Les pays les moins avancés (PMA) ont continué d'être en proie aux mêmes difficultés qui ont conduit à la création de cette catégorie il y a plus de 50 ans. Les périodes de croissance économique ont généralement été insuffisantes pour régler le problème de l'écart de revenu qui subsiste de longue date avec le reste du monde. Alors que la part dans le commerce mondial continue de plafonner à environ 1%, les incidences économiques de la pandémie de COVID-19 ont encore assombri la perspective d'une certaine convergence avec le reste du monde. Le défi supplémentaire que constitue la crise climatique a amplifié les vulnérabilités de nombreux PMA, qui subissent des conséquences tant sur le plan climatique qu'économique.
L'Aide publique au développement (APD) est restée une source essentielle de financement pour de nombreux PMA, s'élevant à quelque 33 milliards d'USD en 2021 d'après les données préliminaires de l'OCDE. L'Aide pour le commerce est une des principales manières de faire parvenir l'APD aux PMA. D'après les statistiques de l'OCDE sur l'Aide pour le commerce tirées du Système de notification des pays créanciers (SNPC), les décaissements au titre de l'Aide pour le commerce ont augmenté en moyenne de 6,6% par an depuis 2006. Le soutien aux PMA a également progressé à un rythme soutenu oscillant entre 8,2% et 8,4% par an. Les développements les plus récents tels que les conflits mondiaux peuvent avoir des impacts sur l'aide au commerce, les indications préliminaires indiquent également un réalignement des priorités qui pourrait avoir des implications sur les déboursements de l'aide au commerce à court et moyen terme au moins.
Malgré les contractions potentielles de l'Aide pour le commerce, les PMA sont caractérisés par des vulnérabilités structurelles accrues associées aux effets persistants de la pandémie de COVID-19. Alors que les années qui nous mèneront à 2030 seront cruciales pour la réalisation des Objectifs de développement durable, les priorités sont multiples et les ressources limitées. D'après les estimations de la CNUCED, les PMA auront besoin de quelque 462,4 milliards d'USD par an pour atteindre une croissance du PIB de 7% comme visé dans les ODD. L'élimination de l'extrême pauvreté ou la promotion de la diversification économique nécessiteront des hausses sensibles des taux de croissance du PIB. Pour ce faire, il convient de repenser les modèles de financement du développement pour les PMA en mettant davantage l'accent sur la diversification des sources dans le but de lever des financements plus importants.
Le Cadre intégré renforcé a continué de jouer un rôle clé dans l'acheminement des ressources de l'Aide pour le commerce aux PMA au cours de la dernière décennie, mais a également pour mandat d'aider les PMA à élargir leur base de financement du commerce. Le Rapport d'évaluation finale du CIR publié récemment a présenté des enseignements et des recommandations essentiels concernant la mobilisation de ressources supplémentaires pour le développement du commerce dans les PMA. Si des progrès ont été faits s'agissant d'obtenir des fonds supplémentaires de la part des donateurs, ainsi qu'une assistance technique supplémentaire, le succès a été limité dans la mobilisation de sources de financement alternatives, telles que la philanthropie, l'investissement à impact social, les financements mixtes et les partenariats public-privé (PPP). Le potentiel des sources de financement alternatives dans le cadre des efforts visant à catalyser la capacité productive à l'échelle a été tout particulièrement souligné dans l'évaluation.
Parmi les pays soutenus par le CIR, certains ont démontré qu'il était possible de mobiliser des ressources supplémentaires auprès des bailleurs de fond et des partenaires du CIR. Par exemple, au Burkina Faso, le gouvernement, avec l'appui du secrétariat du CIR, s'est associé à la Coopération luxembourgeoise qui a contribué 1,4 million d'USD pour soutenir la compétitivité des produits de la filière karité, en plus des 482 000 d'USD avancés par le gouvernement burkinabé.
Au Vanuatu, le CIR s'est associé au gouvernement de la Nouvelle-Zélande, qui a investi 15,5 millions d'USD pour reconstruire son infrastructure touristique après le passage du cyclone Pam en 2015. Plus récemment, le Vanuatu a obtenu 845 000 d'USD de la Banque mondiale et de l'Australie pour soutenir son projet de guichet unique électronique mis en œuvre par la CNUCED.
Au Cambodge, le gouvernement a réussi à obtenir de l'aide en lien avec le développement de la stratégie de commerce électronique du pays, y compris l'amélioration des services logistiques pour faciliter le commerce électronique. Dans le cadre du projet Go4eCAM, l'équipe du CIR a mobilisé des ressources supplémentaires auprès du gouvernement, des partenaires de développement (par exemple le PNUD, l'Australie) et du secteur privé (par exemple Alibaba, Khmer Enterprise).
Malgré les succès obtenus dans la mobilisation de ressources auprès des partenaires de développement pour soutenir le programme commercial comme démontré ci-dessus et dans les cas étudiés dans l'évaluation, les PMA ont, en moyenne, une part d'autres flux officiels plus faible, qui sont définis comme de l'APD ne répondant pas aux critères de l'aide publique au développement. Des travaux de recherche de l'OCDE montrent que les PMA ont reçu seulement 6% du financement privé mobilisé entre 2012 et 2019. Cela met d'autant plus en exergue la forte dépendance vis-à-vis de l'APD et rend également compte des difficultés à accéder aux marchés des capitaux. Les secteurs auxquels sont affectés les fonds sont aussi importants que les volumes et les flux. L'OCDE a constaté que le financement privé se concentrait sur quelques secteurs à forte rentabilité comme l'énergie et les services bancaires et financiers. Des secteurs comme l'agriculture, qui sont tout aussi importants pour les PMA, semblent être moins ciblés.
Ces prochaines années, comme recommandé dans l'évaluation du CIR, il sera essentiel d'obtenir une aide financière supplémentaire pour les PMA de la part du secteur privé pour compléter l'APD. Le document Blended finance (financement mixte) présente une approche viable pour laquelle certains travaux préparatoires ont déjà été réalisés. Les pouvoirs publics des PMA ont déjà montré qu'ils étaient résolus à mobiliser des ressources pour compléter l'APD. Cela est particulièrement visible en ce qui concerne les volumes de cofinancement pour des projets de développement du commerce. Toutefois, des améliorations supplémentaires pourraient également être bénéfiques pour pouvoir exploiter pleinement le potentiel des sources de financement innovantes. Il s'agit par exemple:
- de soutenir le développement des écosystèmes et des marchés financiers nationaux et de renforcer les capacités locales;
- de cibler les régions les plus difficiles à atteindre ou non desservies. Il conviendra d'identifier les possibilités de mener des projets compte tenu des besoins locaux, comme souligné dans les travaux d'analyse tels que les EDIC financées par le CIR;
- de ramener le financement innovant à l'échelle grâce à des approches systémiques et porteuses de changement. Point déterminant, il sera également nécessaire de mettre l'accent sur les catalyseurs du marché, comme les réformes réglementaires dans les PMA.
En dotant les PMA des outils et des compétences nécessaires pour mobiliser leurs propres ressources afin de soutenir le développement des secteurs économiques clés, le CIR vise à ancrer fermement la durabilité. Enfin, nous saurons que nous aurons réussi quand les PMA mobiliseront leur propre financement du commerce pour faire fond sur les résultats du CIR et sur les progrès faits s'agissant d'améliorer l'environnement commercial, le volume des échanges et les compétences de la population.
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