3 septembre 2019

Comment les pays en développement peuvent ils tirer parti de la quatrième révolution industrielle?

by Cécile de Gardelle Deanna Ramsay / in Nouvelles

Si l'on n'agit pas, une personne sur quatre dans les PMA sera non connecté faute de compétences numériques suffisantes

Le paysage du commerce numérique évolue plus rapidement que jamais. Et ce, malgré l'annonce d'un ralentissement de la croissance du commerce en 2019, les économistes de l'Organisation mondiale du commerce prévoyant un repli de 3% en 2018 à 2,6%.

Le commerce numérique, quant à lui, a augmenté de 13% par an, atteignant la barre des 29 000 milliards de dollars EU en 2017, selon la CNUCED.

Au cours des 20 dernières années, le commerce international a été transformé par les technologies de l'information et les technologies numériques d'une manière inconcevable auparavant. Cette transformation a trois volets: le commerce basé sur le numérique comme le commerce électronique, les flux de données et les technologies numériques comme l'intelligence artificielle (IA), la chaîne de blocs et l'impression 3D.

Dans le prolongement des discussions qui ont eu lieu lors de la Semaine du commerce électronique de la CNUCED à Genève en avril et avant le lancement du Digital Economy Report 2019 (Rapport sur l'économie numérique 2019), examinons de plus près ce que l'industrie 4.0 peut faire pour les pays les moins avancés (PMA) et ce que les gens pensent de la question.

Quels sont les défis à relever par les PMA?

Les PMA n'ont pas encore réalisé tout le potentiel du commerce numérique. Cela ne fait aucun doute. Les défis auxquels ils sont confrontés comprennent l'accès aux nouvelles technologies et les coûts associés à cet accès, ainsi que l'acquisition des compétences nécessaires pour exploiter et gérer de nouvelles plates formes et de nouveaux outils.

Ratnakar Adhikari, Directeur exécutif du Cadre intégré renforcé (CIR), a déclaré: "Sur près d'un milliard de personnes vivant dans les PMA, 800 millions restent non connectées. Alors qu'au Bhoutan, au Cambodge et au Myanmar, le coût de 1 Go de données est inférieur à 2% du revenu mensuel moyen, les personnes vivant dans un certain nombre de PMA africains, dont la République centrafricaine et la République démocratique du Congo, ainsi qu'en Haïti, doivent payer presque la moitié de leur revenu mensuel moyen pour la même quantité de données."

Développement numérique

Lors d'une réunion d'experts tenue à l'occasion de la Semaine du commerce électronique, Andry Lantosao Rakotomalala, Ministre de l'industrie et du commerce de Madagascar a déclaré: "Les quelques statistiques disponibles parlent d'elles mêmes quant au travail à accomplir. En 2017, seuls 6% des ménages malgaches possédaient un ordinateur et, en 2016, la contribution du secteur des TIC au PIB n'était que de 1,6%."

Il a ajouté: "Nous devrions donc promouvoir un débat public ouvert et éclairé et des échanges entre pairs régionaux et internationaux pour améliorer les stratégies et synchroniser l'aide internationale visant à aider à atteindre les objectifs nationaux de développement. Nous devrions également adopter et mettre en œuvre des stratégies nationales pour le développement numérique, en nous appuyant sur les résultats d'études factuelles telles que les évaluations de la préparation au commerce électronique."

Des évaluations de l'état de préparation au commerce électronique pour des PMA allant du Népal à la Zambie et aux Îles Salomon ont déjà été réalisées, et les résultats sont utilisés pour étayer les stratégies commerciales, de sorte que les pays sachent sur quelles activités ils doivent se concentrer et soient conscients des obstacles qu'ils vont rencontrer.

Regrouper les données

Le fait de disposer des données issues de recherches telles que les évaluations de l'état de préparation au commerce électronique signifie que l'aide internationale peut se concentrer là où il faut.

François Xavier Ngarambé, Ambassadeur du Rwanda auprès de l'OMC, a déclaré: "Les données doivent être au cœur de cette transformation, tant au niveau national qu'international. En effet, il est crucial que les flux et la localisation des données soient réglementés de manière à partager les avantages économiques tout en préservant la sécurité et la vie privée chaque fois que nécessaire."

En 2017, seuls 6% des ménages malgaches possédaient un ordinateur et, en 2016, la contribution du secteur des TIC au PIB n'était que de 1,6%.

Andry Lantosao Rakotomalala, Ministre de l'industrie et du commerce de Madagascar

Les technologies numériques se sont rapidement développées au cours des cinq dernières années au Rwanda, avec une couverture 4G atteignant 95% de la population, et un taux de pénétration de 76% pour la téléphonie mobile. À la fin de 2018, le Rwanda est devenu la première plaque tournante africaine d'une plate forme commerciale mondiale dirigée par Alibaba, et d'autres efforts sont faits pour promouvoir les systèmes de livraison et surmonter les autres obstacles qui entravent le commerce en ligne.

"Compte tenu de la complexité et de la nature transversale du processus, l'élaboration de politiques, de normes, de lois et de règles appropriées exigera une approche multisectorielle avec une coordination efficace entre les différents ministères au niveau national et entre les États et les organismes intergouvernementaux au niveau international", a déclaré M. Ngarambé.

"Le commerce électronique étant une composante de l'économie numérique, des règles internationales régissant les données sous tous leurs aspects sont une condition préalable à l'élaboration de règles régissant le commerce électronique, et plus spécifiquement les achats en ligne. Cette deuxième initiative relève évidemment de la compétence des négociateurs commerciaux de l'OMC, mais elle ne pourra avoir lieu qu'une fois la première initiative menée à bien sous la direction d'experts en transformation numérique."

Faire les bons investissements

Nous connaissons les besoins spécifiques des PMA, tels que l'infrastructure, les compétences, des politiques appropriées et la formation, mais actuellement, 2% seulement de l'aide aux flux commerciaux sont destinés à renforcer le secteur numérique dans les PMA.

Annette Ssemuwemba, Directrice exécutive adjointe du CIR, a déclaré: "Les donateurs doivent faire partie de l'équation et formuler des recommandations sur la manière de mieux intégrer les recommandations des évaluations de la préparation au commerce électronique dans les programmes d'assistance technique pour optimiser les ressources et maximiser l'impact des initiatives en matière de commerce électronique."

Elle a ajouté: "Il est essentiel d'investir dans l'analyse des lacunes juridiques et réglementaires propres à chaque pays pour le développement du commerce électronique. Sensibiliser les diverses parties prenantes au commerce électronique et aux moyens de le mettre au service du développement devrait être une priorité pour les PMA. Démontrons les avantages du commerce électronique, créons une perception positive et multiplions les opportunités."

 

 

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