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Lorsque les négociations sur l'Accord sur la facilitation des échanges (AFE) de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) se sont achevées, les Membres de l'OMC et de nombreuses entreprises ont reconnu que l'AFE ne pouvait être pleinement mis en œuvre que si les secteurs public et privé collaboraient. Dans le même temps, dans le contexte plus général du développement, il est largement admis que la réalisation des Objectifs de développement durable des Nations Unies dépend de l'exploitation non seulement des ressources financières, mais aussi des ressources humaines, des idées et des technologies des entreprises.
La nécessité que les entreprises jouent un rôle concret dans la lutte contre les problèmes mondiaux semble plus importante que jamais aujourd'hui alors que le monde fait face à la pandémie de COVID‑19. Nous pensons probablement en premier lieu aux fabricants de fournitures médicales qui font don de produits ou aux sociétés de soins de santé privées qui offrent des ressources aux services de santé publics.
Il y a cependant d'autres exemples de la façon dont les entreprises de tous types peuvent apporter une contribution. Par exemple, IPSOS, société de premier plan spécialisée dans la collecte et le traitement de données, collabore avec le Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies et l'ONG "Resolve to Save Lives" afin de recueillir des enseignements et d'élaborer des lignes directrices sur les mesures de prévention contre la COVID-19 pour les pays de l'Union africaine. Par ailleurs, trois entreprises technologiques des États‑Unis travaillent en coopération avec le Service de santé national (NHS) du Royaume‑Uni pour trouver comment utiliser les données afin de prédire où les ventilateurs, les lits d'hôpital et le personnel médical seront les plus nécessaires.
Comment pouvons‑nous inciter les entreprises à continuer de s'impliquer dans le développement international?
L'Alliance mondiale pour la facilitation des échanges, une initiative opérant dans le domaine de l'aide pour le commerce, a récemment fait le point sur la façon dont elle collabore avec le secteur privé dans le but d'améliorer la facilité de faire du commerce dans les pays en développement et les pays les moins avancés. L'Alliance a identifié quatre enseignements essentiels sur ce qui incite les entreprises à s'impliquer et, partant, sur la position qu'elle doit adopter pour mobiliser ces ressources ‑ estimées à plus de 5 millions de dollars EU à ce jour.
Participation éclairée
Comme dans toute campagne de sensibilisation visant à faire participer les parties prenantes, comprendre son public et ses motivations est la clé de la réussite.
1) Trouver les points de convergence entre les objectifs commerciaux et de développement. L'Alliance a constaté que les entreprises ont moins de ressources à allouer aux domaines qui ne sont pas considérés comme des activités essentielles, de sorte qu'en sollicitant les contributions des entreprises à un niveau opérationnel plutôt que seulement pour ce qui touche aux objectifs politiques de haut niveau, elle pourrait plus facilement obtenir leur participation. De cette façon, de nombreuses entreprises voient leur rôle comme une activité essentielle qui fait progresser la réalisation de leurs propres objectifs.
Par exemple, le groupe Roanoke Insurance utilise ses compétences très spécialisées dans les cautionnements en douane pour soutenir un projet au Viet Nam visant à mettre en place un système moderne de cautionnement douanier qui permet d'accélérer le dédouanement des marchandises à la frontière. Autre exemple, l'Association nationale des entrepreneurs de Colombie a réuni des experts provenant de ses entreprises membres qui font commerce d'appareils médicaux afin de conseiller les inspecteurs techniques opérant à la frontière sur les différents produits et les innovations les plus récentes, pour aider au final les inspecteurs à comprendre pleinement les besoins en matière de conformité.
2) Communiquer un objectif qui correspond aux valeurs de l'entreprise. Les entreprises cherchent à participer à des initiatives qui mettent en avant leurs valeurs et renforcent leur réputation et leur marque auprès des parties prenantes internes et externes. Les entreprises cherchent à participer à des initiatives qui mettent en avant leurs valeurs et renforcent leur réputation et leur marque auprès des parties prenantes internes et externes. Il importe dès lors d'inciter les entreprises à s'associer aux efforts en communiquant efficacement un objectif central, par exemple la promotion de la croissance économique et la lutte contre la pauvreté, qui sont des objectifs auxquels les entreprises veulent être associées et offrir leur appui.
3) S'unir pour être plus forts et plus crédibles. Les entreprises sont plus susceptibles de prendre part à des initiatives dans lesquelles un certain nombre d'entreprises de solide réputation sont déjà actives. Bon nombre des plus récents partenaires commerciaux mondiaux de l'Alliance ont été amenés par leurs homologues dans les entreprises à l'origine de l'initiative, et avoir une structure constituée de partenaires officiels permet de rendre visible leur participation. De la même manière, faire participer une association locale et de confiance du secteur privé déjà active dans des projets sur le terrain permet souvent d'attirer d'autres entreprises et PME locales.
4) Un facilitateur neutre peut dégager un pouvoir de mobilisation sans précédent. C'est surtout dans les pays où la relation entre le secteur public et le secteur privé est faible qu'un facilitateur neutre peut véritablement être un catalyseur de nouveaux partenariats public privé. Nombre d'entreprises participant aux projets de l'Alliance ont estimé qu'il est plus facile de travailler avec les gouvernements du fait du rôle de médiateur joué par l'Alliance, qui n'appartient à aucune des parties, mais a une légitimité auprès des deux.
Des mesures plus pertinentes pourraient elles dynamiser la participation des entreprises?
Il est évidemment facile de mesurer les investissements financiers, mais qu'en est‑il de la valeur du temps et du savoir‑faire d'une entreprise?
Attribuer une valeur monétaire théorique aux contributions en nature des entreprises pourrait changer la donne en termes de réussite des partenariats public‑privé. Premièrement, cela pourrait aider les gouvernements à appréhender la valeur réelle de la collaboration avec le secteur privé même dans les cas où il n'y a pas de contribution financière. Et deuxièmement, si nous parvenons aussi à mesurer les éventuels avantages financiers des efforts de développement pour le secteur privé, nous pouvons apporter la preuve d'un retour sur investissement pour les entreprises, ce qui les inciterait encore davantage à participer à ces efforts.
Un projet de l'Alliance en Colombie a par exemple révélé une économie, pour les entreprises, de 29 dollars EU pour chaque dollar investi. Dans cet exemple, il y a un lien manifeste entre la facilitation des échanges et l'amélioration de la facilité de faire des affaires: réduire les retards à la frontière permet d'économiser de l'argent. Mais même dans des domaines plus complexes tel que l'atténuation du changement climatique, il devrait être possible de plaider en ce sens auprès des entreprises.
La crise actuelle a peut‑être incité davantage d'entreprises à s'impliquer dans l'action sociale, et si tel est le cas, maintenir cet engagement quand la crise sera passée est une vraie chance pour la communauté du développement. Les enseignements de l'Alliance pourraient justement nous aider.
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Pour en savoir plus sur le travail de l'Alliance mondiale pour la facilitation des échanges, consultez son rapport annuel 2019.
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