Le gouvernement et le secteur privé ont œuvré ensemble à la création d'emplois dans un nouveau "secteur"
Le premier pays africain à interdire les sacs en plastique a désormais un autre atout dans le domaine de l'environnement − une approche globale en matière de recyclage et de réutilisation des déchets électroniques.
"Le Rwanda fait partie des quelques pays à avoir une politique et des réglementations en matière de déchets électroniques, et c'est le deuxième pays d'Afrique à disposer d'installations de pointe pour le désassemblage et le recyclage des déchets électroniques", a dit Olivier Mbera, Directeur général pays d'EnviroServe Rwanda, qui gère l'installation de recyclage.
"Le Rwanda montre l'exemple aux autres pays africains" a‑t‑il ajouté.
Il y a tout juste trois ans, M. Mbera supervisait le développement et la mise en œuvre du projet de gestion des déchets électroniques du Rwanda dans le cadre de ses fonctions au Ministère du commerce et de l'industrie (MINICOM).
"À l'époque, le gouvernement promouvait la pénétration des TIC dans les zones rurales grâce à différentes initiatives, telles que le programme "un ordinateur portable par enfant" et un programme d'électrification rurale hors réseau, et visait à fournir tous les services en ligne par l'intermédiaire du portail Irembo" a dit M. Mbera.
"Toutefois, il n'existait pas de solution en matière d'élimination de ces produits électroniques et électriques une fois qu'ils avaient atteint leur fin de vie. Le gouvernement et les autres organismes privés louaient des entrepôts pour stocker tous les déchets électroniques, ce qui était cher et non durable. Le gouvernement souhaitait une solution axée sur une approche englobant l'ensemble du cycle de vie."
Les déchets électroniques sont générés par les téléphones mobiles, les ordinateurs, les appareils stéréos et les ampoules mis au rebut, ainsi que par les grands appareils électroménagers tels que téléviseurs, réfrigérateurs, lave‑linge et climatiseurs.
La gestion des déchets électroniques est devenue un défi majeur pour de nombreux pays africains en raison du manque de prise de conscience, de l'absence de législation environnementale et de ressources financières limitées. À l'heure actuelle, les déchets électroniques en Afrique sont principalement éliminés par mise en décharge à ciel ouvert, incinération ou enfouissement, mais compte tenu des métaux lourds et autres substances dangereuses présents dans les produits électroniques, ces méthodes ont potentiellement des conséquences graves pour la santé humaine et l'environnement .
Alors, en 2008, le Rwanda a entamé des discussions politiques sur la façon de gérer ses déchets électroniques. Après avoir consulté les acteurs du secteur, et avec l'aide du Cadre intégré renforcé (CIR), en 2016, le pays a approuvé une politique en matière de déchets électroniques.
"La politique a énoncé des principes directeurs en matière de traitement des déchets électroniques et les rôles et responsabilités des institutions. L'étape suivante consistait à créer des instruments juridiques tels qu'une loi et des réglementations, ainsi qu'une infrastructure adéquate pour gérer l'augmentation des déchets électroniques générés" a dit M. Mbera.
Le coordonnateur du CIR, Peter Donelan, a dit ce qui suit à propos de ces travaux au Rwanda: "Il est souvent difficile de voir les avantages visibles des travaux de renforcement des politiques, alors c'est formidable de voir ce qui a été accompli au Rwanda."
"Il y a un certain nombre d'années, le CIR a œuvré avec le gouvernement en vue d'intégrer le commerce dans le programme de développement national du pays, et cela a notamment consister à contribuer à l'établissement de cette politique en matière de gestion des déchets. Au vu des bienfaits pour l'environnement, de la création d'emplois et des revenus générés, je suis heureux que le Rwanda fasse désormais office de chef de file dans la région en matière de gestion des déchets."
Un inventaire détaillé des déchets électroniques générés a également été mené dans le cadre du projet, et il a été constaté que le Rwanda pouvait générer entre 10 000 et 15 000 tonnes de déchets électroniques par an.
"C'étaient les données de base dont nous avions besoin pour être en mesure de mettre en place l'infrastructure appropriée pour une gestion durable des déchets électroniques au Rwanda" a dit M. Mbera.
Une installation de recyclage des déchets électroniques a été construite dans l'est du pays et elle est actuellement dirigée et gérée par l'entreprise du secteur privé EnviroServe Rwanda Green Park par l'intermédiaire d'un accord de partenariat public‑privé conclu avec le gouvernement rwandais.
EnviroServe Rwanda dispose actuellement de 6 points de collecte dans lesquels le public peut déposer les produits électroniques dont il ne veut plus, et elle espère en avoir 30 d'ici à la fin de l'année − un dans chaque district rwandais et aux postes frontière.
"L'année dernière, nous avons collecté 3 000 tonnes de déchets électroniques, ce qui représente 30% des capacités de l'installation. Cette année, non seulement nous nous concentrons sur l'augmentation du nombre de centres de collecte, qui devrait atteindre 30, mais nous nous employons aussi à faire connaître au grand public les lieux dans lesquels il peut se débarrasser de ses déchets électroniques de manière responsable" a dit M. Mbera.
L'intervenant a ajouté que la COVID‑19 avait eu une incidence sur les travaux et retardé l'établissement des centres de collecte dans l'ensemble du pays.
EnviroServe Rwanda propose également un service de collecte pour les grandes organisations et les grandes entreprises, non seulement au Rwanda mais aussi pour les sociétés d'entretien situées en Ouganda, en République démocratique du Congo et au Burundi.
"Nous reconnaissons que même avec ces mesures nous ne sommes pas en mesure d'avoir accès à l'ensemble des déchets électroniques au Rwanda, alors nous travaillons conjointement avec des sociétés de collecte générale des déchets, en les formant à trier les déchets électroniques et à nous les confier" a dit M. Mbera.
Le Rwanda fait partie des quelques pays à avoir une politique et des réglementations en matière de déchets électroniques, et c'est le deuxième pays d'Afrique à disposer d'installations de pointe pour le désassemblage et le recyclage des déchets électroniques.
Une fois que le déchet électronique arrive à l'installation, il est trié, pesé et enregistré.
"Nous gardons trace de l'origine du déchet et du point de savoir si le client a demandé une remise en état ou encore que ses données soient effacées," a dit M. Mbera.
Si l'équipement ne peut pas être réparé et remis en état, il est vendu à un prix fortement réduit ou donné à des écoles locales.
"À ce jour, nous avons vendu ou donné environ 2 000 ordinateurs reconditionnés à des écoles" a dit M. Mbera.
Si l'article ne peut pas être réparé, il est démonté en différentes parties, les matériaux ayant de la valeur sont récupérés et les matières dangereuses sont éliminées de façon responsable.
"Nous concassons le plastique en petits granulés qui sont envoyés à d'autres entreprises pour fabriquer de nouveaux articles en plastique tels que des chaises ou des matériaux de construction. L'acier que nous récupérons dans les articles éliminés est transformé en barres en fer de haute qualité par une installation située à proximité immédiate de la nôtre. Ces barres sont utilisées pour la construction d'écoles et de nouveaux aéroports" a dit M. Mbera.
"Quant aux cartes de circuits imprimés, nous devons les exporter à destination de la société Enviroserve Dubai qui possède des installations de plus haute technologie et plus respectueuses de l'environnement qui lui permettent d'en retirer les métaux précieux."
Cela a incité la société à développer encore ses capacités.
"Nous avons l'intention de nous développer et de devenir la première installation de recyclage des batteries au lithium en Afrique. Nous menons actuellement une étude de faisabilité avec le soutien du MINICOM et de l'UE et espérons attirer des investissements importants" a dit M. Mbera.
Non seulement l'installation a permis d'importants gains environnementaux, mais elle a aussi généré des emplois pour plus de 400 personnes.
"De la collecte à la remise en état en passant par la construction, de nombreux emplois ont été créés pour soutenir les industries du futur", a dit M. Mbera.
De nombreuses délégations de pays en visite ont été intéressées par le modèle adopté par le Rwanda pour le recyclage de ses déchets électroniques et M. Mbera estime non seulement que ce modèle est facilement applicable à d'autres pays, mais aussi que c'est un bon exemple de la façon dont l'économie circulaire peut fonctionner en Afrique.
"Le principe d'une économie circulaire consiste à réutiliser tous les déchets. Les déchets électroniques sont souvent considérés comme un problème mais nous avons démontré qu'ils constituent souvent une ressource. Si nous faisions tous quelques efforts supplémentaires en matière de gestion des déchets, nous pourrions accomplir de grandes choses."
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