Gebremeskel Chala, Ministre éthiopien du commerce et de l'intégration régionale, nous parle des priorités commerciales de son pays, du processus d'accession à l'OMC et de la valorisation du potentiel africain.
Pouvez‑vous nous expliquer l'importance du soutien comme celui du CIR pour le programme commercial de l'Éthiopie, y compris l'impact sur le renforcement des institutions et la promotion des exportations?
Le CIR a soutenu l'Éthiopie de multiples façons, dans des domaines cruciaux pour le programme commercial de notre pays. J'en mentionnerai trois plus spécifiquement:
Premièrement, la facilitation des échanges. Les interventions du CIR ont aidé l'Éthiopie à mieux s'intégrer et à participer plus efficacement dans le réseau complexe des chaînes de valeur mondiales. Il a fallu pour cela renforcer les capacités institutionnelles et productives, et simplifier les régimes commerciaux, y compris en diminuant les obstacles et en rationalisant les processus pour les exportateurs et les importateurs. Ces efforts ont contribué à rendre l'Éthiopie plus compétitive sur le marché mondial. Nous avons notamment participé avec le soutien du CIR à Gulfood Expo Dubaï, et obtenu ainsi chaque année des contrats avec des acheteurs internationaux pour environ 100 millions d'USD.
Deuxièmement, le renforcement des capacités. L'Éthiopie est confrontée à des questions complexes, pour les négociations en vue de son accession à l'OMC et pour la mise en œuvre de la Zone de libre‑échange continentale africaine (ZLECAf). Dans ce contexte, l'appui technique du CIR pour renforcer les compétences des acteurs majeurs est tout à fait essentiel: des activités de formation, d'assistance pour l'élaboration de documents stratégiques, et de partage de données d'expérience ont permis d'améliorer la formulation des politiques commerciales, les compétences en matière de négociation et la compréhension des règles commerciales. Cela a permis de consolider la participation de l'Éthiopie aux dispositifs régionaux et mondiaux. S'agissant de la ZLECAf, le CIR a aussi facilité un exercice de repérage visant à tirer les enseignements de l'expérience du Nigéria et de l'éclairage régional pour peaufiner l'approche de l'Éthiopie.
Troisièmement, le commerce des services. Le CIR a mis l'accent sur le secteur privé, les réformes et la promotion des exportations, ainsi que sur l'accès aux marchés pour les exportateurs, et cette démarche a été déterminante pour instaurer un climat favorable au commerce et à l'investissement en Éthiopie.
Ce soutien pluriel a eu un véritable impact pour notre pays. Au cours des trois ou quatre dernières années, nous avons enregistré une forte croissance du commerce des marchandises, en grande partie grâce aux efforts déployés par le programme du CIR.
Est‑il important que le soutien soit flexible, neutre et déterminé par la demande?
C'est une grande question, à laquelle je peux répondre très facilement. L'approche du CIR – flexible, neutre et déterminée par la demande – est absolument essentielle pour toutes les questions commerciales, et en particulier pour les exportations. Les projets sont mis en œuvre de façon conviviale, sans bureaucratie, avec des règles claires. L'adaptabilité du programme permet d'intégrer le soutien dans nos activités en cours, et le CIR s'efforce de répondre à nos priorités sectorielles, ce qui a été fondamental pour faire avancer le programme commercial de l'Éthiopie de manière ciblée.
En 2023 le processus d'accession de l'Éthiopie a repris, dès le mois de janvier avec une mission sur place du Secrétariat de l'OMC, puis en mars avec la désignation de la Présidente pour la cinquième réunion du Groupe de travail de l'accession, et des travaux techniques préparatoires sont en cours. Du côté des autorités éthiopiennes, vous êtes désormais Négociateur en chef pour l'accession à l'OMC. Comment votre Ministère peut‑il être soutenu par des programmes comme le CIR afin de poursuivre sur cette lancée?
L'accession à l'OMC n'est pas chose simple. C'est une entreprise de longue haleine qui demande des capacités, des réseaux et des ressources financières. L'OMC fonctionne comme une chaîne de valeur mondiale, avec ses propres règles. Pour réussir sur le chemin de l'accession, l'Éthiopie doit se donner véritablement les moyens de tenir ses engagements et de respecter les prescriptions. Dans ce contexte, elle doit optimiser le soutien des partenaires de développement comme dans le cadre du CIR et, même si le programme s'arrête progressivement, nous espérons que le soutien sera maintenu à l'avenir et qu'il complétera celui du Secrétariat de l'OMC.
Il sera crucial de rationnaliser et de coordonner les programmes de soutien, avec les donateurs, afin d'assurer les capacités humaines et institutionnelles nécessaires pour que notre pays puisse tenir ses engagements en temps utile. Le soutien comme celui qui est fourni par le CIR sera déterminant pour accélérer le processus d'accession de l'Éthiopie.
La ratification par l'Éthiopie de la Zone de libre‑échange continentale africaine (ZLECAf) en 2019 a été un tournant dans la participation de votre pays aux systèmes commerciaux régionaux et mondiaux. Pouvez‑vous nous parler des ambitions de votre gouvernement dans le cadre de la ZLECAf?
L'Éthiopie est présente depuis longtemps sur la scène régionale et mondiale. Elle est membre fondateur de l'Organisation des Nations Unies et a joué un rôle de chef de file dans le mouvement panafricain. Addis‑Abeba accueille en outre le siège de l'Union africaine.
La ZLECAf est née de l'ambition des dirigeants africains de créer un marché unique pour le commerce des marchandises et des services sur le continent; c'est le plus grand bloc commercial régional au monde en nombre d'États membres.
L'Éthiopie est déterminée à promouvoir et à diriger ce dispositif, dont nous pensons qu'il offre un potentiel immense pour le commerce et l'investissement, non seulement en Afrique mais aussi dans le monde entier. La ZLECAf constitue en outre un marché considérable et unique en son genre pour la population africaine.
Enfin, la mise en œuvre de la ZLECAF en Éthiopie fait partie intégrante de la réalisation de l'Agenda 2063 de l'Union africaine.
Y a‑t‑il autre chose dont vous souhaitiez nous faire part?
L'Afrique possède un énorme potentiel dont les bénéfices s'étendent au monde entier. Avec une population de 1,3 milliard d'habitants, des ressources naturelles abondantes et une base de consommateurs en plein essor, la prospérité du continent peut résonner à l'échelle mondiale. Pour exploiter encore davantage ce potentiel, nous devons promouvoir les aspects positifs de l'Afrique et mettre en avant ses nombreux atouts, précisément parce que cette image positive présente des avantages notables pour le monde entier.
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