Les stratégies relatives au tourisme, à l'habillement et au développement durable sont abordées dans une nouvelle série de notes de synthèse du Cadre intégré renforcé.
Le commerce international peut être un outil puissant pour les pays les moins avancés (PMA) afin de réduire la pauvreté et de stimuler la croissance économique. Mais il ne s'agit pas d'une solution universelle.
Les contextes nationaux individuels, les plans et priorités des gouvernements, la situation du secteur privé et d'autres particularités – sans oublier les préférences des consommateurs et les tendances mondiales – se combinent pour stimuler (ou non) le développement du commerce. Pour pouvoir tirer parti des opportunités disponibles et en créer de nouvelles, il faut être informé, passer à l'action et bénéficier d'un soutien ciblé afin que le commerce profite aux populations des PMA.
Une série de trois notes de synthèse récemment lancées par le Cadre intégré renforcé (CIR) répond à ces besoins, en examinant les domaines particulièrement pertinents pour les PMA qui s'efforcent de renforcer leur présence sur la scène commerciale mondiale. Depuis plus de 10 ans, le CIR travaille avec les gouvernements des PMA pour mettre en place des institutions et des politiques commerciales solides et pour soutenir les secteurs commerciaux locaux prometteurs; cette nouvelle analyse s'appuie sur cette expérience et s'inscrit dans le cadre du soutien du CIR au commerce.
Utilisant des études de cas de divers pays comme modèles, les notes offrent une vue d'ensemble sur des sujets commerciaux essentiels et comprennent une série de recommandations sur les mesures à prendre.
Comment un PMA peut‑il s'assurer que son développement commercial est durable? Le tourisme pourrait‑il faire partie du soutien à la réponse aux pandémies? Où, dans la chaîne de valeur du secteur de l'habillement, la résilience peut‑elle être renforcée?
Les notes de synthèse posent ces questions et d'autres encore, et y répondent, en mettant l'accent sur les impacts de la COVID‑19 et les réponses à y apporter, en proposant des exemples détaillés des îles Salomon à la Zambie en passant par le Bangladesh. Voici un aperçu de ce qui est couvert.
Intégration du commerce et développement durable
Le commerce ne fait pas nécessairement partie de la stratégie de développement d'un pays. Il doit être intégré au niveau national par des personnes au sein du gouvernement, ce qui n'est pas nécessairement un processus simple.
Par ce que l'on appelle "l'intégration du commerce", les pays reconnaissent les effets transversaux de cette démarche, à savoir que les dimensions économiques, sociales et environnementales sont imbriquées. Les PMA peuvent et doivent tirer des enseignements de ce que les autres ont fait, indique la note intitulée Intégrer le commerce dans les stratégies de développement des pays les moins avancés.
Le Cambodge par exemple a fait d'énormes progrès dans la réduction de la pauvreté et la réalisation des objectifs de développement. Le commerce international et les investissements ont joué un rôle majeur dans le maintien d'un taux de croissance moyen de 7,9% de 1997 à 2017.
Le pays a réussi à intégrer le commerce en orientant stratégiquement le processus, en investissant dans ses capacités humaines et en favorisant le dialogue avec les parties prenantes et les consultations entre les institutions gouvernementales. Le Cambodge a repris la liste des actions recommandées dans sa première étude diagnostique sur l'intégration du commerce (EDIC) et l'a transformée en une feuille de route pour l'intégration du commerce. La quatrième et dernière version de l'EDIC – la stratégie d'intégration commerciale du Cambodge 2019‑2023 – renforce le lien entre la stratégie commerciale et le programme de développement plus large du pays, notamment en explorant de nouvelles sources de croissance dans le domaine du numérique.
L'objectif de l'intégration du commerce dans la planification du développement d'un pays est d'améliorer les moyens de subsistance. Mais il faut également prouver que le commerce international y contribue – ce qui doit faire partie du travail d'intégration du commerce, est‑il indiqué dans la note.
La Zambie, par exemple, poursuit son travail d'intégration du commerce dans diverses politiques et domaines de travail stratégiques. Mais, comme l'indique dans la note Griffin Nyirongo, Coordonnateur du CIR au Ministère zambien du commerce et de l'industrie, "l'intégration du commerce dans la planification du développement n'en garantit pas l'efficacité si des ressources intérieures et extérieures ne sont pas engagées dans la mise en œuvre des politiques et programmes liés au commerce."
Des ressources financières sont nécessaires à la réussite du commerce. Un financement est également nécessaire pour pouvoir suivre ce succès – qu'il s'agisse de changements de politique, d'initiatives ou de programmes destinés à réduire la pauvreté par le commerce.
Commerce et tourisme
Certains PMA ont réussi à utiliser le tourisme pour stimuler leur économie. Grâce à ses nombreux liens entre diverses parties prenantes et activités, ce secteur peut contribuer à la croissance économique, au développement communautaire et à la préservation de l'environnement. Mais la pandémie a fortement perturbé les arrivées de touristes au niveau mondial, et par conséquent affecté les travailleurs locaux qui dépendent des revenus du tourisme.
Comment utiliser la reprise après la COVID‑19 pour mieux développer le tourisme dans les PMA?
Tout d'abord, les secteurs du tourisme doivent être reconstruits dans une optique de durabilité. Le tourisme communautaire et le tourisme fondé sur la nature semblent prometteurs à cet égard, et le gouvernement de la Sierra Leone s'est efforcé de tirer parti des ressources naturelles et culturelles du pays pour attirer les touristes et promouvoir le développement communautaire.
Un projet de développement d'un tourisme durable, lancé en 2020 et coordonné par le CIR avec l'Office national du tourisme de la Sierra Leone et le Ministère du tourisme et des affaires culturelles, s'attaque aux principales contraintes et s'emploie à accroître la présence de la Sierra Leone en tant que destination touristique prisée sur le marché international. Après la pandémie, les PMA souhaitant encourager le tourisme devraient mettre l'accent sur la mobilisation de financements, conseille la note intitulée Soutenir le développement du tourisme durable dans les pays les moins avancés sur fond de reprise après la COVID.
Ce projet du CIR lancé pendant la pandémie s'efforce d'aider le pays à élaborer sa stratégie de mobilisation des investissements des secteurs public et privé dans le tourisme. La visibilité accrue du tourisme pourrait servir de catalyseur pour attirer les financements publics et privés, et les PMA devraient en tenir compte pour favoriser les initiatives communautaires en matière de tourisme durable et respectueux de l'environnement.
Les textiles dans les chaînes de valeur
Le secteur des vêtements est l'une des industries de démarrage habituelles pour les PMA qui visent une industrialisation orientée vers l'exportation. Mais les pays qui ont intégré leurs secteurs des vêtements dans les chaînes de valeur mondiales n'ont souvent pas réussi à créer des conditions suffisamment favorables à leurs populations locales. En outre, la COVID‑19 a conduit à l'une des années les plus difficiles jamais enregistrées pour la mode mondiale et sa chaîne d'approvisionnement, exposant la vulnérabilité des travailleurs et des entreprises de l'habillement dans les PMA.
La note intitulée Mettre en place des chaînes de valeur des vêtements améliorées dans les pays en développement explore la manière dont les PMA peuvent tirer le meilleur parti de leur participation aux chaînes de valeur de l'habillement à mesure que l'industrie mondiale de la mode se redresse et évolue.
Le soutien des gouvernements et un environnement politique propice sont nécessaires, tout comme des cadres d'investissement favorables. Le renforcement des relations entre acheteurs et fournisseurs contribue à la résilience, et passe par une plus grande transparence dans la chaîne d'approvisionnement afin de réduire les déséquilibres de pouvoir. Enfin, les normes industrielles sociales et environnementales doivent être au cœur de la reprise, afin de garantir que les travailleurs des usines de confection gagnent un salaire décent et bénéficient de protections sur le lieu de travail.
Le secteur des vêtements du Bangladesh a connu une forte croissance au cours des quatre dernières décennies, sa part des exportations mondiales de vêtements passant de 2,6% en 2000 à 6,8% en 2019. Ce secteur est le plus important fournisseur d'emplois formels du pays, estimé avant la crise de la COVID‑19 à 4,2 millions, et il fait vivre indirectement pas moins de 25% de la population bangladaise. Mais, en avril 2020, les marques et les détaillants avaient annulé 3,18 milliards de dollars EU de commandes auprès de 1 150 fournisseurs bangladais, ce qui a eu un impact sur les moyens de subsistance d'environ 2,28 millions de travailleurs.
Comment le pays, et d'autres PMA ayant des chaînes de valeur dans le secteur de l'habillement, peuvent‑ils reconstruire, et en mieux?
En diversifiant les produits et les marchés. En investissant à l'étranger. En améliorant l'environnement. Par l'engagement des marques et des détaillants à payer les fournisseurs et à maintenir des lignes de communication ouvertes avec les partenaires de la chaîne d'approvisionnement. En mettant en œuvre des mesures tenant compte de la dimension de genre. Et par d'autres moyens, comme indiqué dans la note.
Avec une variété d'actions à court, moyen et long terme, ainsi qu'une planification et une coordination appropriées, un développement plus durable parallèlement au développement du commerce dans les PMA est possible, indiquent les notes. Les recommandations formulées pour l'intégration du commerce, pour le secteur du tourisme et pour la chaîne de valeur des vêtements ne s'appliqueront pas nécessairement à tous les PMA, qui constituent un groupe très diversifié. Mais si les PMA constituent un groupe, c'est parce qu'ils sont confrontés à des défis similaires.
Ces notes s'inspirent de l'expérience des gouvernements des PMA, du CIR et de ses partenaires en matière de soutien au commerce dans un environnement très vaste. Forts d'exemples et de preuves de ce qui a fonctionné et de ce qui n'a pas fonctionné, ainsi que d'un soutien solide des institutions internationales, les gouvernements des PMA peuvent, espérons‑le, s'approprier la voie à suivre – intégrer un commerce qui soutient le développement, encourager les meilleurs modèles de tourisme et assembler des secteurs des vêtements qui fonctionnent pour les travailleurs – avec plus de résilience.
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