20 mars 2018

Au Vanuatu, les "market mamas" s'occupent des affaires

by Simon Hess Deanna Ramsay / in Récit d'expérience

Les femmes entrepreneurs contribuent à relancer l'économie de la nation insulaire après les ravages du cyclone Pam

International Trade Forum - La nation insulaire du Vanuatu est entourée d'un océan d'un bleu profond; il n'est donc pas surprenant que le tourisme contribue grandement à l'économie du pays. Mais en mars 2015, le cyclone Pam a frappé le pays, avec des effets dévastateurs sur l'île et sur le tourisme et les recettes qui en découlent. Le pays s'est relevé de cette catastrophe naturelle en grande partie grâce aux efforts des femmes dont les moyens de subsistance dépendent des recettes du tourisme.

Rosalie Vatu est ce qu'on appelle une "market mama", qui vend divers objets d'artisanat tels que des t‑shirts, des paniers, des gravures et des robes colorées. Elle commence sa journée à 4 heures du matin pour faire des rouleaux à la crème de noix de coco pour un magasin du quartier. Par ailleurs, elle a fondé Bulvanua Arts and Handicrafts, une coopérative regroupant plus de 30 femmes qui vendent des produits fabriqués au Vanuatu et en font la promotion.

Économie touristique

Au cours de la dernière décennie, le pays est devenu une destination touristique toujours plus prisée, le nombre de visiteurs internationaux étant en hausse de 42% et le secteur du tourisme employant 55% de la population active totale du Vanuatu. Le tourisme représente presque deux tiers du PIB.

Cependant, l'augmentation du tourisme n'a pas eu que des effets positifs pour certains entrepreneurs. Les hôtels appartenant à des étrangers se sont multipliés sur l'île principale, incitant les touristes à y passer la majeure partie de leur temps et à y dépenser leur argent plutôt que de le faire dans les marchés locaux.

Selon Willie Luen, responsable principal du développement du commerce au Ministère du tourisme du Vanuatu, pour être compétitifs, de nombreux commerçants ont commencé à compter sur des importations moins chères, ce qui a provoqué une baisse de la production du Vanuatu.

Les bénéfices quittaient le pays aussi vite qu'ils y arrivaient. La solution pour préserver les retombées du tourisme résidait dans l'approvisionnement en produits locaux à présenter aux touristes, de préférence à l'extérieur de l'enceinte des hôtels, a déclaré Luen.

Pour Vatu et les autres "market mamas", l'occasion de relancer leurs activités commerciales et celles des producteurs d'articles fabriqués sur l'île s'est présentée lors des projets de réaménagement du front de mer du Vanuatu endommagé par la tempête.

Le cyclone Pam avait endommagé ou détruit 90% des bâtiments sur l'île principale du Vanuatu, y compris l'infrastructure commerciale et les ports.

"Nous avons dû temporairement déménager, ce qui a été dur car cela signifiait la fin de notre activité", a expliqué Vatu.

Les projets de reconstruction entrepris par le gouvernement après le passage du cyclone pour relancer l'économie locale et offrir des perspectives d'avenir aux entrepreneurs du Vanuatu ont donc été essentiels.

"Nous étions convaincus que le nouveau front de mer pourrait permettre de mieux présenter les produits locaux aux touristes et d'apporter à l'économie locale un élan dont elle a bien besoin", a dit Luen.

Réaménagement du front de mer

En septembre 2017, avec l'aide du gouvernement de la Nouvelle‑Zélande et en partenariat avec le Cadre intégré renforcé, le Vanuatu a terminé et lancé son nouveau projet d'aménagement du front de mer, qui est maintenant un endroit attrayant et agréable pour les habitants et les visiteurs.

Le marché artisanal des "market mamas" a été reconstruit et raccordé à l'électricité et à Internet et les femmes font leur retour au centre-ville et vendent des œuvres artisanales créatives, des robes aux couleurs vives ainsi que des paniers et des corbeilles tressés provenant des îles extérieures.

Ce faisant, elles consolident les liens entre les touristes et les produits et les services du Vanuatu.

Compte tenu de l'accroissement prévu de l'arrivée des touristes de 36% et du fait que les "market mamas" se tournent vers les producteurs locaux, une chaîne d'approvisionnement est en train de se créer, établissant un lien entre les nombreux artisans du pays et les acheteurs intéressés sur le nouveau front de mer, ce qui promet d'améliorer les conditions de vie des gens bien au‑delà des kiosques du bord de mer.

L'impact sur les gens a été notable, a déclaré Luen. Il évoque une évolution très visible due au moins en partie à l'augmentation des revenus tirés du tourisme: des maisons neuves et de meilleure qualité, des écoles remplies d'enfants, et des marchés, en particulier le front de mer prospère de Port-Vila.

"L'un des graveurs m'a dit récemment que les gens voyaient ses œuvres sur le bord de mer et prenaient contact avec lui pour passer commande, et qu'il avait maintenant suffisamment de revenus pour envoyer sa fille a l'école", a dit Luen.

Dans le cadre des efforts qu'elle déploie pour développer le lien entre producteurs et commerçants, Vatu, qui a commencé à vendre des produits aux visiteurs en 2003, perçoit déjà un changement.

"[Les touristes] ne fréquentent plus les magasins qui vendent des produits importés", dit‑elle. "Je vois les opportunités qui s'offrent aux hommes et aux femmes du Vanuatu à partir des ressources locales qui les entourent. En mettant la main à la pâte, ils peuvent contribuer à relancer l'économie du Vanuatu".

Les perspectives sont bien meilleures pour Rosalie, avec son sens aigu des affaires, comme pour les autres qui jouent un rôle dans le renforcement des moyens de subsistance locaux et, ainsi, contribuent à la reprise économique du Vanuatu.

"Avec l'avancement des travaux d'embellissement, j'aime m'asseoir ici et contempler l'horizon" dit Rosalie. "Cela compte beaucoup pour nous. C'est un endroit magnifique."

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