la crise sur la santé publique et l'économie dans les pays en développement de la région; il s'agit là d'un intérêt central pour l'Indonésie.
• Soutenir le développement, la production et la distribution équitable de tests de diagnostic, d'un vaccin et de traitements en Asie via des engagements collectifs de fonds en faveur de l'accélérateur d'accès aux outils contre la COVID 19 de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), et appuyer l'élargissement du Fonds de réponse de l'ASEAN à la COVID 19 afin d'inclure les pays de l'ASEAN+6.
• Maintenir l'ouverture des marchés régionaux de matériel médical et de produits alimentaires. Il est essentiel d'éviter de restreindre les échanges de fournitures et d'équipements médicaux une fois que les besoins nationaux critiques sont satisfaits. Cela nécessite un engagement au niveau régional en vue de réduire ou d'éliminer les droits de douane et les mesures non tarifaires sur les marchandises et les services médicaux. De même, la sécurité alimentaire régionale dépendra de l'accès aux marchés internationaux et de la levée des restrictions à l'exportation qui ont été imposées. Les initiatives bilatérales actuelles visant à maintenir l'ouverture des échanges de produits alimentaires peuvent être regroupées en un accord régional.
• Accélérer l'élaboration de protocoles de certification sanitaire pour les voyages internationaux afin de stimuler la reprise des échanges internationaux, des voyages à des fins d'étude, des échanges scientifiques, des mouvements de main d'œuvre temporaire et du tourisme. La première étape consiste à réunir des experts pour examiner ces questions.
• Adhérer à la transformation numérique que la COVID 19 a engendrée dans la gestion sanitaire. L'Asie peut lancer un programme proactif de gouvernance collective concernant l'infrastructure numérique qui porterait notamment sur la cohérence de la réglementation, les normes relatives à la vie privée et le partage de données. Cela est désormais essentiel pour les nouvelles pratiques de travail, les nouveaux modes de production, la gestion des chaînes d'approvisionnement et la fourniture de marchandises et de services, y compris les services publics.
• Conclure sans délai un partenariat économique régional global pour garantir la solidarité commerciale régionale. La conclusion rapide d'un tel accord entre 15 membres enverra au monde un signal en faveur du maintien d'un commerce ouvert, de la protection de la sécurité alimentaire et du maintien de l'ouverture des marchés en Asie de l'Est. Ce partenariat doit ménager la possibilité, à terme, d'une adhésion de l'Inde et promouvoir activement la coopération économique avec l'Asie du Sud.
Grâce à son poids au sein de cette organisation, l'Indonésie a à présent, aux côtés de l'ASEAN, une importante contribution à apporter dans la collaboration avec des pays voisins importants, tels que l'Australie, le Japon, l'Inde, la Corée du Sud et la Chine, en vue de faire face aux défis posés par le virus.
La crise de la COVID‑19 est à présent au centre de la tempête qui secoue l'économie et la politique mondiales. L'Asie peut œuvrer à appliquer ce programme via les arrangements de l'ASEAN, de l'ASEAN+3 et de l'ASEAN+6, en mobilisant les pays du Sommet de l'Asie orientale, y compris les États‑Unis, ainsi que l'APEC et le G‑20, et entreprendre parallèlement de conduire les réformes au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et du Fonds monétaire international (FMI).
Il sera fondamental que l'Asie mobilise l'énergie et la volonté politiques nécessaires pour faire face sans attendre aux répercussions internationales de la crise liée à la COVID‑19, ce afin de s'attaquer aux grands problèmes mondiaux que nous rencontrons, de préserver la stabilité politique régionale et de rétablir les perspectives initiales de prospérité.
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